(Koki, envoyé spécial) - Située dans le département de Louga, la commune de Koki abrite la plus grande école coranique du Sénégal. Il s'agit de l'"Institut islamique Cheikh Ahmadou Sakhir Lô pour la mémorisation du Saint Coran et des sciences de la Charia". Créé en 1939, cet établissement qui doit son nom à son fondateur a vu défiler de nombreux talibés devenus aujourd'hui des personnalités publiques respectées.
Le daara de Koki compte en ce moment 3940 pensionnaires en provenance des quatre coins du pays et de l'étranger (voir photos). Malgré ses 78 ans, sa réputation n'a pas pris une ride. Bâtie sur la qualité des enseignements, l'attachement aux valeurs islamiques et la discipline des apprenants, celle-ci reste intacte. Mais pour garder haut le flambeau, perpétuer le legs presque centenaire, les responsables de l'école se livrent à des contorsions financières difficiles.
C'est que, au fil des années, les charges de fonctionnement de l'établissement deviennent de plus en plus lourdes alors que les ressources ne sont pas élastiques. "On a 3 940 talibés venant de pays différents. Personne ne paye le moindre franc", signale Djim Ousmane Dramé, docteur en langue et civilisation arabo-islamique, membre de l'Association des anciens pensionnaires de l'établissement. Ces derniers ont profité d'une visite des lieux, samedi dernier, pour lancer un appel en faveur de leur ancienne école.
La facture d'électricité de l'établissement oscille entre 2,5 et 3 millions de francs CFA tous les deux mois. Et chaque jour, pour assurer les trois repas aux talibés, faire bouillir matin-midi-soir 20 marmites de 25 kg chacune, il faut plus de 500 000 francs CFA, soit plus de 200 millions de francs CFA par an. L'essentiel de ces charges est supporté par Serigne Makhtar Lo, descendant du fondateur du daara, et quelques généreux donateurs.
Les anciens du daara de Koki signalent que cette situation n'est pas tenable. Pour assurer la pérennité de l'établissement, préserver la qualité des enseignements et améliorer les conditions de vie des pensionnaires, des ressources supplémentaires sont nécessaires.
"Nous devons avoir une subvention conséquente de la part de l'État, suggère Djim Dramé. Nous lançons un appel solennel aux bonnes volontés et aux autorités. L'État vient souvent en aide au daara de Koki, mais il est bon, aujourd'hui, qu'il institutionnalise et revoie à la hausse ce soutien occasionnel."