La romancière sénégalaise Aminata Sow Fall a reconnu, jeudi, que présider l’Association des écrivains du Sénégal (AES) ‘’n’est pas une simple promenade’’, avouant que pour ce qui la concerne, cela a plutôt été ‘’un chemin de croix’’.
‘’Cela a été un chemin de croix. […]. Il a fallu travailler dès fois dans la solitude, parce que les artistes ne comprennent pas la discipline, ça tire dans tous les sens et moi aussi je résiste, car je fais partie d’eux’’, a-t-elle expliqué dans un humour décontracté.
L’écrivaine s’exprimait lors de la cérémonie de présentation de son dernier roman ‘’L’empire du mensonge’’ à la Maison des écrivains ‘’Keur Birago’’, au quartier Point E, à Dakar.
L’auteure de ‘’Festins de la détresse’’, un roman publié en 2005, avoue qu’il n’est pas facile d’être toujours en harmonie avec des hommes de culture et des artistes de manière générale.
‘’C’est parfois difficile de montrer un chemin-je n’ai jamais eu l’ambition de montrer un chemin, mais de me faire comprendre- difficile d’être en harmonie avec des hommes de culture, des artistes’’, a admis celle qui a présidé il y a quelques années l’AES.
Aminata Sow Fall rappelle que son aîné l’écrivain sénégalais feu Birago Diop, qui l’a précédée à la présidence de l’AES, l’avait pourtant avertie.
‘’Quand il [Birago Diop] a voulu me confier l’AES, il m’a dit pendant trois ans (…) : diriger des écrivains pour qui la liberté est leur manière d’être, c’est difficile, il faut traverser des luttes’’, a reconnu la lauréate 2015 du Grand Prix de la Francophonie pour l’Académie française. ‘’Birago Diop disait : +Il y a des fous furieux et des fous taciturnes+’’, a-t-elle rappelé.
L’auteure de ‘’La grève des Battu’’ (NEA-1979) n’en concède pas néanmoins que ‘’cela a été [plutôt] passionnant’’ pour elle. ‘’Et, je pense que j’ai beaucoup appris, car j’ai fini par installer une certaine confiance à l’AES’’, a-t-elle affirmé.
Aminata Sow Fall invite à ‘’se battre pour donner au livre toute sa dignité’’, conseillant de s’engager dans cette voie, en faisant ‘’des ouvrages alignés sur les standards internationaux’’.
‘’Ce n’est pas parce qu’on est en Afrique, que l’on va faire des livres n’importe comment, nous allons nous aligner sur les standards internationaux ‘’, a défendu la romancière, estimant que tout cela rejoint ‘’la croyance’’.
‘’Je ne crois pas qu’on soit sous-développé à quoi que ce soit, parce que je crois que l’être humain avance, on a tous les moyens physiques et intellectuels’’, a-t-elle dit.
Née à Saint-Louis (Nord du Sénégal) en avril 1941, Aminata Sow Fall est la fondatrice du Centre africain d’animation et d’échanges culturels (CAEC) sis à Dakar.
Elle est Docteur Honoris causas de plusieurs universités américaines et Grand Prix littéraire d’Afrique Noire, en 1980.
FKS/ASG