L’expert en commerce international et, par ailleurs, ancien directeur du commerce intérieur du Sénégal est préoccupé par le manque de vision stratégique des africains. Selon El Hadji Alioune Diouf qui s’exprimait avant-hier, samedi 22 avril, en marge d’un atelier du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes) à Saint-Louis, l’Afrique doit compter sur son propre marché intérieur. Il pense d’ailleurs que le vrai problème de l’Afrique, c’est le manque d’industrialisation.
«L’Afrique ne peut pas continuer à vendre ses matières premières et croire qu’elle peut jouer un rôle dans le concert des nations. L’Afrique doit compter d’abord sur son propre marché intérieur. L’Afrique doit conquérir son marché intérieur qui est l’un des meilleurs dans le monde. Parce que c’est un marché qui est encore vierge». C’est l’avis d’El Hadji Alioune Diouf, expert en commerce international et, par ailleurs, ancien directeur du commerce intérieur du Sénégal. Il intervenait avant-hier, samedi 22 avril à Saint-Louis, lors d’un atelier du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes) portant sur le thème: «Les incidents du Brexit dans la signature de l’accord de partenariat économique entre l’Union européenne (Ue) et l’Afrique de l’Ouest».
En outre, El Hadji Alioune Diouf dénonce le manque de vision stratégique des africains qui constitue, selon lui, un frein au développement économique du continent. «Je ne vois pas en quoi une zone de libre échange puisse être une politique qui favorise l’industrialisation de l’Afrique. Et, le vrai problème de l’Afrique, c’est le manque d’industrialisation. Les africains doivent penser à une stratégie, dès maintenant, pour voir comment mettre en commun les richesses africaines», a-t-il laissé entendre.
Constatant qu’il n’y a aucune compagnie maritime internationale ou régionale en Afrique, M. Diouf estime que si aujourd’hui les africains veulent accroitre le taux d’échange intra-régional, il faut qu’ils soient capables de mettre en place les infrastructures qu’il faut. «Si les africains veulent attirer les investissements à la fois africains comme étrangers directs, ils doivent non seulement avoir des stratégies sectorielles de développement, mais doivent aussi avoir une vision stratégique. Il faut qu’on ait des priorités. Il faut qu’on décide d’aller vers l’industrialisation. Parce que sans industrialisation, on ne pourra pas développer l’agriculture. Il faut qu’on ait des industries qui peuvent créer les outils qu’il faut pour que l’on puisse exploiter à la fois les produits agricoles et les produits halieutiques», préconise-t-il.
Selon lui, le continent dispose de potentialités économiques énormes. Par conséquent, l’Afrique peut être une puissance commerciale si elle sait, poursuit-il, prendre les mesures qu’il faut, identifier ses propres priorités et véritablement apporter la rigueur qu’il faut pour mettre en place ces politiques qui vont, demain, développer le continent. «L’Uemoa et la Cedeao existent depuis longtemps et jusqu’à présent nous n’arrivons pas à faire de taux d’échange intra-régional de plus de 15% alors que les pays d’Afrique Equatoriale sont à un niveau plus important avec un taux d’échange de 25%. L’Europe est à 75% de taux d’échange intra-régional et l’Asie est à 50%. Nous devons faire comme les autres ont fait», soutient-il.
Pour y arriver, il souligne la nécessité de mettre en commun nos richesses, de créer des industries en Afrique et des infrastructures qu’il faut pour que les africains puissent, ensemble, mettre en place des stratégies communes.