Le public venu nombreux, mardi, au Théâtre national Daniel Sorano, a salué "l’espoir" suscité dans le film "Félicité" du réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis et l’image de la "femme africaine battante" qu’il renvoie.
L’Avant-première nationale du film a été projetée le même jour en présence des ministres de la Formation professionnelle Mamadou Talla et de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye.
Il y avait également le ministre-conseiller Youssou Ndour qui a facilité la projection du film.
Le film d’Alain Gomis, lauréat de la dernière édition du Festival panafricain de film et de télévision d’Ouagadougou FESPACO "fait la fierté du Sénégal, voire de toute l’Afrique", a soutenu le ministre de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat, M. Mamadou Talla.
Selon lui, "c’est un excellent film qui parle pratiquement de tous les pays d’Afrique. Il montre que les capitales africaines sont les mêmes, les sociétés idem".
M. Talla ajoute que "Félicité" est une "photographie d’une femme battante qui montre le rôle de la femme par rapport à sa société, à son fils". "C’est l’ensemble des femmes africaines qui sont à l’honneur", fait-il remarquer, relevant aussi "le rôle de la religion qui accompagne et donne de l’espoir" dans le film.
"Félicité a bien mérité l’Etalon d’or de Yennenga au FESPACO", a commenté pour sa part le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, soulignant que "c’est un beau film".
M. Ndiaye a évoque des similitudes avec nos habitudes traditionnelles et la vie d’une manière générale. "Quand on voit les quartiers, les bars, c’est la même ambiance, les mêmes comportements", selon lui.
Pour le professeur de philosophie à la retraite Abdoulaye Elimane Kane qui sort de la projection avec "beaucoup d’émotions", "le film témoigne de notre vie concrète, de ses turbulences, de ses contradictions, mais aussi de cette capacité de se battre pour finalement retrouver la joie".
"Félicité" reflète bien à la fois la "vie de débrouillardise de nos sociétés africaines", mais également "la souffrance", "la douleur" et quelque fois "les contradictions de la réputation de solidarité collée aux sociétés africaines", estime M. Kane, ancien ministre de la Communication et de la Culture.
L’ancien délégué général du 15ème Sommet de la francophonie à Dakar en 2014, Jacques Habib Sy, a classé "Félicité" parmi les "très grands films dans la lignée des grands classiques". "Derrière les symbolismes qu’il a alignés et qui s’enchevêtrent, on y voit à quel point, il a réussi à présenter un tableau composite, mais extrêmement dur de la réalité africaine", note M. Sy.
Selon lui, Alain Gomis a voulu mettre "l’accent sur la dignité de la vie humaine" et "nous apprend à nous mettre en situation à travers des images dures de la pauvreté".
Quant aux femmes que le cinéaste Alain Gomis met à l’honneur dans ce long métrage sorti en janvier, elles sortent « glorifiées » de la projection. La styliste Oumou Sy soutient que le film a parlé pour toutes les femmes. Pour Yacine Fall, ancienne fonctionnaire de l’ONU qui a été plusieurs fois en République démocratique du Congo (RDC), "toutes les femmes africaines se retrouvent dans ce film" où les multiples rôles de la femme sont peints. "La femme mère, travailleuse, qui n’a même pas le temps de s’occuper d’elle-même", a-t-elle expliqué.
Si la majeure partie du public ayant fait le déplacement au théâtre national Daniel Sorano a apprécié le film, certaines personnes penchent plus pour "Tey" (Aujourd’hui), le long métrage d’Alain Gomis, réalisé en 2013 et Etalon d’or de Yennenga la même année.
"Félicité" (120 minutes), Etalon d’or de Yennenga au FESPACO 2017 à Ouagadougou au Burkina Faso en mars dernier et Ours d’agent à la Berlinale en janvier a déjà remporté six prix à travers le monde. Le film d’Alain Gomis, programmé dans plusieurs pays africains durant ce mois, sera projeté à Abidjan, en RDC, etc.