‘’Nous avons la chance d’appartenir à un pays où être femme est synonyme d’être une citoyenne à part entière. Dans d’autres pays, ça n’existe pas. C’est un atout qu’il faut savoir saisir.’’ Cette assertion est d’Amy Sarr Fall, directrice générale du mensuel ‘’Intelligence magazine’’. Souriante et décontractée, d’une humilité débordante, cette native de Dakar est une personnalité qui dégage un flegme perceptible. Chez cette ancienne étudiante de l’Université américaine de Paris (UAP), le 8 mars est avant tout une occasion pour rendre un hommage aux pionnières pour leurs sacrifices consentis. ‘’A l’époque, être leader dans les temps de Madame Maïmouna Kane, d’Annette Mbaye d’Erneville, d’Aminata Sow Fall, de Caroline Faye etc. n’était pas une sinécure’’, reconnaît-elle.
Engagée, cette passionnée des sciences de l’information et de la communication estime qu’être femme ne doit pas être un obstacle ni même un atout en tant que tel. C’est pourquoi, contrairement à beaucoup d’autres femmes, elle a une appréciation mitigée de la parité. ‘’C’est une bonne chose, mais ce n’est pas une fin en soi. Car, si on se limite à la parité, cela veut dire qu’on ne dépassera jamais le seuil de 50/50. Et moi, j’espère que bientôt, ce sont les hommes qui vont réclamer la parité, vu le rythme où vont les choses (résultats excellents des filles à l’école et la valeur numérique des femmes)’’. Pour son combat en faveur de la promotion du leadership et l’entrepreneuriat féminin, Amy Sarr Fall a été désignée, en 2016, femme de l’année au Sénégal, par les calebasses Awards, succédant ainsi à Me Aissata Tall Sall.
Se sentant redevable à son pays qui lui a presque tout donné, elle a décidé, au terme de ses études et stages en France et aux Etats-Unis, de rentrer mettre son savoir-faire au service de son pays dont elle se dit fière. Sur sa page facebook (1 311 741 fans), de même que dans sa biographie foisonnante sur internet, le visiteur est attiré par une phrase qui traduit la philosophie de celle qui se considère modestement comme la ‘’sœur et marraine’’ de la jeunesse sénégalaise. ‘’Il ne faut pas que nous soyons des citoyens spectateurs, mais des citoyens acteurs du développement’’, proclame-t-elle.
Au lendemain de la grande rentrée citoyenne organisée au Grand théâtre, elle a été invitée à l’Université de Harvard où elle a tenu un discours sur le leadership et l’entrepreneuriat féminin en Afrique. Puis, à l’Université de Columbia, sur initiative du philosophe Pr Souleymane Bachir Diagne, avant de répondre à un autre appel de son ancienne université pour évoquer le décrochage scolaire et la promotion de l’excellence. Tentée par la politique ? Elle répond : ‘’Le jour où j’aurai une ambition politique, je l’assumerai.’’