L’Institution national de Pédologie (Inp), en collaboration avec les producteurs des groupements Facc Diome et Takkou Liguey de Koussanar (région de Tamba), a mis en place un champ test en milieu réel, sous la supervision de l’expert coréen Park Yang Ho. Une manière de développer des stratégies de management du sol pouvant permettre à certaines spéculations de résister à la forte chaleur qui entrave considérablement le développement des plants dans cette partie du pays.
La zone de Tamba est un saite où le développement du maraîchage est confronté à plusieurs contraintes, notamment le manque d’eau, la température élevée et surtout l’insuffisance de connaissances de bonnes techniques de production. A travers le partenariat entre l’Institut national de pédologie (Inp) et l’Agence coréenne de coopération (Koica), Park Yang Ho, âgé de 70 ans, expert coréen en fertilisation et gestion du sol et membre de l’Académie des Sciences de Corée, a accompagné la délégation de l’Inp Tamba pendant six mois. Durant ce séjour de transfert de technologie, il a travaillé avec la délégation de l’Inp sur plusieurs questions de gestion durable des terres, parmi lesquelles le système de billonnage et de paillage avec la sciure de bois associée à de la paille.
Grâce à cette technique, les producteurs de Koussanar ont pu développer des périmètres maraîchers malgré l’intensité de la chaleur et l’insuffisance d’eau. Cette technologie coréenne a consisté à accorder beaucoup plus d’attention au travail du sol, en faisant d’abord les analyses de sol, le labour, le phosphatage et le paillage. Un transfert de technologie qui nécessite aujourd’hui une bonne vulgarisation dans la zone de Tambacounda qui est confrontée à la forte chaleur et à un manque d’eau considérable.
Transfert de technologies
Dans sa mission d’impulser et de coordonner les actions allant dans le sens de gérer de façon rationnelle la ressource sol, d’améliorer les conditions d’utilisation du sol pour une meilleure productivité, l’Inp, à travers sa délégation de Tamba, a déroulé des activités de transfert de technologies vers les producteurs pour le développement du maraîchage à Koussanar. Ces technologies de gestion du sol (gestion de l’humidité et de la fertilité), permettront de faire face à la forte canicule qui entrave le développement du maraîchage dans la zone de Tamba.
Durant cette expérimentation en milieu réel, les producteurs ont eu à apprendre directement dans le champ test. Chaque producteur a essayé en même temps de le refaire dans sa propre parcelle en suivant les différentes étapes du processus technique enseigné par l’expert de la Koica. Les objectifs recherchés par l’Institut national de pédologie sont d’une part partager l’expérimentation (transfert de technologie, champ école) et, d’autre part, dégager des perspectives. Vu sous cet angle, il s’agira de développer la technologie dans des jardins maraîchers, d’élargir un partenariat entre les acteurs et d’encourager les producteurs et les élèves à travers six stratégies.
Stratégies d’intervention
Il s’agit, entre autres stratégies, de procéder à un labour très profond allant jusqu'à 50 cm ; ce qui va permettre d’augmenter la capacité de rétention du sol au niveau du profil cultural. Il est aussi question, dans un second temps, d’appliquer une forte dose de phosphate naturel suivant les résultats d’analyse du sol, contrairement aux recommandations standard appliquées en pareille circonstance.
Une autre stratégie consiste à faire des billons, en associant le sol avec le compost et les fertilisants minéraux à base de potassium et d’azote qui constituent «le basal application». Une quatrième stratégie vise à faire un paillage des sillons et légèrement des billons. Il s’agira aussi, pour une autre stratégie, de couvrir les billons avec la paille et la sciure de bois fine. Et pour finir, l’ultime stratégie consiste à suivre maintenant l’itinéraire technique de la spéculation.
Koussanar 2CONSERVATION ET RECUPERATION DES SOLS: UN OUTIL DE LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION
Ce sont 70 femmes de Koussanar qui ont eu à bénéficier, pendant cinq mois, de l’assistance de l’expert de la Koica, Park Yang Ho, dans le cadre de l’appropriation de techniques de gestion rationnelle des périmètres maraîchers, en vue d’une meilleure productivité.
La journée de réflexion et de partage d’expériences ainsi que de transfert de technologies tenue à Koussanar a permis un large échange avec les producteurs et les différents acteurs du développement d’une technologie de gestion du sol et de sa fertilité. Compte tenu de l’expérience test réussie qui a été faite durant cinq mois dans le champ des femmes, l’espoir de faire face à la forte chaleur qui entrave considérablement le développement du maraîchage à Tamba est aujourd’hui permis. L’adjoint du sous-préfet de la localité de Koussanar, Daman Bâ, a salué l’intervention de l’expert qui a eu un impact positif sur l’activité agricole des populations. «Les différentes techniques développées durant ces cinq mois d’apprentissage ont été adoptées par les femmes qui ont promis de les démultiplier», se félicite-t-il.
