Loin de s’opposer à une reprivatisation de leur outil de travail, les huiliers du Sénégal estiment que la Sonacos, qui est à l’agonie, doit d’abord être redressée, requinquée et remise sur les rails par l’Etat pour permettre à l’éventuel repreneur de disposer d’un outil pérenne.
Avant Kaolack, Diourbel, Louga et Dakar, prochaines étapes de sa tournée nationale, une délégation du Syndicat National des Travailleurs des Industries des Corps Gras et Activités Similaires du Sénégal, conduite par son Secrétaire Général, a séjourné hier dans la capitale méridionale du pays. Une rencontre d’explication sur la situation générale de la Sonacos dont le diagnostic présente de multiples pathologies qui nécessitent une prise en charge urgente.
Parmi les mesures édictées par les travailleurs pour sortir l’industrie de son « agonie » et préserver leurs emplois, figure en bonne place la question d’une éventuelle reprivatisation. « La société doit être redressée d’abord, remise sur les rails puis relancée avant de penser à sa reprivatisation. Ce processus doit prendre au moins quatre voire cinq ans. L’Etat du Sénégal doit maintenir la Sonacos entre ses mains pour une certaine durée, s’il veut qu’elle soit pérenne », a déclaré Samuel Ndour, Secrétaire Général des huiliers du Sénégal, qui a déploré les lenteurs administratives notées dans la mise en place des fonds relatifs au redressement et à la relance de l’entreprise.
L’approvisionnement des unités en graines fait partie aussi du chapelet de recommandations égrené par le syndicat. Tout comme les importations « sauvages » d’huiles. « C’est un devoir régalien de protéger l’industrie locale, en s’assurant d’abord de l’approvisionnement correct des quatre (04) usines de la Sonacos, celles de Copeol Novasen, de Wao, de Cait Touba et même de Patisen sans oublier les petites installations locales, avant toute exportation de notre matière première vers la Chine ou ailleurs », a ajouté Samuel Ndour. Selon lui, le marché local est inondé par des importations d’huiles de palme bas de gamme qui peuvent altérer la santé des populations, alors que l’industrie locale peut satisfaire le marché national à 100% et même exporter vers les pays voisins. « Donc pourquoi ces importations sauvages ? » s’interroge M. Ndour.
En outre, les huiliers estiment qu’il est grand temps pour l’Etat d’investir dans la modernisation des ateliers, le Groupe Sonacos disposant de vieilles installations qu’il urge de remettre à neuf pour espérer une meilleure cadence de production. Ce qui, du reste, réduirait le temps et ferait gagner en terme de rentabilité. « Avec ces investissements, la création de nouveaux postes de travail, la permanence des saisonniers et l’embauche de nouveaux saisonniers augmenteront significativement les emplois. Nous espérons dans un futur proche retrouver les effectifs d’antan, c’est-à-dire un millier de travailleurs par usine. » Enfin, le Syndicat demeure convaincu qu’en cherchant à rendre plus performante la Sonacos, la Direction générale doit penser à ouvrir d’autres ateliers dans chaque site. « Hormis le fait qu’elle doit s’employer à atteindre ses objectifs de collecte à chaque campagne, elle doit se forcer à diversifier ses produits pour satisfaire les consommateurs sénégalais et ceux de la sous-région. Cette relance boostera, à coup sûr, son chiffre d’affaires », a conclu Samuel Ndour.