Des membres de l’Union des écrivains d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine (AAAWU) disent avoir conscience du rôle "d’éveil et d’information" que peut jouer la littérature dans un monde en proie à des turbulences.
"La littérature peut jouer un très grand rôle non seulement de décryptage, mais aussi d’information", a ainsi déclaré Lamine Kamara, président de l’Association des écrivains de Guinée, à l’ouverture ce lundi, à Dakar, de la rencontre internationale de l’AAAWU.
Ancien ministre guinéen des Affaires étrangères, M. Kamara a souligné la nécessité "d’ouvrir un espace de débats à travers l’écriture, pour que les différents points de vues puissent s’affronter".
Selon lui, il faut "inviter le lecteur et surtout le grand public à plus de tolérance et d’intercompréhension, ce qui évite à nos populations l’esprit de violence, de haine et d’intolérance".
"Face à ce monde de turbulences et particulièrement en Afrique, les écrivains ont beaucoup à dire", renchérit le poète tchadien Samafou Diguilou, président de l’Association des amis de la littérature au Tchad.
"Je viens du Tchad (….), nous vivons une situation très dramatique avec le Boko Haram, un groupe de terroristes qui sévit au Tchad et dans les pays limitrophes tels que le Cameroun, le Mali…. Et l’écrivain tchadien ou africain doit prendre sa plume pour dénoncer cette injustice", a poursuivi M. Diguilou.
L’écrivain tchadien dit éprouver encore du mal à comprendre la rationalité des membre de ce groupe. "On ne comprend pas pour quelqu’un qui ne vous a rien fait, vous venez, vous le tuer, vous faites exploser des bombes, vous supprimer des vies à des innocentes personnes ", a-t-il fustigé.
Selon lui, à cause de tels gestes, "l’écrivain, qu’il soit Tchadien, Sénégalais, voire Africain est appelé à intervenir".
"Nous n’avons pas des armes ou des engins explosifs comme eux, mais nous n’avons que notre plume, et partant de cela, nous pensons que nous pourrions interpeller les grandes organisations internationales comme l’ONU, l’Union africaine pour qu’elles puissent soutenir des actions pareilles des pays concernés", explique le poète tchadien.
Prenant l’exemple du rôle joué par les premiers poètes africains dans la lutte contre l’esclavage et la colonisation ou la marche vers l’indépendance, le Tchadien Samafou Diguilou estime que l’auteur peut se servir de tous les genres littéraires pour se faire entendre.
Conscient du fait que l’alphabétisme constitue un obstacle à l’accès aux livres dans les pays africains, il propose de privilégier les ouvrages traduits dans les langues locales ou les œuvres interprétées par les artistes.
L’écrivaine sénégalaise Aïssatou Cissé prône, quant à elle, des "lectures de la paix dans ce contexte de turbulences avec des violences verbales et physiques".
"Chaque matin, quand on se lève, on lit sur internet, ou à travers un journal ou un livre et ce que nous lisons, si ce n’est pas une lecture qui prône la culture de la paix, cela risque de perturber encore plus et de créer la zizanie", estime-t-elle .
"Les enfants, les adolescents et les adultes qui nous lisent ont besoin de lire des choses positives qui peuvent booster leur créativité. C’est dans la paix que l’on peut créer", rappelle la conseillère spéciale du Président de la République, Macky Sall.
Le président du club "Poétistes, essayistes et nouvellistes" (PEN), le colonel Moumar Guèye invite "écrivains et journalistes à avoir une plume responsable, à veiller à sauvegarder la cohésion nationale et la paix sociale".