Le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne est catégorique : « Il n’y a pas de politique de deux poids, deux mesures dans l’engagement du gouvernement de faire de la reddition des comptes une règle de gouvernance ». Répondant à une question posée par le député Awa Guèye sur cette prétendue façon de faire la politique, il a estimé que le gouvernement traite les dossiers soumis « sans passion et sans aucune volonté d’humilier quiconque ». Selon lui, « si certains dossiers sont sur la place publique, ce n’est pas la faute du gouvernement ».
Revenant sur la genèse de cette histoire, M. Dionne a renseigné que c’est en juin 2015 que l’Ige a inspecté 7 collectivités locales que sont Dakar, Fatick, Guédiawaye, Pikine, Ziguinchor et Kaolack. Par la suite, le chef de l’État a approuvé ces dossiers avant qu’ils ne soient transmis au gouvernement. Deux dossiers ont fait l’objet d’une information judiciaire ; deux autres, jugés « moins graves », ont été transmis à la Cour des comptes.
Il a noté qu’il y a même eu des maires du parti présidentiel qui ont répondu à la justice. Tout ceci vient confirmer, d’après le Premier ministre, l’engagement pris par le gouvernement qui disait : « Je ne protégerai personne ». Pour lui, depuis lors, l’Ige inspecte les ministres, les députés et les élus de manière générale.
Caisse d’avance ...« Ce n’est pas une caisse noire »...
La fameuse caisse d’avance de la mairie de Dakar existe bel et bien. Mais, le chef du gouvernement a fait savoir qu’elle date de 1997, juste après la réforme, pour permettre à la capitale de faire face à certaines dépenses. « Cette caisse d’avance existe, mais pas depuis Carpot. Elle a existé et c’était principalement parce que nous sommes à Dakar, en 1997, après la réforme. Elle a été institué pour le règlement des frais de manifestations à l’occasion d’accueils de personnalités, d’inaugurations et cérémonies populaires de la ville de Dakar pour 10 millions de FCfa. Mais aussi pour faire face à certaines dépenses d’urgence comme un chef d’État qui vient à Dakar en visite officielle », a expliqué Mahammed Boun Abdallah Dionne, précisant que cette caisse «n’est guère un fonds politique». Pour lui, il n’existe pas de fonds politiques dans ce pays, mais plutôt des fonds de souveraineté voté par les députés. A l’en croire, quand on parle de fonds de souveraineté, c’est surtout par rapport à l’espionnage et au contre-espionnage.
…« Le gouvernement n’a aucun problème avec un quelconque Sénégalais »
Le gouvernement n’a aucun problème avec qui que ce soit. « L’Exécutif et le gouvernement du président Macky Sall n’ont aucun problème avec aucun Sénégalais qui a une ambition politique », a précisé le chef du gouvernement, estimant que si c’était le cas, ils n’approuveraient pas le budget 2017 de la mairie de Dakar qui s’élève à plus de 66 milliards de FCfa. « Tout cela a été approuvé par le préfet de Dakar. Donc, nous n’avons pas de problème, et il ne saurait y avoir de problème politique. On dit que c’est un dossier politique, mais s’il y avait un problème politique avec des élus de Dakar, vous pensez que le préfet, chef de l’Exécutif local, approuverait, sans murmure, le 14 février 2017, un budget qui se chiffre à plus de 66 milliards de FCfa ? » s’est interrogé le Premier ministre. Pour lui, c’est à la justice et à elle seule de tirer au clair cette question.
Dialogue politique : « Il n’y a pas de relations difficiles entre pouvoir et opposition »
Suite à l’interpellation de la présidente du groupe parlementaire des Libéraux et Démocrates, Aïda Mbodj qui a dénoncé des relations « difficiles et heurtées » entre le régime en place et l’opposition, le Premier ministre a indiqué qu’il ne faut pas sacrifier le peuple au prix du dialogue.
D’après Mahammad Boun Abdallah Dionne, il n’y a pas de relations difficiles entre le pouvoir et l’opposition. « La démocratie ne doit pas également être la conséquence de deal. Celui qui incarne ce pays s’est battu tous les jours à faire respecter la Constitution. C’est l’égalité de tous devant la loi », a martelé le Premier ministre. Selon lui, la loi est universelle et générale. « Il faut que la justice fasse son travail. Dans notre propre camp, il y a des gens qui sont déférés devant la Commission de discipline financière de la Cour des Comptes. Je pense qu’au prix du dialogue, il ne faut pas sacrifier le peuple », a-t-il convié. « Donc entente oui, mais sur quoi ? Si c’est pour s’entendre sur l’impunité, non. Nous sommes des serviteurs du pays et nous allons servir notre pays dans la loi », s’est-il voulu très clair.
Revenant sur la question qui concerne l’installation du chef de l’opposition qui tarde encore à se réaliser aux yeux de Mme Aïda Mbodj, il a fait savoir que le chef de l’opposition sera le fruit, la conséquence d’un dialogue. « Ça ne peut que se discuter. C’est pourquoi le président a mis en place la commission de dialogue politique », a-t-il rappelé. C’est après seulement, à ses yeux, qu’il sera consacré un chef de l’opposition dans le droit positif sénégalais.
Quant au recours à l’appareil judiciaire pour régler des comptes politiques, le Premier de préciser : « Notre pays fonctionne sur la loi. Il n’y a pas de deux poids, deux mesures. Nous devons féliciter la justice, elle fait bien son rôle ».
Au sujet du processus électoral, « ici nous avons dépassé les histoires de fraudes dans les élections. Cela ne peut plus arriver dans ce pays. Je vous assure que la posture du président, c’est la paix et l’équilibre dans ce pays », a-t-il confié.
« Le Sénégal, c’est la maturité démocratique »
Dans son intervention sur le « supposé » recul démocratique et la pacification du climat politique, le Premier ministre a rassuré la société civile ainsi que les acteurs qui s’activaient tous les jours à promouvoir la paix sociale, en témoignant que le Sénégal, c’est la maturité démocratique.
« C’est le peuple du 19 mars 2000, c’est le peuple du 23 juin… C’est le même peuple et il donne tous les jours des leçons de modestie au gouvernement qui est là pour servir et non se servir. La société civile appelle à plus de gouvernance dans le débat public. Nous ne sommes pas des va-t-en guerre, par contre, nous sommes pour la loi. C’est cela le fondement du vivre ensemble », a précisé Mahammad Boun Abdallah Dionne. Il a certifié que le Sénégal sous Macky Sall, c’est la loi, rien que la loi, pour tous ». Mahammad Boun Abdallah Dionne a rappelé la vision du chef de l’État qui est de promouvoir l’égalité pour tous, la reddition des comptes et la bonne gouvernance. « Ce que le président demande, ce n’est que la loi, rien que la loi puisse gouverner ce pays », a-t-il défendu.