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Législatives 2017 - Tête de liste de l’opposition à Dakar: "Khalifa Sall est une bonne formule selon des analystes
Publié le mercredi 15 mars 2017  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par DF
Le maire de Dakar Khalifa Sall accueilli par ses partisans après son audition par la DIC
Dakar, le 22 février 2017 - Le maire de Dakar Khalifa Sall a été accueilli par des dizaines de personnes à la fin de sa première audition par la Division des investigations criminelles. L`audition a duré plus de 10 heures de temps.




L’opposition sénégalaise gagnera à mettre en tête de liste à Dakar le maire socialiste de la ville, Khalifa Sall, pour les législatives du 30 juillet. C’est en tout cas ce que semblent dire certains analystes interpellés par Sud Quotidien hier, lundi 13 mars, suite à l’idée émise par le porte-parole du Parti démocratique sénégalais (Pds), Babacar Gaye. De l’avis du Dr Moussa Diaw, professeur chercheur en Science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis «cette stratégie semble bien plausible». Une position que partage le journaliste analyste politique, Momar Ndiongue, qui estime, en outre, que ladite stratégie n’a de sens que si elle est reproduite dans les autres localités.

MOMAR NDIONGUE, JOURNALISTE ET ANALYSTE POLITIQUE : «Une très bonne formule pour l’opposition»

Ça peut être une très bonne formule pour l’opposition que Khalifa Sall soit sa tête de liste à Dakar. Ceci pour plusieurs raisons. La première raison est que Khalifa Sall a eu à gagner à Dakar en 2009, tout aussi il a eu à le refaire en tant que tête de liste de la coalition Taxawu Dakar, lors des élections de juin 2014. Et qui peut le plus peut le moins. Si Khalifa Sall a été capable de gagner devant le Parti démocratique sénégalais (Pds), d’abord en mars 2009, sans avoir toute l’opposition derrière lui, et s’il a été aussi capable de gagner devant Benno Bokk Yaakaar en juin en 2014, s’il a toute l’opposition derrière lui à fortiori, c’est là une garantie de vaincre à Dakar. Il se trouve aussi que la situation que traverse Khalifa Sall fait qu’il avait un certain nombre d’handicaps qui peuvent être réglés désormais. Le premier de ces handicaps est qu’on disait que Khalifa Sall n’était pas connu en dehors de Dakar, maintenant la situation qu’il vit et qui a un retentissement national et international, fait qu’il gagne en notoriété. Ensuite, il y a l’effet de victimisation qui va jouer à fond. La coalition que conduira Khalifa Sall à Dakar aura un bon moteur de campagne avec la situation qu’il vit en ce moment et qu’une bonne partie de l’opinion considère comme un acharnement contre un adversaire politique. Et, cet effet de victimisation a toujours joué au Sénégal.

Cela a été favorable à Moustapha Niasse et à Djibo Ka lorsqu’ils étaient sortis du Parti socialiste (Ps) en 1998. En 2000, Djibo Ka et Moustapha Niasse ont réalisé leurs plus grands scores dans une élection présidentielle avec 17% pour Moustapha Niasse et 7% pour Djibo Ka. S’ils avaient réalisé ce gros score, c’est parce que tout simplement les Sénégalais considéraient qu’ils étaient victimes d’un acharnement de la part du pouvoir. Le phénomène s’est également produit en 2007 avec Idrissa Seck. Pour celui-ci, ce qui a ralenti son ascension fulgurante est tout simplement son jeu de yoyo qu’il faisait avec Abdoulaye Wade, mais il avait lui également réalisé un grand score parce que beaucoup considéraient qu’il était victime du pouvoir d’Abdoulaye Wade. La preuve il avait même devancé l’Alliance des forces de progrès (Afp) de Moustapha Niasse en 2007 et Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste qui était quatrième. Le même phénomène a également joué avec Macky Sall en 2012 quand il est sorti pour créer un parti qui n’avait juste que 5 ans mais qui avait malgré tout gagné l’élection présidentielle.

