A l’image des autres femmes, les pensionnaires de la maison d’arrêt et de correction (MAC) de Liberté VI ont elles aussi célébré la journée internationale dédiée à la gent féminine. Les prisonnières ont communié avec le personnel de l’administration pénitentiaire mais elles ont aussi exprimé leurs doléances au ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, présent à cette cérémonie clôturée par un concert de Coumba Gawlo Seck.
Elles sont certes privées de liberté, mais les pensionnaires de la Maison d’arrêt et correction (MAC) de Liberté VI ont elles aussi célébré le 8 mars. Journée dédiée à la femme. Pour la circonstance, elles ont reçu des dons dans une bonne ambiance festive. Elles en ont profité pour transmettre un certain nombre de doléances au ministre de la Justice, présent à la cérémonie. Parmi les complaintes des prisonnières, il y a la question des longues détentions. A ce propos, leur porte-parole a fait savoir au Garde des Sceaux que les femmes en sont toujours victimes, malgré la permanence des Chambres criminelles. ‘’Alors que des hommes inculpés en 2014 sont jugés, certaines d’entre nous, écrouées depuis 2011, continuent à croupir en prison’’, a laissé entendre la prisonnière qui s’est plainte du sort de leurs enfants laissés à eux-mêmes, parce qu’il n’existe pas de structure pour leur prise en charge.
La détenue a aussi déploré le comportement de certains avocats qui, même constitués par les inculpées, disparaissent après l’inculpation. ‘’Des fois, nous payons des avocats, mais nous ne les voyons plus. Ce qui fait que le jour du procès devant la Chambre criminelle, nous nous retrouvons avec un avocat qui a à peine lu le dossier’’, a fulminé la dame. Sur sa lancée, elle a plaidé l’indulgence envers les femmes au moment de la condamnation. ‘’Les peines en criminelle sont souvent lourdes. Lorsqu’une femme est condamnée à 15 ans de travaux forcés, il y a de fortes chances qu’elle soit déjà ménopausée à sa libération’’, a argué le porte-parole qui a également souhaité que les détenues soient traitées avec beaucoup plus de dignité devant la Chambre criminelle, lors de leur transport au tribunal par le GIGN (Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale).
Quid de leurs conditions de détention ? Les pensionnaires du Camp Pénal se disent satisfaites de la gestion du Colonel Daouda Diop, Directeur de l’administration pénitentiaire. Selon le porte-parole, celui-ci a rendu meilleur leur séjour carcéral. Après ce moment de complaintes, les prisonnières se sont laissé aller sous les notes de la chanteuse Coumba Gawlo Seck qui les a gratifiées d’un concert. Tout de blanc vêtues, elles ont oublié le temps d’un après-midi les rigueurs de la vie en esquissant des pas de danse, au moment où les gardes pénitentiaires se contentaient de remuer des épaules ou des pieds. Mais lorsque la diva sénégalaise et son groupe ont entonné un second morceau, les prisonnières ont été ‘’chassées’’ de la piste par les gardiennes de prison, ainsi que les femmes du ministère de la Justice (magistrats et autres membres du personnel judiciaire) venues communier avec elles.
Même le Garde des Sceaux et le Colonel Diop ont été poussés à esquisser quelques pas en l’honneur des femmes. Pour ce dernier, il était important pour la direction de l’administration pénitentiaire de permettre aux détenues de célébrer la journée internationale de la Femme. ‘’Cette journée concerne toutes les femmes. Qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur, il était de notre devoir de faire participer les femmes détenues, pour qu’elles puissent communier avec le personnel et l’extérieur’’, a soutenu le Colonel Diop. Et d’ajouter : ‘’C’est très difficile d’être privé de liberté. Un peu de joie et de gaieté leur permet d’oublier un tant soit peu leur peine.’’