Les équipements remis à neuf ou renforcés, la Gambie à l’honneur. Tels sont les points saillants des réjouissances marquant l’an 57 du Sénégal indépendant.
Un anniversaire, ça se fête. Surtout lorsqu’il s’agit de la commémoration de l’accession d’un pays à la souveraineté internationale. Le Sénégal n’a pas failli à la règle. Et hier, un ‘’magnifique’’ défilé a ponctué les festivités du 57e anniversaire de son indépendance. Mieux, l’organisation a tenté de sortir des sentiers battus pour étaler la puissance de feu des Forces de défense et de sécurité. Ainsi, dans le prolongement d’une mise à niveau du matériel et de la logistique, le défilé du 4 avril de cette année a fait voir des innovations majeures. Autant les forces spéciales étaient l’attraction l’année dernière, autant pour cette année, les innovations ont été multiples.
A commencer par le lance-roquettes multiples (LRM BM21 Grad) du bataillon de l’artillerie qui a tenu en ‘’admiration’’ la foule de citoyens venus regarder le défilé. Malgré les barrières et un service d’ordre inclément, ils ont tenu à accompagner le véhicule sur toute la longueur du trajet. ‘‘C’est une arme redoutable dotée de plusieurs lanceurs dont un seul peut détruire des objectifs ennemis sur une surface de 1000 mètres carrés’’, commente le commandant Saliou Ngom de la Direction de l’information et des relations publiques des armées.
La quadrille baïonnette des élèves-officiers de la gendarmerie nationale, tout comme la marche lente du bataillon des parachutistes et celle des commandos, ont été les autres nouveautés.
La quadrille des baïonnettes a assuré l’interlude entre la fin du défilé civil et le début du défilé motorisé. Une chorégraphie des élèves officiers de la ‘‘gendarmerie démontre la discipline, la cohésion militaire’’, explique le commandant Ngom. Une exécution héritée de la puissance coloniale qui est une grande spécialité de sa garde républicaine. D’ailleurs, c’était la seule manifestation dont la musique était préenregistrée. La cadence lente des forces de réserve générale a aussi marqué le défilé militaire. D’habitude succinct, le passage des commandos en bérets marron et des parachutistes en bérets beige, (deux parmi les six unités de réserve générale, ont adopté cette marche) à cadence lente, a impressionné tout le monde. ‘‘Dans les casernes, ce n’est pas une nouveauté puisqu’ils défilent comme ça, mais ils ont décidé de montrer au public ce qui se fait à l’intérieur’’. A cela s’ajoute le nouveau patrouilleur de haute mer de 60 mètres, Fouladou, qui vient renforcer la flotte marine.
Quant à la lutte antiterroriste, les FDS se sont dotées d’un nouveau détachement qu’est l’escadron surveillance et intervention de Dakar. ‘‘J’ai été très satisfait par la bonne organisation du défilé’’, a dit le chef de l’Etat, remerciant le Cemga et le haut commandant de la gendarmerie nationale directeur de la justice militaire, les chefs de service de toutes le FDS, ainsi que les civils.
…La République honore la Gambie
Dans la continuité de la nouvelle lune de miel sénégalo-gambienne, la République voisine a été à l’honneur hier, lors de la 57e célébration de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale. Un échange de bons procédés parce que le Président Macky Sall a été reçu le 18 février dernier en Gambie par son homologue Adama Barrow. Mais hier, il y avait sa vice-présidente, Fatumata Jallow Tambajang, à la tribune d’honneur de la Place de la Nation où s’est tenue la fête, ainsi que le chef d’état-major gambien Masaneh Kinteh.
‘‘Nous sommes vraiment fiers d’assister à la célébration des 57 ans de votre indépendance. Nous sommes de la famille. Tout ce qu’il y a en Gambie existe ici. Le Président Macky Sall démontre toujours un leadership pour l’unité africaine. Nous ne cessons d’être fiers de lui et nous prions pour que Dieu le garde’’, a-t-elle déclaré à la fin de la cérémonie. La présence de la vice-présidente n’était pas le seul égard fait à la République sœur puisqu’un détachement militaire de 25 éléments de l’armée gambienne a eu l’insigne honneur d’ouvrir le défilé militaire à pied. D’ailleurs dans son discours adressé au peuple sénégalais, à la fin de la cérémonie, le Président Sall a tenu à ‘‘saluer la participation remarquable de l’armée gambienne en tant qu’invitée d’honneur de cette édition. Elle a défilé aux côtés de celle sénégalaise. Ce qui montre que c’est la même chose. Rien ne doit défaire cette unité puisque les deux pays partagent tout’’.
