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Au Sénégal, des "boutiques du droit" pour rapprocher la justice des femmes
Publié le mercredi 8 mars 2017  |  AFP
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© Présidence par DR
Le PR rencontre les pêcheurs et femmes transformatrices à Mbao
Dakar, le 26 Juillet 2016 - Le président de la République a eu une rencontre avec les pêcheurs et femmes transformatrices à Mbao. Il a promis de les aider davantage.




Thiès (Sénégal) - Depuis 2008 au Sénégal, des juristes offrent une assistance juridique gratuite aux femmes dans le besoin en les accueillant dans des "boutiques du droit", dont la dernière en date a été inaugurée à Thiès (ouest) à l’occasion de la Journée de la femme.

La boutique du droit de Thiès, ville à 70 km à l’est de Dakar, fonctionne depuis janvier mais elle a été officiellement inaugurée mardi - veille de la Journée de la femme - lors d’une cérémonie solennelle par l’Association des juristes sénégalaises (AJS), qui en est à l’origine.

Cette structure "est un centre d’accueil, d’assistance et d’orientation des victimes des violences basées sur le genre", a expliqué à l’AFP Seynabou Dieng, coordinatrice de la Boutique du droit de Thiès.

"Mais on peut dire que nous traitons le droit de façon générale. Nous répondons aux sollicitations de la population sur les questions d’ordre juridique", le centre contribue à l’"orientation pour une justice de proximité", a ajouté Mme Dieng.

Sa création répond à "un besoin", face à "la recrudescence des cas de violence", a-t-elle dit, indiquant que de nombreuses victimes hésitaient encore à saisir la justice pour diverses raisons: ignorance, crainte ou manque de moyens notamment.

Au Sénégal, beaucoup au sein de la population ont "un peu peur du prétoire, ils n’ont pas un accès effectif au niveau de la justice, a-t-elle précisé.

L’AJS, qui compte plus de 300 membres, a créé au total huit boutiques du droit depuis 2008 à travers tout le pays, selon ses responsables. Ces structures sont ouvertes à tous les demandeurs sans distinction de sexe mais, au constat, elles sont plus fréquentées par les femmes.

En matière de justice, les hommes "sont beaucoup plus informés que les femmes. Elles ne maîtrisent pas, elles ne connaissent pas bien le droit", a souligné Seynabou Dieng.

- Marraines de quartier -

Mardi, Fatou Diouf, était présente à Thiès pour l’inauguration de la boutique du droit qui, selon ses responsables, a déjà conseillé et assisté depuis janvier une cinquantaine de personnes.

Mme Diouf est venue du village de Ndayane (environ 60 km au sud de Thiès), dont elle est la chef des "badiènou gokh", appellation en langue wolof qu’on peut traduire par "marraines de quartier".

Sur le terrain, ces femmes font office de conseillères auprès des jeunes filles, des femmes enceintes et de soutien moral pour les couples, entre autres fonctions.

Elles aident à résoudre des problèmes de santé ou à lever des blocages dans une société encore en proie à des pesanteurs sociales et culturelles défavorisant les jeunes filles et les femmes, qui représentent un peu plus de la moitié des quelque 15,3 millions d’habitants du Sénégal, selon les
projections officielles pour 2017.

A Thiès, Fatou Diouf s’est renseignée sur les droits d’une femme en cas de violences. "Je suis venue apprendre" et, une fois de retour au village, "je saurai comment défendre les femmes de mon quartier et celles de mon district", a-t-elle confié.

Mada Guèye Lô, sage-femme à la retraite de Thiès, peinait à avoir des conseils sur les textes fondateurs de son association. "Ca fait trois mois qu’on était en train de voir qui trouver, qui consulter, et on n’avait pas de solution. La boutique nous a permis de régler notre problème", a-t elle affirmé.

Selon Seynabou Dieng, la boutique du droit de Thiès a surtout été sollicitée pour des problèmes liés à la famille et à l’état civil.

Il s’agit de "problèmes de droit de la famille, particulièrement défaut d’entretien, divorce" et aussi "non-inscription des enfants à l’état civil, de parents qui ne sont pas déclarés à l’état civil, encore moins leurs enfants et là, c’est un problème crucial qui sévit dans la région", précise-t-elle.




eio-cd-cs/mrb/jlb
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