L’autre facteur qui doit expliquer que le choix de Khalifa Sall soit une bonne formule pour l’opposition est que : jusqu’à présent, Khalifa Sall me semblait être dans une échappée solitaire. Il avait plutôt cultivé une certaine distance par rapport au reste de l’opposition, mais il est clair que maintenant il y a un large mouvement de l’opposition qui se fait autour de sa personne. Il y a quelques temps, il était inimaginable que l’opposition puisse penser faire de Khalifa Sall leur tête de liste à Dakar. Mais l’erreur du pouvoir qui a consisté à faire de Khalifa Sall une victime, fait que toute l’opposition envisage de se retrouver derrière sa personne. Donc, si on prend en considération tout ce que je viens d’indiquer, cela peut être une très bonne formule d’avoir Khalifa Sall comme tête de liste à Dakar.

Cependant, la candidature de Khalifa Sall à Dakar n’a de sens que si l’opposition parvient à reproduire la même chose dans les autres localités. J’ai toujours pensé que si l’opposition parvenait à faire une investiture à la carte, elle peut inquiéter le pouvoir. Ce que j’appelle une investiture à la carte, c’est que Khalifa Sall a son fief à Dakar, c’est son bastion politique. Il y est bien implanté. Et faire de lui la tête départementale garantit quasiment la victoire. On peut faire pareil avec Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, Cheikh Bamba Dieye à St-Louis et Idrissa Seck à Thiès. Quelqu’un comme Malick Gakou qui est très implanté dans la banlieue pourrait être tête de liste de l’opposition à Guédiawaye. Et si toute l’opposition se met dans le cadre des listes départementales derrière ces têtes de pont, il est clair qu’elle peut créer des problèmes au pouvoir.

DR MOUSSA DIAW, PROFESSEUR CHERCHEUR EN SCIENCE POLITIQUE A L’UGB : «Cette stratégie me semble bien plausible»

Cette déclaration montre bien les préoccupations de l’opposition par rapport à cette question et par rapport à la recherche d’un leadership pour mener la lutte. Le fait de proposer Khalifa Sall rentre dans le combat politique mené par l’opposition. Pour l’instant, le dossier est pendant devant la justice. Il n’est pas encore condamné. Donc, dans le combat politique, l’opposition peut bien proposer Khalifa Sall comme tête de liste, et faire la même chose dans les régions. C’est une stratégie qui peut crédibiliser l’opposition, qui peut lui permettre de se montrer victime d’une forme d’exécution politique et surtout de renforcer l’opinion publique en sa faveur et mener le combat politique au niveau national. Ça pourrait porter des fruits parce qu’on est dans le temps politique et que ce temps permet de développer des stratégies pour avoir l’opinion publique autour de soi. Cette stratégie me semble bien plausible. Elle montrera que l’opposition est capable de s’unir. Cette question va cristalliser l’opposition autour de cette personnalité politique qui est considérée comme victime et mener la mobilisation autour du renforcement de la démocratie, de la liberté de ton et de la justice sociale et politique. Il me semble que ça rentre dans une bonne guerre que l’opposition veut mener par rapport à cette question cruciale.

La campagne électorale a déjà commencé même si on parle de voyage économique. L’opposition est en train de faire la même chose, en sillonnant les régions. Ce sera l’occasion pour elle, de s’organiser au niveau des départements, de se réunir autour de personnalités, surtout de proposer un projet de société. (…) Au niveau local, la politique doit être de proximité. Au niveau national, on ne peut pas concevoir un projet qui va englober l’ensemble des populations. Il faut voir, de façon périphérique, les problèmes qui se posent. Parce qu’au niveau local, il n’y a pas les mêmes problèmes d’une région à une autre, ou d’un département à un autre. Donc, il faut faire le tour de la question en se rapprochant des populations, pour mieux identifier des projets de société plus adaptés à leur réalité. Il faut faire le tour du Sénégal, afin de concocter et d’impliquer les populations dans les décisions, en termes de développement économique et social.
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