Une coopération qui transparaît jusque dans le thème de cette année ‘‘Rôle des Forces de défense et de sécurité (Fds) dans la protection de l’environnement’’. Entre autres atteintes à l’environnement, un intense trafic de coupe et vente illicite de bois s’opère sur la large façade frontalière sud entre les deux pays. Les relations ‘’compliquées’’ avec le précédent Président gambien dépassé, les solutions à ce problème ne manqueront pas de connaître de nouveaux développements. ‘‘Nos ressources naturelles constituent la base vitale de notre base productive sans laquelle il ne peut y avoir ni croissance ni développement. Voilà pourquoi j’ai ordonné les Fds à mutualiser les efforts pour protéger durablement nos ressources halieutiques, forestières, ou végétales’’, a déclaré le chef de l’Etat du Sénégal. Dans la tribune officielle, le Premier ministre de la Guinée Bissau, Oumarou Cissoko Mballow, et le chef d’état-major général des armées mauritaniennes, ont représenté leurs chefs d’Etat respectifs devant leur homologue sénégalais qui n’a pas manqué de saluer ‘‘la coopération entre armées africaines’’.
REACTIONS
Ismaila Madior Fall (conseiller du PR)
‘’L’Etat a l’obligation de protéger nos ressources’’
‘’Par environnement, il faut aussi entendre menaces sur nos ressources naturelles. Le développement du Sénégal repose sur une exploitation judicieuse des ressources naturelles. Qu’elles soient extractives ou autres, l’Etat a l’obligation de les protéger pour qu’elles soient profitables aux populations sénégalaises.’’
Landing Savané (Aj/Pads authentique)
‘’Le matériel que nous avons vu nous rassure’’
‘’Nous avons eu un très bon défilé des Forces de défense et sécurité. Ça rassure les Sénégalais et dans le contexte actuel, tout le monde a besoin d’être rassuré. On peut être rassuré, mais les choses évoluent très vite et quel que soit l’état de vos forces, il faut toujours se mettre à jour. Le matériel que nous avons vu nous rassure. Nous prions qu’il soit toujours dans notre possibilité de les actualiser. Il faut reconnaître que l’environnement est une question cruciale dans notre pays comme dans d’autres. Qu’il soit physique, moral, sécuritaire ou éthique, poser la problématique de l’environnement, c’est aussi faire état des problèmes des sociétés dans lesquelles nous vivons. Les populations, les jeunes en particulier, doivent se mobiliser pour garantir l’environnement de paix et de sécurité.’’
Alioune Badara Cissé (Médiateur de la République)
‘’Le Sénégal devra continuer de se célébrer tous les jours…’’
‘‘C’est un cœur qui a battu tout au long du défilé au rythme d’un peuple et d’une nation en évolution. Un peuple sécurisé par une armée qui a fait une démonstration de force en révélant des équipements nouveaux, le tout destiné à assurer la sécurité de nos personnes et de nos biens. Une vaillante jeunesse qui se dessine et se confirme avec des femmes intégrées dans des métiers en général réservés aux hommes, je pense que le Sénégal se célèbre et devra continuer de se célébrer non pas seulement un 4 avril de chaque année mais tous les jours et tous les ans.’
El Hadji Ibrahima Sall (Parti Demain la République)
‘’Nous sommes rassurés de la qualité de nos équipements’’
‘‘En réalité, le seul débat d’un pays, c’est la question de l’indépendance nationale. Aujourd’hui, c’est une fête remarquable. D’abord, c’est une fête de l’armée. Notre armée a défilé avec de grandes innovations, notamment la marche lente avec de nouvelles unités. Nous sommes rassurés de la qualité de nos équipements. C’est rassurant pour la défense. Au-delà de l’armée, c’est l’heure de se poser de bonnes questions pour le pays, voir si nous sommes sur la bonne trajectoire en matière de démocratie, en matière économique et politique.
Je pense que sur ce point, il faut organiser un vaste dialogue requérant un grand consensus à l’échelle du pays, pour mieux avancer (...) Pour ce qui est de la problématique de l’Indépendance, c’est une question essentielle pour toute l’Afrique. Pour l’instant, il faut dire que nous avons énormément de contraintes. Mais quand vous voyez les débats qui sont posés autour du franc CFA, sur la préférence nationale, on se rend compte que les pays africains sont en train effectivement de se poser les bonnes questions pour aller dans la bonne direction. Et je suis très confiant en l’avenir du continent.’’