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Perpétuité confirmée pour l’ex-président tchadien pour crimes contre l’humanité
Publié le jeudi 27 avril 2017  |  AFP
Hisséne
© Autre presse par DR
Hisséne Habré au tribunal de Dakar, lors de son procès




Dakar, 27 avr 2017 (AFP) - L’ex-président tchadien Hissène Habré a définitivement été condamné jeudi à la prison à vie pour crimes contre l’humanité, un verdict rendu à l’issue de son procès en appel devant un tribunal spécial africain siégeant à Dakar.

Ce jugement confirme un jugement en première instance rendu en mai 2016 par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées en vertu d’un accord entre l’Union africaine (UA) et le Sénégal, où M. Habré s’est réfugié après avoir été renversé en décembre 1990 par l’actuel président tchadien Idriss Deby Itno.
Son procès était le premier au monde dans lequel un ancien chef d’Etat est traduit devant une juridiction d’un autre pays pour violations présumées des droits de l’homme.
Une commission d’enquête tchadienne estime le bilan de la répression sous le régime d’Hissène Habré (1982-1990) à quelque 40.000 morts.
Le jugement en appel s’était déroulé en janvier devant une cour présidée par le magistrat malien Wafi Ougadèye, qui a rendu son verdict jeudi.
La Cour d’appel "confirme la décision" sur les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de torture rendue en mai 2016, a déclaré M. Ougadèye.
M. Habré, aujourd’hui âgé de 74 ans, a en revanche été acquitté de l’accusation de viol, une "infirmation partielle (qui) ne change pas" le verdict selon le magistrat.
Hissène Habré purgera sa peine au Sénégal ou dans un autre pays de l’UA.
"Depuis plus de 26 ans, je travaille pour que Habré soit condamné pour les crimes qu’il a commis. Aujourd’hui, je suis enfin en paix", a réagi Souleymane Guengueng, président d’une association de victimes, détenu pendant plus de deux ans par la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS, police politique du régime Habré).

"J’espère que tous les dictateurs en Afrique ont compris le message - personne n’est au-dessus des lois !", a ajouté M. Guengueng dans un message électronique transmis à l’AFP.

- ’Une immense victoire’ -

Pour le juriste américain Reed Brody, qui travaille avec les victimes depuis 1999 et a assisté à toutes les étapes du procès depuis son ouverture, la condamnation définitive de M. Habré "représente une immense victoire pour les victimes tchadiennes".
"Cette décision envoie un message fort : l’époque où les tyrans pouvaient brutaliser leur peuple, piller les richesses de leur pays puis s’enfuir à l’étranger pour profiter d’une vie de luxe, touche à sa fin. Ce jour restera gravé dans l’Histoire comme étant celui où un groupe de survivants déterminés l’a finalement emporté sur leur bourreau", a commenté M. Brody dans le même message.
L’audience s’était ouverte peu après 10H00 (locales et GMT), en l’absence d’Hissène Habré, sans que le président Wafi Ougadèye évoque cet aspect, selon un journaliste de l’AFP.
Peu d’affluence était notée dans la salle d’audience, où étaient cependant présents quelques partisans de M. Habré, des victimes et leurs soutiens, ainsi que des avocats des parties civiles et ceux commis d’office pour la défense.
Le 30 mai 2016, Hissène Habré avait été condamné à la perpétuité pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, tortures et viols par le tribunal spécial puis, le 29 juillet 2016, à payer jusqu’à 20 millions de francs CFA (plus de 30.000 euros) par victime.
Tout au long du procès en première instance qui s’était ouvert le 20 juillet 2015, Hissène Habré avait refusé de s’exprimer ou d’être représenté devant une juridiction qu’il récuse. La Cour avait donc désigné trois avocats commis d’office pour assurer sa défense.
Ce sont ces trois avocats qui ont fait appel, et non les conseils désignés par lui et qui, selon ses instructions, avaient boycotté les débats. Mais jeudi, le journaliste de l’AFP a vu dans la salle un des avocats embauchés par M. Habré, le Français François Serres.
La défense commise d’office avait réclamé une annulation de sa condamnation, dénonçant notamment des erreurs affectant la validité du verdict rendu en première instance et contestant certaines accusations ontre M. Habré.
Les avocats des parties civiles avaient de leur côté réclamé la confirmation du verdict.
mrb-cs/lp
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