L’Affaire de la Caisse d’avance, qui vaut à Khalifa Sall un embastillement, est très controversée. Pour le camp Macky, il est coupable. Pour l’opposition et une certaine opinion publique, il est victime d’une traque politique. Des Elus africains et d’ailleurs même s’y mêlent et l’affaire s’internationalise. Pourtant, Khalifa Sall ne fut pas grand-chose. Mais il devient populaire et bénéficie de soutiens moraux, politiques et même religieux. Il ne fallait point en arriver là pour deux raisons. Primo Khalifa Sall s’est donné à Dakar le faciès d’un bâtisseur avec une transformation de la physionomie de la Capitale, réalisée avec des responsables politiques de tendance différente. L’embellissent de Dakar et les actes sociaux ont amplement fortifié sa personnalité politique. Secundo, le Sénégal est un pays où le démon devient vite un archange s’il subit une flétrissure considérée comme une injustice. Khalifa n’est attaqué que par des Mackysards pour d’évidentes raisons politiques et ce sont ces gens qui ont eux-mêmes érigé cette affaire de droit commun au rang de traques politiques.
Des actes qui donnent raison à Cissé Lô et Mbaye Ndiaye
Les personnalités du Pouvoir et Macky Sall lui-même ont fermement refusé la dimension politique de l’Affaire Khalifa Sall. Malheureusement les déclarations marginales de Cissé Lô, Vice-président de l’Assemblée nationale, et du Ministre d’Etat Mbaye Ndiaye, membres fondateurs de l’APR, ont font tomber les masques. Personne autant que ces deux personnalités ne connait mieux Macky Sall. Leurs sorties sont graves et gravées dans la mémoire collective. Elles devraient amener le Président Macky Sall à faire pression au nom de ce que la Constitution lui permet pour que la Justice et l’Administration pénitentiaire soient moins emportées comme il en est ainsi. L’une est devenue immodérée, donnant le sentiment légitime d’une manipulation, et l’autre se montre peu soucieuse du droit du prévenu, avec des mesures indubitablement instruites de l’autre côté. Macky a des moyens de détruire un adversaire politique, ont dit, en substance, Cissé Lô et Mbaye Ndiaye. Et cette traque contre Khalifa Sall, suite à sa mésentente avec Ousmane Tanor Dieng qui a intégré le Macky et à son refus systématique de se muer en Mackysard, donne bien raison au député et au Ministre d’Etat. Et Khalifa n’est pas seulement écroué, mais soumis à une condition carcérale excessive.
La raison du durcissement contre Khalifa
Le Maire de Dakar a boudé toute visite à cause des ordres instruits à l’Administration carcérale de la MAC de Rebeuss de corser ses conditions de séjour carcéral. Le nombre de visiteurs est fortement diminué et les formalités de rencontre avec ceux qui lui rendent visite sont stratégiquement endurcies. D’abord, certaines personnalités politiques, avant même cette restriction, ont vu l’Administration de Rebeuss leur refuser toute visite à Khalifa Sall. Naturellement, cette nouvelle situation que vit Khalifa Sall n’est que la poursuite d’un processus en cours. De la prison, le Secrétaire général national à la Vie politique du Parti Socialiste continue ses activités politiques sans même aucune mobilité. Il instruit sur le fonctionnement de la Mairie de Dakar. Il pose des actes avec l’opposition jusqu’à la mise sur pied de la liste commune de l’opposition. Il devient ainsi aussi nuisible pour le pouvoir en liberté qu’en prison. En réplique intelligente, l’Etat-APR, disposant du monopole de la violente légitime, réagit administrativement pour sévir politiquement. C’est à ce titre qu’une restriction de ses nombres de visiteurs et un durcissement de ses conditions de rencontre avec ceux-là sont opérés. Aujourd’hui, Khalifa Sall reçoit ses visiteurs comme tous les détenus de Rebeuss. Il ne bénéficie point des privilèges dont jouissait Karim Wade qui recevait ses visiteurs dans une pièce commode. Cette restriction l’empêcherait, à deux moins des Législatives, de continuer à « faire de la politique ».
Une alerte bien politique de Khalifa
Tous les prisonniers, sauf parti-pris, vivent dans des conditions restrictives qui ne favorisent pas le respect de leur dignité. Mais Maire de la Capitale encore en exercice, un minimum devrait lui être accordé, ne serait-ce que pour piloter de loin l’activité municipale et la poursuite des travaux, non pas pour lui-même, mais pour les citoyens de Dakar. Seulement, l’homme politique en combat a pris le dessus sur l’Elu local. Ceux qui lui rendent visite posent un acte de solidarité et même de foi. « J’étais (…) prisonnier et vous êtes venus me voir », dit l’Evangile selon Mathieu (Mt 25, 35-36). Ceux qui rendent visite à Khalifa Sall ne font que compatir à sa peine. Ainsi, en décidant de ne plus recevoir de visites en raison des conditions drastiques, sévères et extrêmes de rencontre carcérale, Khalifa Sall lance une alerte politique. Et même la presse internationale en parle, ce qui ne rend pas service à Macky.
Le Piroguier