Le torchon brûle entre le président de la Croix rouge sénégalaise et les jeunes de la section régionale de Dakar. Très en colère, ces derniers ont assiégé, hier, les locaux de l’organisation pour dénoncer la gestion d’Abdoul Aziz DIALLO.
Ça sent le roussi du côté de la Croix rouge sénégalaise. Après les populations de Diourbel qui ont élevé dernièrement leur voix, des jeunes appartenant à la section régionale de Dakar se sont fait plus qu’entendre. Ils ont, en effet, assiégé, hier, les locaux de l’organisation humanitaire. Ainsi, arrivés sur les lieux un peu après dix heures, ces jeunes, habillés en blouse pour sans doute afficher leur appartenance à la Croix Rouge, s’en sont vigoureusement pris au président de ladite organisation. Arborant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Un président délinquant nous n’en voulons pas», «La Croix rouge sénégalaise pour une gestion transparente», «Une gestion nébuleuse, nous n’en voulons pas», ils ont décrié la gestion de leur président, Abdoul Aziz DIALLO. «Depuis 3 ans, la Croix rouge est en train de vivre les moments les plus sombres de son histoire. Un président qui viole tous les textes de la Croix rouge. Même ceux qui disent que pour être électeur et éligible, il faut avoir une carte de l’organisation datant d’au moins de 3 ans et être fonctionnaire pendant ces 3 ans. Rien tout cela n’est respecté», dénonce Moustapha Ndour. A en croire le porte-parole des contestataires, tout a commencé le 30 septembre 2014. Selon lui, des personnes sont venues adhérer à la Croix rouge au moment où l’instance devait procéder au renouvèlement du comité départemental de Pikine. Poursuivant, il soutient, qu’ils ont voulu participer à l’Assemblée générale alors que, selon lui, certaines d’entre eux n’ont jamais milité au comité départemental. Et ce n’est qu’en juin 2014, observe-t-il, qu’ils ont introduit une lettre de demande de cartes au président du Comité départemental. Avant d’indiquer que c’est par ce procédé qu’Abdoul Aziz DIALLO est parvenu à se maintenir à la tête de la structure en écartant tous ses éventuels rivaux. «Le président de la Croix rouge est en train de faire de la délinquance. Il dit qu’il a renouvelé le Comité départemental de Pikine au siège de la préfecture de Pikine. Pis encore, il a tenu une Assemblée générale sans que le nombre de membres (entre 80 à 86) ne soit atteint. Il l’a tenue avec 54 membres dont 3 par procuration. Cela veut dire qu’il n’a même pas atteint le quorum. Il a donné comme prétexte qu’il a convoqué le Conseil d’administration. Alors que nous savons que dans les textes, les conseils d’administration n’élisent pas les instances», peste le représentant du Comité des jeunes de Malika. Qui trouve qu’au-delà de la violation même des textes et règlements, c’est l’image de la Croix Rouge qui est ternie. «Imaginez une institution, comme la Croix rouge sénégalaise qui draine des milliards, faire son Assemblée générale en moins de 2 heures sans rapport financier, sans quitus du commissaire au compte. Plus grave, dans le cadre d’une évaluation des vulnérabilités et des capacités, Diourbel a été financé à hauteur de 10 millions de F Cfa. Mais jusqu’à présent les femmes qui devaient percevoir cet argent n’ont vu aucun sou. A Pikine on nous parle de programme Wash avec plus de 200 toilettes, ils ont construit que 150 latrines, et sans rapport financier», martèle-t-il. Toutefois ces jeunes disent qu’ils sont plus que déterminés à poursuivre le combat pour que la lumière soit faite sur toutes ces affaires qui ont fini par décourager de nombreux donateurs. «Déjà nous avons saisi la justice. Et nous allons continuer le combat pour alerter l’opinion nationale et internationale, parce que le Secrétaire général de la Croix rouge internationale est un Sénégalais. Peut-être le président aura de la vergogne, il va revenir sur ses décisions. Nous avons commis un avocat et le dossier est pendant devant la justice», fait-il savoir.
Toutefois, ces accusations sont balayées d’un revers de main par M. DIALLO que nous avons interpellé. Qui pour sa part, il soutient que ces jeunes ont été influencés par des gens tapis dans l’ombre. «Ces jeunes, semblent-ils, sont instrumentalisés. Ceux qui les poussent vers moi, aucun d’entre eux n’est présent ici. Ce sont des gens qui étaient là quand j’arrivais en 2010 et qui étaient contre mon élection», déclare-t-il.