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Commercialisation de l’oignon local : L’Etat défaillant dans la régulation
Publié le lundi 10 avril 2017  |  Walf Fadjri L’Aurore
4ème
© aDakar.com par DF
4ème Forum international sur la finance islamique
Dakar, le 2 juin 2016 - Le quatrième Forum international sur la finance islamique a ouvert ses portes, ce matin, à Dakar. L`évènement se déroule au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio. Photo: Alioune Sarr, ministre du commerce




Depuis 2012, la filière oignon traverse une période difficile.
Elle est confrontée à plusieurs maux dont l’absence de financement des institutions financières, l’absence d’infrastructure de conservation de la production et les difficultés d’écouler la production sur le marché national. Cependant, elle souffre également de la violation des règles du jeu par certains acteurs.
Les agriculteurs sénégalais ont certes cultivé l’oignon mais n’en sentent pas l’odeur. La production locale d’oignon est concurrencée par les fortes quantités importées avant l’arrivée des récoltes. En effet, à cause des errances de l’Etat dans la régulation des marchés, des commerçants ont anticipé sur la période de restriction des importations pour inonder le marché.
La filière souffre de la non-application de la période de restriction mise en place par les autorités depuis 2002 à l’issue de la concertation menée par l’Agence de régulation des marchés (Arm). Cette période de restriction est passée de trois à cinq mois, allant d’avril à septembre entre 2005 et 2007. C’est seulement à partir de 2007, elle est précédée de février à mars par une restriction des importations à 2 000 tonnes, assortie d’une clause transitoire permettant aux opérations déjà enclenchées de se dénouer. Mais force est de reconnaitre que malgré la période de restriction, les commerçants trouvent toujours des astuces pour inonder le marché avant la date d’entrée en vigueur.
La régulation des importations d’oignon avait permis une hausse de la production locale de 70 000 tonnes en 2003 et 120 000 tonnes en 2007, mais aussi des niveaux de prix aux producteurs. Mais, aujourd’hui, malgré les mesures mises en place par l’Etat, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent, la production locale d’oignon peine à couvrir la demande nationale. Des experts expliquent cette difficulté par la saisonnalité de la récolte et la nature du produit qui ne permet pas une longue conservation. En réalité, le calendrier de l’entrée des importations pose un problème à l’écoulement de l’oignon local. Ces importations démarrent en général dès le mois de juillet et se poursuivent jusqu’à la fin du premier trimestre de l’année suivante alors que les premiers oignons locaux arrivent sur le marché en février.
Les ambitions du gouvernement de développer la filière afin d’arriver à une production de 350 mille tonnes en 2017 restent toujours confrontés à des difficultés qui peinent à être solutionnées. Ce, alors que dans le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture au Sénégal (Pracas), l’Etat a prévu près de 20,9 milliards de francs pour développer davantage la filière oignon. Dans sa recherche de solutions aux difficultés de la filière oignon, l’Agence de régulation des marchés (Arm) en concertation avec les parties prenantes du secteur compte mettre en place un système de commercialisation basé sur la contractualisation entre producteurs et transformateurs d’une part et entre transformateurs et commerçants d’autre part. Elle a procédé, avant-hier, à la restitution d’une étude d’analyse portant sur la contractualisation, l’amélioration de la qualité et le financement de la commercialisation de la filière oignon.
Selon le ministre du Commerce, du Secteur informel, de la Consommation, de la Promotion des produits locaux et des Petites et moyennes entreprises, Alioune Sarr, malgré le fait que la filière oignon est protégée par un tarif à l’importation de 35 % dans la cinquième bande du Tarif extérieur commun (Tec), il y a la persistance de quelques difficultés. A l’en croire, l’offre local n’est pas encore en mesure d’approvisionner le marché toute l’année du fait des difficultés de conservation et de stockage mais également des pertes post récoltes d’autres parts. «Le secteur agricole a besoin d’une touche nouvelle pour attirer le secteur privé local et plus particulièrement les commerçants distributeurs, les industriels et la grande distribution comme les supermarchés», a déclaré le ministre. Avant de souligner la nécessité de consolider les liens entre les différents maillons de la chaîne de valeur oignon.
Le représentant de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), Reda Lebtahi, a également relevé que malgré l’atteinte des objectifs de production de 367 500 tonnes d’oignon en 2015, les importations demeurent relativement élevées à hauteur de 140 mille tonnes. Et de préciser qu’une partie de ces commandes s’explique par le manque de compétitivité et de la qualité de l’oignon national. Le gap du Sénégal dans la production est estimé à 150 mille tonnes.
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