Le bassiste américain Marcus Miller a partagé mardi soir son sentiment de satisfaction d’avoir joué à Saint-Louis "la musique créée grâce à l’influence du Sénégal".
Le morceau "Gorée", composé après une visite "émouvante" à la Maison des esclaves de Gorée, il y a sept ans, a été interprété par l’artiste sur la scène de la Place Faidherbe dans le cadre de la 25e du Saint Louis jazz festival.
Ce fut un moment "inoubliable" pour l’artiste et pour le public qui lui a servi une salve d’applaudissements qui en disait long sur l’ envie de le voir rester encore sur scène pour continuer de l’égayer.
En livrant ses sensations après cet échange avec les mélomanes, Marcus Miller estime avoir vécu de "très beaux moments".
"Jouer la musique que j’ai créée grâce à l’influence du Sénégal, la jouer pour le Sénégal, est un très grand moment", a-t-il dit avant de juger "horrible" l’histoire de l’esclavage, des peuples capturés et gardés à Gorée.
"J’ai réalisé que c’était le commencement de mon peuple, du peuple Africain-Américain et je ne comprends pas comment ils ont pu survivre dans le bateau en traversant la mer, il faut avoir beaucoup de courage pour endurer cette situation", a dit Miller.
Le jazzman américain est le parrain de "La Route de l’esclavage" initiée par l’UNESCO lancée en 1994 à Ouidah (Bénin), sur proposition d’Haïti pour contribuer à une meilleure compréhension des causes et des modalités d’opération de l’esclavage et de la traite négrière.
L’homme au chapeau noir, tee-shirt blanc et pantalon en cuir, guitare en bandoulière, accompagné d’un quartet (saxophoniste, trompettiste, claviste, batteur), a fait l’expérience de la scène de Saint-Louis jazz dont il a eu des échos.
"C’était incroyable d’être sur la scène de Saint-Louis, de vivre l’ambiance du festival dont on m’a toujours parlé, c’était une vérité", témoigne le bassiste américain qui a cédé le micro au slameur Franco-sénégalais, Souleymane Diamanka pour camper l’ambiance du morceau "Gorée".
Il a rendu hommage à son mentor Milles Davis (décédé en 1991) en interprétant la chanson "Tutu" composée pour lui en 1986.
Un moment d’émotions encore, car fait-il savoir, "en jouant la ligne de basse ’Tutu’, j’ai pu voir chaque fois le visage de Milles Davis".
Sa musique jazzy, groove est teintée de plusieurs sonorités. Pour le musicien Miller, la basse qu’il a appris depuis l’âge de deux ans constitue sa voix et lui permet d’exprimer ce qu’il pense.
Il dit être prêt à revenir à Saint-Louis jazz qui n’est pas très grand, mais qui a "une très bonne réputation".
"Tout le monde est excité d’y jouer. Mes amis Alune Wade (Sénégal), Stanley Clarke (Usa) y seront", lance-t-il.
Marcus Miller, 57 ans, compositeur, producteur et arrangeur, plusieurs fois "grammy award", a ainsi rattrapé son rendez-vous manqué de l’année dernière avec les mélomanes de Saint-Louis pour des raisons "sécuritaires".
Avant lui, le chanteur Congolais, Lokua Kanza a joué sa partition, distillant ses mélodies acoustiques pour un public acquis à sa cause.