Ouvrir la piste de l’AIBD, y faire décoller la compagnie nationale Air Sénégal SA et faire venir les aérodromes en appui ; faire du Sénégal un hub sous régional du transport aérien, surtout que les deux premières composantes seront bientôt en service. Ces objectifs ont été révélés hier, lors d’une rencontre de partage avec les partenaires.
Longtemps considéré comme un hub aérien naturel, le Sénégal a progressivement perdu ce privilège, depuis la mort de la compagnie continentale Air Afrique et les limites rencontrées par l’aéroport de Dakar. Mais les autorités comptent redonner au pays sa position d’antan. Et pour cela, elles comptent s’appuyer sur trois leviers : l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD), la nouvelle compagnie aérienne Air Sénégal SA et les aéroports régionaux et aérodromes en bon état. ‘’Des avancées significatives sont enregistrées dans la réalisation de chacune des composantes du projet hub aérien. C’est pourquoi nous nous plaisons d’identifier l’année 2017, année d’envol pour le transport aérien du Sénégal’’, s’enthousiasme la ministre de tutelle, Maïmouna Ndoye Seck. Elle s’exprimait hier, lors d’un atelier sur la question destiné aux partenaires.
En effet, les autorités veulent passer de 2 millions de passagers environ par an actuellement à 5 millions à l’horizon 2023, dont 3 millions de touristes. Car le secteur aérien doit également beaucoup participer à la promotion du tourisme. Cela suppose bien sûr un AIBD fonctionnel. Le ministre rassure que, malgré tous les retards accumulés, les travaux avancent actuellement sans contrainte ni surplus financier. Et qu’en avril aura lieu la réception de l’ouvrage pour un démarrage officiel de l’exploitation, à la fin de l’année. Le DG de l’AIBD se montre très confiant quant au respect des délais. À l’écouter, on dirait que tout est fin prêt. ‘’Il était longtemps attendu, le voilà ! ’’ s’est-il exclamé.
D’après lui, c’est un ouvrage construit pour l’avenir. 4 500 ha de superficie, une piste qui prend en charge les rotations jusqu’à 10 millions de passagers sans besoin d’une piste supplémentaire, 79 positions d’avions par an, avec une place spéciale pour l’avion présidentiel qui ne devrait plus gêner. Tout cela sans compter les 80 000 mouvements d’avions et les 50 000 tonnes par an de fret. Si l’exploitation technique est confiée à l’Asecna, celle commerciale, par contre, restera aux Aéroports du Sénégal (ADS).
Air Sénégal SA
Pour mieux accompagner l’ouverture de l’aéroport, le pavillon national est lui aussi retenu, dans les mêmes délais. Il est même prévu avant cette échéance. Car, Air Sénégal SA devrait se positionner, dès l’entame du trafic à l’AIBD. ‘’Notre ambition (est) d’assurer le vol inaugural d’AIBD avec un avion propre de la compagnie nationale’’, révèle la ministre. Mais pour y arriver, il faut sans doute accélérer la cadence. À l’heure actuelle, la compagnie est à la phase de création et de mise en œuvre. Une opération qui se termine au mois d’avril. Viendra après la phase opérationnelle. C’est pour cette raison d’ailleurs que le Directeur général de cette société, Lamine Sow, a indiqué aux partenaires potentiels qu’il n’y a pas encore d’opération consolidée en termes de compagnonnage. ‘’Nous sommes ouvert à toutes sortes de partenariats, qu’il soit industriel, capitalistique…’’, précise-t-il.
Avant même d’avoir un appareil, les responsables de la compagnie se montrent très ambitieux. Ainsi le DG soutient que l’objectif commercial est de rentabiliser en quatre ans. Mais aussi la société vise à être leader dans la sous-région, avec une présence sur toutes les destinations. Pourtant, rien ne lui sera offert sur un plateau d’argent. Car d’ores et déjà, la concurrence a pris 26,4% du marché de la défunte Sénégal Airlines. 32 compagnies aériennes dont 27 régulières fréquentent le Sénégal. Il va falloir donc non seulement reprendre ce ‘’dû’’, mais aussi aller à l’assaut des niches.
Cependant, la ministre de tutelle ne veut pas que l’accent soit mis sur le retour sur investissement. D’après elle, ce n’est ni une question de prestige, ni pour des raisons pécuniaires. ‘’Une compagnie dans un pays n’est pas toujours question de rentabilité. C’est d’abord un outil stratégique de développement. Nous allons viser l’équilibre’’, rectifie-t-elle.
Aérodromes
En fait, selon certains chiffres livrés au cours de la séance, une compagnie nationale représente 25 à 30% du trafic national. En Côte d’Ivoire par exemple, le trafic a atteint 1,9 million de passagers. Le pavillon ivoirien a enregistré 700 000 voyageurs. A propos du troisième levier, 5 aérodromes seront réhabilités dans un premier temps. Il s’agit de Saint-Louis, Matam, Tamba, Ziguinchor et Kédougou. Le démarrage des travaux est fixé pour l’année 2017. Un deuxième lot de 4 aéroports régionaux va suivre dont Kaolack et Podor. A terme, les 14 régions du pays seront toutes dotées d’infrastructures de même nature.