La traversée du fleuve Doué ne présente plus de risque. La construction d’un pont permet de transformer la vie des populations de cette partie du département de Podor.
Le soleil se couche au bord du fleuve Doué. Il marque un beau cercle aux couleurs vives que certains ne manquent pas d’immortaliser, tellement le spectacle est saisissant. Un homme de teint clair pêche à la ligne. Son véhicule est garé non loin de la rive. Un peu plus loin, des jeunes, des femmes se baignent dans ce cours d’eau. Les plus jeunes nagent. Une femme assise à côté d’eux fait le linge. Après avoir bien rincé les habits, elle prend son savon et plonge dans le fleuve, pour prendre son bain.
Les habitants font le linge, prennent leur bain et lavent même les animaux dans le fleuve, renseigne-t-elle. Sur les risques sanitaires que cela peut entraîner, notre interlocutrice répond : ‘’Depuis plusieurs années, je fais mon linge dans ce fleuve et je ne suis pas tombée malade.’’ L’ambiance est festive.
Fluidité du trafic
Le Doué divise Ndioum en deux parties : Ndioum Walo et Ndioum Diéry. Et pour rejoindre l’une des deux parties de la ville, les habitants prenaient le bac ou la pirogue. Avec la construction d’un grand pont, la traversée du fleuve qui était un danger au quotidien, comme l’avait titré un camarade de promotion dans son mémoire de grande enquête au Cesti (Centre d’études des sciences et techniques de l’information), ne présente plus de risque. À tout instant, charrettes, motos, véhicules empruntent ce pont réalisé grâce au MCA (Millinium challenge Account) pour partir à Ndioum Walo ou rejoindre d’autres localités de l’Ile à Morphil.
Avant la réalisation de cette infrastructure, rappelle Diouldé Dia, un jeune trouvé au bord du fleuve avec son cheval, il y avait beaucoup de cas de noyade. Surtout, dit-il, quand le bac était en panne. Pendant toute cette période, les pirogues régnaient en maître. Elles assuraient la desserte entre les deux rives. Les barques étaient chargées, surchargées même de personnes et de bagages, se remémore Diouldé Dia. Même pour faire passer les vaches, il fallait payer. Ce qui ralentissait les activités commerciales dans la zone, ajoute Harouna Niasse. Ce dernier qui se définit comme un thioubalo (pêcheur) est en train de réparer deux pirogues. Il utilise ces chaloupes pour faire une petite promenade dans le fleuve. Mais la pêche, il ne la pratique plus, parce que l’activité ne nourrit plus son homme. Aujourd’hui, il est ouvrier maçon. En plus, il fait aussi de la peinture, du carrelage. Un homme aux multiples métiers.
Au moins 10 ponts pour désenclaver la zone
La soixantaine révolue, M. Niasse note que le pont de Ndioum est d’une utilité incommensurable. Traverser le fleuve Doué, à l’époque, dit-il, était un véritable parcours du combattant. D’ailleurs, rappelle-t-il, il arrivait que beaucoup de voyageurs passent la nuit à Ndioum, parce qu’ils arrivaient en retard. Le bac à l’arrêt, il n’y avait aucune possibilité de traverser ce fleuve pour ceux qui ont un véhicule. Les habitants de Ndioum Walo qui voulaient construire leurs maisons devaient acheminer le ciment, le fer, le béton via les pirogues. Là, il fallait casquer fort. Ce qui renchérissait considérablement les coûts de la construction. Avec le pont, tous ces problèmes sont résolus. Harouna Niasse plaide pour la construction d’une dizaine de ponts le long de ce fleuve et sur les autres cours d’eau, pour mieux désenclaver l’Ile à Morphil.
Aujourd’hui que tout le monde emprunte le pont, le commerce autour du ferry a complétement disparu. Alors qu’il était florissant, se souvient Diouldé Dia. De nombreuses femmes faisaient du commerce au bord du fleuve. Il a disparu avec le ferry, laissant place à ce gigantesque pont qui fait le bonheur de ceux qui veulent rejoindre Ndioum Walo ou d’autres localités de l’Ile à Morphil.