Le Sénégal devrait recevoir de l’électricité venant du barrage de Kaléta (Guinée) dans 18 mois, avec la fin des travaux de construction de la ligne d’interconnexion des réseaux électriques des pays membres de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG), a appris l’APS, lundi.
L’annonce a été faite à Tambacounda, par Amadou Matar Diouf, expert environnementaliste à l’OMVG.
Il a précisé que les travaux de construction de la ligne d’interconnexion vont démarrer courant mai, dans le cadre du projet Energie de l’organisation sous-régionale.
Le projet Energie de l’OMVG concernant la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau et le Sénégal, compte deux composantes : la construction du barrage de Sambangalou, d’une capacité de 128 MW et 402 gigawatts et la construction d’une ligne d’interconnexion de 1.677 km, dont 701 km au Sénégal.
Ce réseau interconnectant les quatre pays-membres sera relié au réseau régional et permettra de "vendre de l’électricité jusqu’en Afrique du Sud et partout dans le monde", a dit M. Diouf. Il intervenait en marge d’un atelier de formation des comités locaux de coordination et de suivi (CLCS) des plans de gestion environnementale et sociale (PGES) et des plans de réinstallation (PR).
La rencontre de deux jours regroupe des élus locaux de régions traversées par le tracé de la ligne, des services techniques, des autorités administratives, entre autres, qui seront renforcés sur les principes d’indemnisation, les systèmes de négociation ou encore les critères d’identification des populations affectées par le projet.
Ces comités superviseront aux niveaux local et national des pays membres de l’OMVG la mise en œuvre des activités des PGES et PR du projet Energie, notamment les questions liées à la protection de l’environnement, à la santé, à l’indemnisation.
Avec ses 15 postes sources, dont quatre au Sénégal (Kédougou, Tambacounda, Sédhiou et Kaolack), la ligne compte deux hubs : celui de Tambacounda au Sénégal et celui de Linsan en Guinée, à partir desquels le partage avec la région et le monde pourra se faire.
L’électricité produite par le barrage de Kaléta en Guinée, déjà réalisé avec une capacité de 420 mégawatts, pourra être transportée par cette ligne comparable à une "autoroute à péage". "C’est la plus grande ligne d’interconnexion en Afrique de l’Ouest que nous sommes en train de faire, c’est pourquoi son accouchement prend du temps", a dit Amadou Matar Diouf.
"Dans 18 mois, vous aurez de l’électricité venant de Kaléta au poste de Tambacounda, sur la ligne d’interconnexion", a-t-il assuré.
L’avantage de cette ligne d’une capacité de transit de 800 mégawatts, est son caractère "multi-usage" lui permettant de transporter en même temps de l’électricité et des données électroniques, grâce à ses 36 paires de fibres optiques.
Elle sera louée aux opérateurs de télécommunications, de paiement en ligne pour leur transport de données. Si bien que "bientôt, les Etats-membres ne cotiseront plus pour l’OMVG, mais c’est l’OMVG qui leur versera des dividendes", sur les recettes qui seront tirées de ces installations, a annoncé Amadou Diouf.
Le coût total de l’interconnexion est de 722 millions de dollars, déjà mobilisés auprès de huit bailleurs. Les études d’impact environnemental ont déjà été réalisées dans les quatre pays et les certificats de conformité délivrés, souligne Amadou Matar Diouf.
Pour ce qui est du barrage de Sambangalou, les négociations avec le bailleur chinois Eximbank sont en cours et pourraient être conclues "avant la fin de l’année", pour permettre la réalisation des travaux en 50 mois, selon le représentant du haut commissaire de l’OMVG, Kabir Silla Sonko.
D’une capacité de 128 mégawatts et 402 gigawatts, dont les 48% reviendront au Sénégal, ce barrage situé en territoire sénégalais, à 22 km au sud de Kédougou, permettra d’irriguer 90.000 hectares dont 40.000 au Sénégal et 50.000 en Gambie.
Avec les barrages de Sambangalou et Kaléta, les besoins énergétiques de la Gambie seront couverts, a dit M. Diouf, citant un technicien, et ajoutant que les délestages seront "amoindris" au Sénégal.
Le barrage de Sambangalou contribuera à résoudre le problème d’inondation dans la zone des bananeraies de Tambacounda, par une régulation du débit du fleuve, a dit M. Sonko.
Le coût total des deux composantes du projet Energie de l’OMVG est estimé à 1,147 milliard de dollars américains.