Selon Me Amadou Ali Kane, avocat et conseiller juridique de la Raddho, l’honnêteté et la probité de Khalifa Sall, mairie socialiste de Dakar, «ne sont pas mises en cause» dans l’affaire liée à la gestion de la caisse d’avance de la ville de Dakar pour laquelle le procureur de la République a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire. Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sud Fm hier, dimanche 05 mars, l’avocat qui estime que Khalifa Sall ne s’est pas enrichi personnellement a cependant reconnu que cette affaire est complexe et qu’il faut s’attendre à des rebondissements.
La communication du procureur de la République sur certains dossiers pendants devant la justice (7 affaires) lors de sa conférence de presse de vendredi dernier, continue de susciter des commentaires. Dernière en date, la sortie Me Amadou Ali Kane, avocat et conseiller juridique de la Raddho. Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sud Fm hier, dimanche 05 mars, l’avocat qui a tenu à souligner que l’exercice de Serigne Bassirou Guèye est légal sur la forme, a cependant déploré la violation du principe de secret de l’information de l’instruction par le maitre des poursuites.
En effet, selon lui, «le principe du secret de l’information de l’instruction fait que le procureur ne devait pas détailler les éléments matériels d’une affaire pendante devant la justice et qui d’ailleurs n’est pas encore arrivée aux mains du juge d’instruction». Par ailleurs, Me Amadou Ali Kane a estimé que «l’honnêteté et la probité du responsable socialiste ne sont pas mises en cause dans cette affaire» et cela, malgré l’engagement affirmé du procureur de l’ouverture d’une information judiciaire contre Khalifa Sall dans le cadre de cette affaire qui pourrait, selon lui, connaitre des rebondissements.
Pour cause, estime Me Amadou Ali Kane, «le procureur de la République n’est pas un magistrat indépendant. Il dépend du ministre de la Justice, lequel dépend à son tour de son chef de gouvernement qui est le Premier ministre qui dépend à son tour du président de la République ». À ce titre, l’avocat n’a pas manqué de s’interroger sur l’opportunité de la décision du maitre des poursuites d’ouvrir une enquête sur le rapport de l’Inspection générale d’État qui ne date d’aujourd’hui. «Le procureur est maitre des poursuites, il a l’opportunité des poursuites mais c’est un homme qui est soumis au pouvoir hiérarchique. Il ouvre le robinet pénal quand ça arrange en particulier sa hiérarchie, lorsque celle-ci le lui demande. Est-ce que, aujourd’hui, à quelques mois des législatives, il fallait sortir cette affaire ou attendre la fin de législatives parce qu’il s’agit d’une affaire connue avant puisque le rapport (de l’Ige) en question, sauf erreur de ma part, existe quand même depuis un bon bout de temps». Et l’avocat d’ajouter dans la foulée : «Ensuite, pourquoi un seul, le maire de Dakar, est concerné par cette affaire ? Pourquoi pour toutes les mairies qui ont une caisse d’avance, on n’a pas cherché également de quelle façon ces fonds ont été utilisés ? Là aussi, cela pose un problème de discrimination».
Loin de s’en tenir là, Me Amadou Ali Kane, disant s’appuyer sur des informations concoctées dans la presse, a déclaré que Khalifa Sall n’a pas fait état d’un enrichissement personnel. «Selon les informations parues dans la presse, Khalifa Sall n’a pas fait état d’un enrichissement personnel. Tout au plus, ce qu’on peut le reprocher, c’est qu’il a utilisé des sommes d’argent en faveur de personnes, d’associations ou autres. On va certainement lui demander de justifier tout cela mais à ce stade, son honnêteté et sa probité ne sont pas mises en cause. Personne ne lui reproche de s’être enrichi personnellement avec cet argent. Et, il faut rappeler qu’il y a une coutume qui est peut-être compatible avec la loi ou contraire avec la loi au niveau de la mairie de Dakar qui fait que cette caisse d’avance est utilisée un peu comme une sorte de caisse noire. Tout simplement, parce qu’il faut soutenir les associations quand il y a des finales de coupes, les Gamou, les Magal, la communauté Chrétienne quand il y a Noël ou Pâques». Au final, dira l’avocat estimera que «cette affaire est très complexe et n’a fait que commencer et qu’il faut s’attendre à des rebondissements avec une éventuelle convocation de plusieurs autres personnes».