Le tribunal correctionnel de Dakar a mis en délibéré hier, jeudi 4 mai, sa décision dans le cadre du procès opposant l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, à son ex-épouse Aminata Diack. Dans son réquisitoire, le parquet estimant que l’ex-Pm est coupable des délits de faux, usage de faux et tentative d’escroquerie sur son ex-épouse a demandé une peine de 2 ans dont un mois ferme en sus d’une amende de 600 000 F Cfa et 6 mois avec sursis contre l’officier d’Etat civil à la retraite AdamaThiam pour usage de faux commis dans un document administratif. De leur côté, les avocats de Abdoul Mbaye ont réfuté les arguments du parquet et plaidé la relaxe et l’abandon des charges.
Après deux reports, le tribunal correctionnel de Dakar a finalement statué en son audience d’hier, jeudi 4 mai, sur l’affaire de complicité de faux et usage de faux et de tentative d’escroquerie opposant l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, à son ex-épouse, Aminata Diack, pédiatre et enseignant à la Faculté de médecine de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Le tribunal, après plaidoirie des différentes parties, a mis en délibéré sa décision pour le 18 mai prochain.
Dans son réquisitoire, le parquet a requis des peines de 6 mois avec sursis pour le délit de faux et une amende ferme de 50 000 FCfa contre Adama Thiam, officier d’Etat civil à la retraite et 2 ans dont 1 mois ferme et 600 000F Cfa d’amende contre l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye coupable, selon lui, des délits de faux, usage de faux et tentative d’escroquerie sur son ex-épouse. Devant la barre, les mis en cause ont tous réfuté les accusations portées contre eux. L’ancien Premier a informé qu’il n’a jamais cherché en aucun moment d’escroquer son ex épouse. Mieux, il a indiqué avoir toujours administré sa famille en prenant en charge la totalité des dépenses sans en demandant 1000 F Cfa à son ex-épouse. Et pour conclure, Abdoul Mbaye a même révélé avoir remis un chèque de 50 millions à son ex-épouse en guise de cadeau à l’occasion de ses clinquants en 2006, sans compter les billets de voyages à l’étranger ainsi que le pèlerinage à la Mecque.
Cependant, dans sa plaidoirie le maitre des poursuites qui a évoqué l’exception de la chose jugéé, a commencé par dégager en touche la procédure de faux, usage de faux et tentative d’escroquerie enclenchée par l’ancien Pm contre son ex-épouse. Ensuite, il a émis des doutes sur l’existence de l’ordonnance rectificative délivrée le 26 mai 1994 par l’ancien président du tribunal départemental de Dakar évoqué par AdamaThiam pour justifier le changement de la mention communauté à celui de séparation des biens qu’il a fait opérer dans le registre des mariages du couple Mbaye. Selon lui, hormis les accusés, personne d’autre ne peut attester l’existence d’un tel document. S’agissant du délit de tentative d’escroquerie de l’ancien Pm dans cette affaire, il a indiqué que la faute se situe dans le livret de famille qu’il a présenté au juge au moment d’enclencher la procédure de divorce. À l’en croire, ce document dans lequel le régime de communauté de biens a été changé par celui de séparation des biens est un faux.
Prenant la parole à la suite du procureur, les avocats d’Aminata Diack ont abondé dans le même sens que le procureur. Toutefois, ils ont précisé que leur cliente, en enclenchant cette procédure, contrairement à la demande du procureur, ne cherche pas à mettre son ex-époux, le père de ses trois enfants, en prison mais sauvegarder ses intérêts.
Prenant la parole en dernier lieu pour faire leur plaidoirie, les avocats de l’ancien Pm et ceux d’Adama Thiam ont demandé purement la relaxe de leurs clients. Pour cause, ils estiment que l’accusation est infondée dans la mesure où les changements de mention dans le registre de mariage sont intervenus à la suite d’une ordonnance prise par une autorité de la justice. Mieux, poursuivent-ils, leurs clients ne sont pas responsables de la perte de l’ordonnance rectificative dont les traces ont disparu des archives du tribunal.
S’agissant de la décision du parquet de soustraire à l’ex-épouse du président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act), ils ont indiqué que les faits de sa culpabilité de faux et usage de faux et tentative d’escroquerie sont constants dans la mesure où, disent-ils, Mme Diack qui conteste aujourd’hui le changement du régime de communauté des biens dans leur certificat de mariage en 1994 avait elle aussi utilisé un certificat de mariage avec mention séparation de biens pour l’achat d’un immeuble en 2001. Ils ont ainsi demandé au tribunal la relaxe sans peine ni dépend pour leurs clients.