Afrique en marche, ce sont les têtes d’affiche de Denise Epoté de TV5Monde, comme chaque dimanche, avec Thomas Harms. On retrouve cette semaine la docteure Carine Flore Nguemeni Yonga, la chercheuse Khady Nani Dramé et la cheffe d’entreprise Massogbé Touré Diabaté.
Les têtes d’affiche de cette semaine sont des femmes africaines de talent. La première Carine Flore Nguemeni Yonga d’origine camerounaise est docteure en pharmacologie moléculaire et cellulaire. Ses travaux sur le traitement des AVC (accidents vasculaires cérébraux) lui ont valu en 2010 une bourse L’Oréal France — Unesco pour les femmes et la science.
Du haut de ses 31 ans, les travaux du docteur Carine Flore Nguemeni Yonga pourraient demain sauver la vie de milliers de personnes victimes d’accidents vasculaires cérébraux, troisième cause de mortalité dans le monde, et la seconde en France. En Afrique, faute de statistiques, on sait juste que ce type d’accident touche des personnes de plus en plus jeunes.
A l’université de Nice Sophia Antipolis où Carine Flore Nguemeni Yonga a soutenu sa thèse à 24 ans, elle a obtenu la mention très bien et les félicitations du jury. Ses travaux ont mis en évidence les effets bénéfiques des injections d’oméga 3 chez l’animal avec une diminution du volume de la lésion cérébrale lors d’un AVC. Ce qui a pour conséquence de tripler les chances de survie à un tel accident.
Faute de structures dans son pays en matière de recherche fondamentale, la jeune chercheuse qui a pour modèle la Kényane Wangari Mathay, première Africaine prix Nobel de la Paix, mais surtout première Africaine a avoir obtenu une licence en biologie. La docteure Nguemeni Yonga compte s’investir dans l’enseignement scientifique auprès des jeunes étudiants et des jeunes filles en particulier. Histoire de respecter la devise de L’Oréal France « Le monde a besoin de la science et la science a besoin des femmes. ».
La deuxième tête d’affiche est également une lauréate de la bourse L’Oréal — Unesco obtenue en 2007. Les travaux de la Sénégalaise Khady Nani Dramé ont porté sur la résistance du riz africain. Céréale incontournable dans l’alimentation de nombreuses populations du continent.
Enfant, Khady Nani Dramé rêvait d’être ambassadrice. Mais son grand intérêt pour les sciences l’a conduite, une fois son doctorat en écophysiologie moléculaire en poche, à se consacrer à la recherche agricole. C’est à Cotonou qu’elle pose ses valises pour travailler au centre du riz pour l’Afrique. Différent du riz asiatique, plus productif, mais très sensible aux stress biotiques, le riz africain aux rendements plus faibles résiste mieux aux contraintes environnementales.
La fusion de ces deux espèces a donné naissance au Nerica, New Rice Africa. Un riz qui résiste à la sécheresse, à la salinité et au froid. Un atout pour les paysans qui ne sont plus contraints d’abandonner leurs champs. Pour Khady Nani Dramé, l’agriculture étant essentielle à la survie des populations, il n’est pas question pour elle de faire de la recherche pour le plaisir. Son vœu le plus cher est que les pays africains investissent dans la recherche, ce qui permettrait de mieux rémunérer les chercheurs et de susciter des vocations.
La troisième tête d’affiche nous vient de Côte d’Ivoire. Massogbé Touré Diabaté est la reine de la noix de cajou. Un fruit dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, mais sans valeur ajoutée puisque seulement 10 % de la production est transformée localement.
C’est le défi qu’a décidé de relever cette année Massogbé Touré Diabaté qui dirige la SITA, la société ivoirienne de traitement de l’anacarde. Elle emploie 1000 personnes, dont 80 % de femmes pour une capacité de production de 3000 tonnes par an. Coût de l’investissement 10 milliards de franc CFA, soit 7 milliards de moins que son concurrent le géant singapourien de l’agro alimentaire dont l’usine a une capacité de 30 000 tonnes par an. Pour Massogbe Touré Diabaté, la noix de cajou est le nouvel or agricole pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée Bissau et le Nigeria.
La Côte d’Ivoire s’est fixé comme objectif de transformer localement 35 % de la production nationale soit 750 000 tonnes. La noix de cajou entre dans la fabrication de biscuits, de biocarburants et même de cosmétiques. L’Inde et le Vietnam respectivement deuxième et troisième producteur mondial transforment la totalité de leur production, de surcroît ils achètent les productions africaines et l’exportent vers les États-Unis et l’Europe.