Seul le patriotisme économique développe un pays. Hélas, le Sénégal n’en fait juste qu’un simple ‘’slogan’’. Il faut donc songer à renverser la donne, sans quoi point de développement. C’est ce que soutiennent mordicus Alla Kane, inspecteur des impôts et domaines à la retraite et Mandiaye Gaye chroniqueur politique et social. C’était samedi dernier, à Dakar dans le cadre des activités mensuelles de réflexion et de dialogue scientifiques dénommées «samedi de l’économie».
Co-débattant samedi dernier, à Dakar dans le cadre des activités mensuelles qu’organisent Africaine recherche et coopération pour l’appui au développement (Arcade) et la Fondation Rosa Luxembourg sur la thématique: «Les contrats avec Total: symbole de la mainmise française sur l’économie du Sénégal?», Alla Kane, inspecteur des impôts et domaines à la retraite, réfractaire au caractériel d’ ‘’aliénation’’ de l’économie sénégalaise et ce, depuis les indépendances, la qualifie tout simplement d’économie en transit.
«Nous avons une économie en transit», a-t-il dit. Pour lui, les dirigeants qui se sont succédé, n’ont jamais travaillé à changer la donne (renverser la tendance). «Depuis 1960, à nos jours rien n’a changé, au contraire la mainmise française sur l’économie sénégalaise s’accentue», déclare-t-il.
Donnant matière à ses propos, il laisse entendre ceci: «Dès notre accession à la souveraineté internationale notre pays s’est trouvé dans une situation économique inconfortable. Nous n’avions pas de capitaux pour construire notre pays. Dès lors, fallait-t-il s’appuyer sur ses propres forces en prenant le temps nécessaire ou alors aller chercher des capitaux étrangers. Devant cette situation, le Sénégal a pris la deuxième option, en collaborant avec le colonisateur qui est la France. C’est ainsi que celle-ci s’est positionnée comme un partenaire incontournable. Et cette donne n’a jamais changé jusqu’à ce jour», regrette-t-il.
Visiblement dégoûté par cet immobilisme de nos gouvernants, il dira que nos décideurs ne se soucient gère du devenir du pays. Au contraire, «lorsqu’il s’agit d’octroyer un marché public, on fixe la barre haute, en demandant à nos entrepreneurs de remplir des conditions irréalisables. Ceci, dans le but de les écarter du marché». Et de se demander: «Avec de telles mesures comment alors peut-on parler de patriotisme économie?»…
Il poursuit: «A ce rythme là, ce n’est pas demain la vieille. Le problème d’emplois va se poser encore et la pauvreté grandissante aussi», regrette-il.
Pour y remédier, l’ancien membre du Parti africain de l’indépendance (Pai) et actuel membre de Yoonu Askanwi préconise ceci: «Il faut faire en sorte qu’à partir d’aujourd’hui que toute société étrangère qui décide d’investir dans ce pays cède au préalable la moitié de son capital. Et pour ce qui ne sont pas programmées, faire en sorte qu’elles rétrocèdent progressivement 10%, 25%, 50%», soutient-il.
Mieux, souligne t-il: «Il faut créer un holding national capable d’appuyer financièrement de manière capitalistique les nationaux», recommande ce diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam).
«Le patriotisme économique n’existe pas au Sénégal»
Mandiaye Gaye, co-débatteur et chroniqueur politique et social trouve qu’aucun pays au monde ne peut se développer sans patriotisme économique pour justifier notre situation économique. «Le patriotisme économique au Sénégal est juste, un slogan creux», a dit par ailleurs ce comptable à la retraite. Ainsi pour lui : «Seuls les patriotes sont capables de sauvegarder le patrimoine national. Or, dans ce pays, les gens s’en fichent. Dans les hôpitaux, les administrations… les agents s’absentent comme ils veulent pour des prétextes fallacieux comme un mariage, un décès, un enterrement… Et au même moment des citoyens restent en attente de voir leur problème se régler. C’est dire que les gens ne prennent même pas conscience de cet état de fait qui sape nôtre développement», souligne M. Gaye.
Pour ce faire, dira-il: «Il urge de cultiver ce patriotisme dès le bas âge chez les jeunes, à la maison et à l’école. Donc, un véritable lavage de cerveau pour espérer se développer». Parce qu’en définitive, «le développement c’est d’abord et avant tout dans la tête». Par conséquent, «c’est à ce niveau qu’il faut agir», soutient-il.