A quelques mois des législatives du 30 juillet prochain, caractérisées par des enjeux majeurs, le camp présidentiel semble être pris dans une tempête indescriptible. La démission ou limogeage du ministre de l’Energie, Thierno Alassane Sall, ainsi que les accusations du maire de Guédiawaye, Aliou Sall sur un prétendu complot contre sa personne orchestré depuis le Palais, sans oublier les clarifications du député Farba Ngom sur l’existence de supposés «faucons» au Palais, ainsi que la sortie au vitriol du président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), Moustapha Diakhaté, contre le frère du président Macky Sall, ont fini de constituer un cocktail explosif, aux risques non négligeables pour le régime du président Macky Sall.
La barque de la mouvance présidentielle vogue en eaux troubles. C’est le moins que l’on puisse dire au regard des événements qui se succèdent ces temps-ci. A moins de 3 mois des législatives du 30 juillet prochain, le camp présidentiel est en effet sous le feu des projecteurs dans diverses affaires qui défraient la chronique, et qui risquent de porter un sévère coup à cette unité de façade que tentent de projeter le président de la République, Macky Sall, et ses camarades républicains. L’affaire de la démission ou destitution du ministre de l’Energie et du développement des énergies renouvelables, Thierno Alassane Sall, semble en être une preuve. En effet, si du coté des proches de l’ex-ministre, l’on soutient la thèse de la démission, du coté du Palais, un communiqué fait état d’un décret présidentiel relevant le ministre de ses fonctions. Une note de la présidence confirmée d’ailleurs par le porte-parole du gouvernement, Seydou Gueye, même s’il n’est pas revenu sur les raisons de la destitution du coordonnateur des cadres de l’Alliance pour la République (Apr). Ce qui porte à deux le nombre de fois que le leader politique de l’Apr à Thiès est relevé de ses fonctions, après avoir été éjecté de la tête de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp), suite à sa défaite aux locales de 2014. Pour le moment, le communiqué de la présidence renseigne que c’est le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, qui prend en charge la question énergétique du pays.
ALIOU SALL ETALE LE LINGE SALE EN PUBLIC
Autre niveau, autre affaire en suspens pour l’Apr. Les accusations de complot portées contre les «faucons du palais» par Aliou Sall ont fini par approfondir à dire vrai le malaise au sein de la mouvance présidentielle. En effet, pour justifier son revirement à 130°, après avoir pourtant indiqué dans un communiqué, cosigné avec l’oncle du président, Abdoulaye Timbo, qu’il ne comptait pas figurer sur les listes pour ne pas gêner le président, Aliou Sall a soutenu être victime d’un acharnement de la part de l’entourage du président. Cela, même si, dès le lendemain, il a mis un peu d’eau dans son vin, en montrant qu’il ne défie pas son mentor et qu’il ne compte pas œuvrer à la défaite de son grand-frère. Abondant dans le même sens, le député Farba Ngom a tenté de jouer au sapeur pompier pour sauver les meubles. Apportant la réplique, il a récusé les accusations de complot orchestré au sein du palais, tout en précisant que «Macky Sall n’est pas manipulable. Macky Sall décide seul, même s’il a la capacité d’écoute».
MOUSTAPHA DIAKHATE MITRAILLE ALIOU SALL
Dans la foulée de cette affaire, la sortie au vitriol du président du groupe parlementaire de Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), Moustapha Diakhaté, contre le frère du président et édile de Guédiawaye, vient augmenter le malaise au sein du camp au pouvoir. En effet, le député est sorti de ses gonds suite aux propos du maire de Guédiawaye, Aliou Sall, accusant les «faucons» d’orchestrer des complots contre sa personne depuis le Palais. Sur les ondes de la Télévision Futurs médias (Tfm) hier, mardi 2 mai, M. Diakhaté a balayé d’un revers de la main les accusations, non sans estimer qu’Aliou Sall doit s’en prendre à son frère de chef d’Etat, s’il parle de complot, d’autant plus que le président Macky Sall a pris seul la décision de l’écarter des listes aux législatives. Plus acerbe dans ses critiques, Moustapha Diakhaté a traité de tous les noms d’oiseaux l’édile de Guédiawaye, notamment de «menteur», de «manque de respect envers son supérieur», «d’inhumain», etc. Il s’en est aussi pris au chef de l’Etat, car a-t-il dit, «Macky Sall nous a un peu offensés en nous amenant son petit-frère, parce qu’au moment où des gens menaient le combat contre la liquidation de son grand-frère, personne ne connaissait Aliou Sall. Au moment où les gens se battaient pour faire de son grand-frère Président de la République, personne ne connaissait Aliou Sall». Allant plus loin, il est monté au créneau pour proposer au président d’interdire à son frère Aliou Sall de se présenter sur n’importe quelle liste, et aussi de l’exclure du parti si toutefois il ose intégrer une liste parallèle. Cela, non sans inviter le frangin du chef de l’Etat à descendre de son piédestal.
Ces diverses oppositions ouvertes ou affaires témoignent en vérité du malaise qui couve au sein du parti au pouvoir. Un malaise que le président Macky Sall a intérêt à solutionner le plus rapidement s’il ne veut pas que son dessein de voir sa majorité confortée aux législatives soit écorné. Des législatives déjà germes de tensions avec des investitures problématiques au sein de Bennoo Bokk Yaakaar du fait de la boulimie de l’Apr et de la volonté affichée des partis membres de la coalition de voir leur quota de députés revu à la hausse.