Des réponses adéquates ne peuvent être apportées à la lutte contre la traite des êtres humains au Sénégal parce qu’il n’existe quasiment pas de statistiques pour mesurer l’ampleur du phénomène. L’analyse est du coordonateur de projets Traite des personnes et trafic illicite de migrants au Bureau régional Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Office des Nations unies de lutte contre la drogue et le crime (Onudc /Brao), Issa Saka. Il a pris par hier, mardi 21 mars, à l’ouverture d’un séminaire de renforcement de capacités des fonctionnaires de la Police nationale sur la traite et le trafic de personnes.
A l’image de tous les pays de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal est concerné par le trafic d’êtres humains dont les filles, les femmes et les enfants sont les principales victimes, alerte le coordonateur de projets Traite des personnes et trafic illicite de migrants au Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’ Office des Nations unies de lutte contre la drogue et le crime (Onudc /Brao), Issa Saka. S’exprimant hier, mardi 21 mars, à l’ouverture d’un séminaire de renforcement de capacité des fonctionnaires de la Police nationale sur la traite et le trafic des personnes, il a déploré qu’au Sénégal, «qu’il s’agisse de l’exploitation sexuelle des femmes dans les ‘’djiouras’’ à Kédougou, la mendicité forcée des enfants talibés dans les centres urbains, ou encore l’exploitation des filles domestiques vers les pays du moyen orient, les chiffres demeurent inexistants». L’absence de statistique fait que les réponses apportées à la question restent mitigées.
Pis, la protection des victimes de la traite est encore à l’état de projet, fustige-t-il. Or, la lutte contre la traite des personnes est d’une impérieuse nécessité car, fait remarquer Issa Saka, elle constitue une menace sérieuse à la sécurité humaine en ce sens qu’elle affecte la vie des victimes. Pour le coordonateur de projets Traite des personnes et trafic illicite de migrants au Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Onudc, l’une des meilleures manières de lutter contre la traite est de faire en sorte que les cas soient détectés. Les limites dans le contrôle aux frontières et une méconnaissance des natures de la traite des personnes conduisent à une mauvaise identification de ce phénomène. Ce qui mène, selon Issa Saka, à une impossibilité d’identifier les victimes et de poursuivre les auteurs.
Parlant de l’ampleur de la traite et du déficit d’outils de mesure de la pratique, le chef de poste frontalier de Kédougou, Adjudant Moussa Faye, salue l’initiative de la Cellule de lutte contre la traite des personnes. A son avis, la pratique connait une proportion inquiétante dans la région aurifère. Du fait que l’orpaillage constitue la principale activité génératrice de revenus (40%), et la montée de la pauvreté (plus de 70% de la population), les couches les plus vulnérables dans la zone sont victimes de traite et de pratiques similaires au trafic des êtres humains. La jeunesse de la population, (40% ont moins de 15 ans) augmente aussi le risque d’abus.
Le représentant du président de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes, Moustapha Ka, a rappelé que la traite des personnes constitue un appât de gain considérable pour les bandes criminelles. C’est dans ce sens qu’il soutient que le plan d’action mis en place par la cellule et qui ira jusqu’en 2017, œuvre pour une formation des différents acteurs intervenant dans la riposte. Des procureurs et juges des zones où la traite des personnes est beaucoup plus présente ont déjà bénéficié d’un renforcement de capacité. Ils précédent en cela, les officiers de police judicaire dont la formation est cruciale pour la diligence des enquêtes. Une bonne formation des agents de police renforce la qualité des enquêtes, a expliqué Issa Saka.
28% DES VICTIMES DE TRAITE SONT DES ENFANTS : 62% parmi eux vivent en Afrique de l’ouest
Le coordonateur de projets, traite des personnes et trafic illicite de migrants au bureau régional de l’Office des nations unies de lutte contre la drogue et le crime pour l’Afrique de l’ouest et du centre (Onudc), Issa Saka, présidant l’ouverture de l’atelier de renforcement de capacité des fonctionnaires de la police nationale sur la traite et le trafic de personnes est revenu sur le rapport mondial sur la traite des personnes publié sa structure. Selon Issa Saka, le rapport montre que les femmes et les filles sont plus victimes de la traite du mariage et de l’esclavage sexuel. Des victimes de sexe masculin ont été aussi dénombrées. Les recherches montrent aussi que 28% des victimes dans le monde sont des enfants dont 62% en Afrique subsaharienne et 64% en Afrique centrale et des Caraïbes. Pis, 69 pays ont eu à détecter des victimes de la traite en provenance d’Afrique de l’ouest entre 2012 et 2014.