Pour ce dernier, à travers la délégation de l’Inp de Tamba, l’Etat du Sénégal entend développer les filières horticoles pour aider les ménages à lutter contre la malnutrition. Pour sa part, le chef de la division des productions végétales, Aliou Badji, représentant le directeur régional du développement rural, a remercié le Dr Park Yang Ho «pour avoir, d’une manière désintéressée, accepté d’accompagner les femmes bénéficiaires pour la réussite de ce programme test». Il a en outre souhaité que les connaissances acquises soient partagées avec celles qui n’ont pas eu la chance de bénéficier de ce programme. Il a aussi encouragé les élèves qui ont assisté à la visite du champ expérimental à concrétiser cette technique dans leur jardin d’école ou chez eux, afin de pérenniser les acquis.
Pour la représentante des femmes bénéficiaires, le champ test a permis d’améliorer les techniques culturales, surtout la production des légumes.
«Ce qui aura un impact certain sur l’alimentation des populations, surtout celles des couches les plus vulnérables». Selon elle, le transfert de technologie à travers les conseils avisés de l’expert coréen est un outil nécessaire de lutte contre la malnutrition «qui, jusqu’à présent, n’est pas éradiquée dans certaines localités de la région de Tambacounda». La maîtrise des facteurs sol, intrant et bonne pratique agricole est devenue un impératif pour les producteurs maraîchers de Tambacounda. C’est pourquoi l’initiative prise par l’Inp et la Koica a été vivement saluée lors de l’atelier de partage. Lors de cet atelier, il a été constaté qu’une bonne appropriation des techniques de gestion durable des terres va favoriser une meilleure productivité. C’est en cela que le travail de M. Park a été salué d’autant qu’il s’agissait de conserver et de récupérer des sols, dans un contexte de spécificité climatique difficile.
Pape N Diagne KoussanarPAPA NEKHOU DIAGNE, DIRECTEUR TECHNIQUE DE L’INP: « L’INP COMPTE AIDER LES POPULATIONS À ADOPTER LES NOUVELLES TECHNOLOGIES »
Le directeur technique de l’Institut national de pédologie, Papa Nékhou Diagne, fait dans cet entretien la synthèse de la journée de réflexion, de partage d’expériences et de transfert de technologies de Koussanar.
Quelle est la mission de l’Inp dans ce contexte particulier de conservation et de fertilisation des sols ?
L’Inp est un institut très attendu dans la diffusion des bonnes pratiques de gestion durable des terres (Gdt). Ces pratiques pouvant provenir du niveau national comme international pour autant qu’elles soient applicables chez nous. C’est la raison pour laquelle l’Inp s’est approché de la coopération coréenne qui a bien voulu mettre à notre disposition un volontaire (Park Yang Ho) spécialiste en fertilisation des sols pour l’accompagnement dans sa mission de diffusion des bonnes pratiques.
Quel a été le résultat de cette relation entre l’Inp et la coopération coréenne dans le cas très spécifique de Koussanar ?
Après le séjour du volontaire et l’application des technologies de maintien de la fertilité et de l’humidité des sols en zone très chaude, l’Inp est aujourd’hui en train de capitaliser et de montrer aux acteurs locaux à Koussanar les résultats obtenus. A la veille du retour du volontaire coréen, l’Inp a organisé une cérémonie de restitution des résultats obtenus, de suivi et de visite de terrain en compagnie des autorités locales, des chefs de services techniques et des populations. Cela a été aussi l’occasion pour eux de remercier la Koica pour son accompagnement.
Quelle a été l’appréciation des résultats obtenus ?
Le constat était que les autorités et les services techniques ont agréablement apprécié les résultats sur le terrain. Les autorités de l’Inp sont très heureuses de l’appropriation par les populations des technologies enseignées. Il y a eu un volet important qui a consisté à démultiplier l’opération pour les populations dans la localité. Ce qui veut dire que celles-ci ont su mesurer et apprécier l’impact positif et la rentabilité des connaissances acquises lors de la définition des bonnes pratiques. Cela au grand bonheur de l’Inp qui, dans son approche, a toujours privilégié la démonstration qui est la stratégie indiquée pour pousser les populations rurales à l’adoption des technologies nouvelles. Nous saluons aussi les efforts du directeur général Mame Ndéné Lô qui est en train de mettre en œuvre, à l’Inp, les grandes orientations du ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural, lequel vise un développement agricole durable.