De plus en plus, les sportifs sénégalais s’adonnent à des œuvres caritatives. En plus de leurs performances purement sportives, ces mécènes font profiter aux populations des retombées de leurs succès.
Les valeurs véhiculées par le sport sont bien connues. Il s’agit du dépassement, du respect de soi, de l'adversaire, des règles du jeu, de l’esprit d'équipe, du goût de l'effort. Mais le sport, c’est également les relations humaines, la solidarité, au-delà des performances sur le terrain. Ils sont de plus en plus nombreux les sportifs qui se consacrent à des œuvres humanitaires au profit des populations sénégalaises.
Gorgui Sy Dieng, le bon samaritain
Il est certainement le plus connu des bienfaiteurs parmi les sportifs sénégalais. Pour lui, ‘’l’argent n’a pas d’importance. Il faut juste aider’’. ‘’Charité bien ordonnée commençant par soi même’’, le joueur de Minnesota Timberwolves a bien voulu démarrer ses bonnes actions par sa ville natale, Kébémer (dans la région de Louga), en 2015. Il avait alors, avec sa fondation qui porte son nom, doté l’hôpital de cette localité d’un matériel médical estimé à 500 000 dollars US (250 millions F Cfa). Il avait même à l’époque promis de financer la construction du bloc opératoire dudit hôpital. Mais le pivot des Lions ne comptait pas s’en tenir qu’à sa contrée. Son objectif étant de faire le tour du Sénégal, disait-il.
Comme promis, la Fondation Gorgui Dieng a ciblé cette année la capitale sénégalaise. Le 9 mai passé, l’international sénégalais de basket-ball a fait un don de 7 machines d'hémodialyse de dernière génération à l’hôpital Principal de Dakar. Ce geste est hautement magnifié par les malades atteints d'insuffisance rénale. "Nous sommes 19 500 malades rénaux au Sénégal et il n'y a que 500 qui sont en hémodialyse. Dans cet hôpital, nous sommes 21 personnes hospitalisées. Il n'y a plus de places, tout est plein’’, avait indiqué le professeur Hamidou Diallo (président de l'Association des insuffisants rénaux) à l’occasion de la remise du matériel. Selon lui, ‘’grâce à Gorgui Sy Dieng, l'hôpital peut donc prendre 140 personnes’’.
A travers sa fondation, Gorgui Sy Dieng a également réfectionné l'unité néonatale pour les bébés prématurés de l’hôpital Principal, tout en le dotant d'un matériel de réanimation. La banlieue dakaroise a été prise en compte puisque l’hôpital de Yeumbeul a été fourni en nourriture pour enfants.
Alassane Ndour, un réconfort pour nécessiteux
Ancien international sénégalais, Alassane Ndour a marqué l’histoire du football sénégalais pour avoir fait partie de la ‘’Génération 2002’’ (finaliste de la Can et quart de finaliste du Mondial 2002). Son nom est surtout lié ces dernières années à la distribution gratuite de ‘’ndogu’’ (rupture du jeûne) dans les rues de la capitale. Après avoir raccroché ses crampons, l’ancien joueur de Saint-Etienne s’est consacré à des œuvres caritatives. C’est ainsi qu’avec la collaboration de l’artiste-musicien Moustapha Dieng, Alassane a mis en place l’association ‘’Marmite du cœur’’. Cette dernière est inspirée du modèle ‘’Les Restos du cœur’’ créé par l’humoriste et comédien français, Michel Colucci dit ‘’Coluche’’, en 1985. L’idée, selon lui, est de ‘’venir en aide et de soutenir les personnes démunies’’. Avec la caravane ‘’Ndogu pour tous’’, ils ont sillonné des quartiers ciblés de Dakar avec comme objectif la distribution de 1 500 repas (ndogu) tous les deux jours, soit 22 500 repas durant tout le mois de ramadan, lors de la première édition en 2010. Au fil des années, cette initiative a reçu le soutien massif de nombreux sportifs, notamment ceux de la lutte.
En plus de la distribution de vivres, Alassane Ndour s’intéresse également aux enfants de la rue. A travers le projet ‘’Un enfant, un métier’’, l’ancien milieu de terrain de West Bromwich Albion (Angleterre) a prévu d’aider les nombreux gamins laissés à eux-mêmes, exposés à toutes sortes de risques, à trouver leurs voies par la création d’un centre de formation pour les jeunes talibés et les enfants de la rue, sous forme de ‘’Daara’’ moderne.
Papiss Demba Cissé : ‘’jouer, gagner, construire’’
En dépit de ses nombreuses aventures à travers les stades européens où il a fait vibrer les férus de football grâce à ses buts fabuleux, Papiss Demba Cissé n’a pas oublié ses origines. L’ancien buteur de Newcastle avait offert en 2013 une ambulance et des médicaments aux populations de Sédhiou. En tant qu’ancien chauffeur ambulancier, l’ancien buteur des Lions connaît bien les conditions difficiles dans cette contrée. ‘’Je sais ce qui se passe là-bas en matière de santé. Je sais combien c’est dur’’, avait-il déclaré. L’auteur du slogan ‘’jouer, gagner, construire’’ est allé plus loin en réfectionnant la grande mosquée de sa ville.
El Kabir Pène : ‘’nourrir la flamme de l’espoir’’
Après avoir fait la fierté de son pays dont il a défendu les couleurs sur les parquets continentaux et du monde, El Kabir Pène s’est investi sur le terrain humanitaire. Avec ses amis de l’Union Rennes Basket (URB), il a créé l’association Ya Thi’Breizh (signifiant Yaakaar, espoir en wolof ; Thiès, sa région d’origine ; et Bretagne, sa région d’adoption). Cette initiative intervient en matière de santé, éducation, environnement, etc. Chaque année, l’association tient un camp de basket à Thiès pendant lequel elle procède également à une distribution de matériels collectés en France auprès de ses différents partenaires. Ainsi, lors de la 3e édition en 2016, deux conteneurs ont été acheminés à Dakar. Le premier contenant du matériel sanitaire d’une valeur de 180 millions de F Cfa, et composé de 58 lits médicalisés, plus de 14 déambulateurs pour équiper les hôpitaux de Thiès, Kolda et une partie qui ira à Gandiole. Un second conteneur de matériel scolaires d’une valeur de 80 millions de F Cfa pour 12 000 élèves de 29 établissements dans les régions de Dakar, Thiès et Fatick. Dans les années à venir, l’ancien international de basket compte implanter une école d’excellence au Sénégal.
D’autres sportifs se sont également illustrés sur le terrain de l’action social. C’est le cas de la judokate Hortense Diédhiou qui a remis un important lot de vêtements et de vivres à l’orphelinat d’Oussouye, en 2014. Il en est de même de Bineta Diédhiou. Lors du lancement, en 2016, de l’association qui porte son nom, la championne de taekwondo a offert à l’école élémentaire du Camp Abdou Diassé un lot de matériel composé d’une imprimante professionnelle d’une capacité de 6 000 copies, une carte d’encre supplémentaire et 25 rames de papiers.
Le spécialiste du 400 m haies, Kassé Hann, a lancé en 2014 le ‘’Family Day’’. Un projet à travers lequel il fait la promotion du concept sport-études. L’objectif est de récompenser les meilleurs élèves des établissements scolaires de Rufisque. Ainsi, les meilleurs élèves des classes de CM2, 3e et Terminale ont été primés.
LOUIS GEORGES DIATTA