Tambacounda - Le gouverneur de la région de Tambacounda a plaidé jeudi pour une discrimination des crédits alloués à l’éducation en fonction des réalités des régions et des distances à parcourir, et à refuser l’uniformisation qui est source de frustration.
‘’Il faut discriminer les crédits en fonction des distances, des réalités’’, a plaidé Gabriel Ndiaye qui recevait une délégation du Comité national de pilotage des assises de l’éducation.
‘’Refusons l’uniformisation, la schématisation, ça ne prospère pas et ça crée des frustrations’’, a-t-il poursuivi, relevant que ‘’chaque région a sa particularité’’.
Pour lui, allouer à des régions comme Tambacounda où ‘’les distances se comptent en unités de 100 kilomètres’’, les mêmes crédits que d’autres comme Thiès, pour ensuite ‘’leur demander de se débrouiller’’, pose un problème de ‘’justice’’.
‘’J’ai l’impression qu’il y a des gens qui ne veulent pas que ça change’’, a-t-il toutefois déploré, faisant constater une ‘’disparité flagrante’’ dans la configuration actuelle où ‘’tout est concentré dans l’ouest du pays (et) les régions périphériques sont laissées en rade’’.
‘’Le sujet pour lequel vous êtes là aujourd’hui est d’une importance vitale’’, a-t-il dit aux membres de la délégation dirigée par Eugénie Rokhaya Aw, présidente de la Cellule de communication du Comité national de pilotage des assises de l’éducation.
Pour M. Ndiaye, l’école sénégalaise est ''dans le creux de la vague, et au lieu de se voiler la face, il appartient à toute la société de diagnostiquer le système pour lui trouver un remède''. D’où a-t-il dit, ‘’l’école méritait des assises en profondeur’’.
Il a estimé que l’éducation, tout comme la Casamance, entre autres questions ‘’sensibles’’, devrait être un sujet fédérateur de toute la classe politique, et dont aucun homme ‘’politique ne devrait faire un fonds de commerce’’. ‘’Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas’’, a-t-il regretté.
Approuvant la démarche des assises consistant à impliquer les régions, il a soutenu qu’ ‘’il y a des réformes pour lesquelles, on doit faire descendre la réflexion à la base’’. Ce qui rompt avec la démarche consistant à ‘’parachuter’’ les modèles à partir de Dakar.
A ce propos, l’inspecteur d’académie de Tambacounda, Alioune Ndiaye, qui accompagnait la délégation, a relevé que les constructions d’établissements étaient pilotées à partir du niveau central et, c’est en cas de problème seulement, qu’on demandait à l’autorité sur place d’intervenir.
''Cette approche du top-down commence à changer avec le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (PAQUET) qui responsabilise les inspections d’académie concernant les constructions'', s’est-il réjoui.
Pour illustrer la situation de la région de Tambacounda en matière d’éducation, le gouverneur a évoqué, entre autres, les cas des départements de Goudiry et Bakel où les enseignants, après deux ans de service, cherchent à partir. ‘’Il y a des zones qui ne sont pas couvertes par l’éducation’’, a-t-il ajouté.
‘’Qui va rester à Tambacounda, si tout le monde cherche à partir à Dakar, Thiès Kaolack, Fatick ?’’, s’est-t-il demandé à ce propos, invitant à revoir la notion de ‘’miroir’’, pour éviter ''qu’au nom d’une gestion démocratique de l’éducation des enfants ne soient sacrifiés''.