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Recomposition politique en perspective des législatives: Quand Macky facilite l’unité de l’opposition
Publié le vendredi 14 avril 2017  |  Enquête Plus
Rencontre
© Présidence par DR
Rencontre entre Mankoo Wattu Sénégal et le président de la République
Dakar, le 1er décembre 2016 - Le président de la République Macky Sall a rencontré une délégation des leaders de l`opposition réunie dans le Front "Mankoo Wattu Sénégaal". Les échanges ont essentiellement porté sur les questions autour du processus électoral.




Il est actuellement très difficile de lire dans le jeu des différents acteurs politiques de l’opposition. Tous s’accordent que des négociations sont en cours, en perspectives des Législatives. La seule constante est la dynamique unitaire grandement facilitée par la posture du régime et les actes qu’il pose.

Recomposition politique. Le mot est lâché par l’ancien directeur de l’Anej Abdou Khafor Touré, dans un entretien publié dans notre édition d’hier. Y assiste-on réellement ? En tout cas, le constat est une certaine ébullition du landerneau politique, à quelques mois des Législatives. En grande partie, à cause de l’opposition qui pousse pour avoir des listes communes, à défaut d’une seule liste, lors de ces échéances électorales du 30 juillet prochain. Et le plus étonnant est que le régime est en train de grandement favoriser ces retrouvailles.

En effet, les actes posés par le pouvoir actuel constituent actuellement des plages de convergence pour une opposition qui n’en demandait pas tant. Le dernier exemple en date est le ballet des leaders politiques à la prison de Rebeuss. Le cas Khalifa Sall ne fait que renforcer leur dynamique unitaire. Car, nonobstant les faits pour lesquels le maire de Dakar est en détention, son incarcération est très mal perçue par une frange de l’opinion et de ce pan de la classe politique. L’édile de la capitale étant présumé innocent, le régime, voire le procureur, n’ont pas été très fins, en le mettant en prison, à cette étape de la procédure judiciaire. L’emprisonnement étant l’exception, en la matière, et vu son statut, on en fait une ‘’victime politique’’. Plus préoccupant, on en fait un alter ego du président Macky Sall. D’ailleurs, sa cote est montée en flèche. Puisque, de manière unanime et spontanée, il a été proposé comme tête de liste de l’opposition à Dakar et son leadership s’en trouve boosté.

En plus, si en politique tout n’est que perception, selon qu’on soit d’un bord ou de l’autre, la concomitance de certaines arrestations (Khalifa Sall, Bamba Fall et leurs proches) ; le relatif caractère sélectif de certaines poursuites judiciaires (Karim Wade, ….) ne fait que renforcer ce sentiment d’une justice aux ordres. Ce qui fait le lit de la contestation actuelle du régime. En effet, la question judiciaire est au centre des griefs. Lorsqu’Idrissa Seck, qu’on a réussi à sortir de sa retraite, déclare : ‘’le président de la République et son clan n’ont rien appris et n’ont pas compris que le peuple sénégalais n’accepte plus des dirigeants qui manipulent la justice, qui utilisent la corruption, l’achat de conscience… pour s’attaquer à des adversaires politiques’’, a-t-il raison de porter de telles accusations ? Nous ne répondrons pas, parce que là n’est pas la question. Mais le seul fait qu’on épilogue sur l’instrumentalisation ou non de la justice est très mauvais en soi. Encore une fois, tout n’est que perception.

Outre ces questions soulevées par Y en a marre, Idrissa Seck, Ousmane Sonko et Cie, l’épée de Damoclès au-dessus des têtes ne fait que rapprocher ces leaders de l’opposition, conscients que l’union fait la force. Mais surtout, ce qui est étonnant c’est le regroupement et le rassemblement d’entités que tout opposait jusqu’ici. C’est le cas de l’anachronisme de retrouver le Pds à une rencontre de ‘Y en a marre’. A ce propos, le constat lucide du porte-parole des Libéraux, Babacar Gaye, est édifiant. ‘’Nous avons commis des erreurs qui nous ont fait perdre le pouvoir’’. Il ajoute : ‘’Y en a marre est en train de nous montrer que le gouvernement de Macky Sall n’aurait jamais dû exister. En 5 ans, on n’a jamais vu un président perdre autant de sympathie.’’ Le Libéral semble penser que le régime reproduit les erreurs qui leur ont coûté le pouvoir.

La politique du ‘’tout sauf Macky’’

En effet, l’attitude du président Macky Sall, aux premières heures de son magistère, tranche avec la ‘’surenchère’’ judiciaire actuelle. On ne retrouve plus ce réalisme froid, implacable, qui lui a permis de déjouer toutes les tentatives de regroupement de l’opposition. Il avait réussi à appâter une bonne frange de l’opposition, en agitant la question d’un grand rassemblement des Libéraux. Le dialogue amorcé avec une partie de l’opposition avait également contribué à apaiser l’espace politique. En ce qu’il l’avait profondément divisée.

En politique, ne dit-on pas que l’une des meilleures stratégies est de ‘’diviser pour mieux régner’’ ? (Divide ut regnes, en latin). En effet, tant que l’opposition était occupée à se tirailler, le président Sall avait les coudées franches pour dérouler son programme. Mais aujourd’hui, le Chef de l’Etat cristallise toutes les attentions et est la cible de toutes les attaques. Sur des questions purement politiques, Macky Sall avait montré un certain savoir-faire qui avait fini par déboussoler l’opposition. Une ligne directrice, un travail de sape qu’il semble avoir abandonné. Le dialogue politique est jeté aux oubliettes, alors que, rien que cette question lui permettait de rester le maître du jeu politique et de contenir les assauts de ses adversaires politiques.

Aujourd’hui, en est-on arrivé à un point où l’aversion contre Macky Sall transcende les divergences ? En tout cas, cette politique du ‘’tout sauf Macky’’ a, dans le contexte actuel, une portée significative car elle permet à l’opposition de maximiser ses chances de gagner qui ne sont pas grandes. D’ailleurs, la liste unique n’est pas encore gagnée. Modou Diagne Fada ne dit pas autre chose, lorsqu’il déclare : ‘’Ce n’est pas possible que tous les partis de Manko partent ensemble sur une seule liste. Ce serait ingérable. Il faut au moins trois à quatre listes”.

Par contre, cette dynamique unitaire peut augurer de lendemains désenchanteurs pour le pouvoir, si certains correctifs ne sont pas apportés, d’ici à la Présidentielle de 2019 qui n’est plus très loin. Sous ce rapport, faut-il minimiser le rassemblement du 7 avril dernier à la Place de la Nation, comme l’ont fait pratiquement tous les responsables de l’APR, du moins en public ? Ou bien, comme Zator Mbaye, faut-il en faire une analyse lucide et en tirer les véritables leçons ? Car, ceci est un coup de semonce. Un certain nihilisme a conduit le PDS à sa perte. L’APR va-t-il reproduire les mêmes erreurs ? Tout en sachant que ‘’les mêmes causes produisent les mêmes effets’’.
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