Convoqué à comparaitre devant le doyen des juges d’instruction ce jour, lundi 06 mars 2017 à 15 heures, dans le cadre de l’affaire dite de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, Khalifa Sall a craché du feu sur une procédure entachée depuis le début par la violation manifeste de toute forme de justice équitable. Pis, devant la presse, ses sympathisants, des leaders de l’opposition et Serigne Moustapha Sy (guide des Moustachidines), il a dénoncé une cabale politique contre un potentiel adversaire à la présidentielle de 2019, savamment orchestrée depuis la présidence de la République, avec le bras armé du Procureur de la République Serigne Bassirou Guèye. Un magistrat qui a délibéré tronqué, selon le maire de Dakar, les recommandations du rapport de l’inspection générale d’Etat (Ige), à l’unique fin de le réduire au silence.
LE MAIRE DE DAKAR QUALIFIE LE DOSSIER DE POLITIQUE
En vérité, la salle de délibération du Conseil municipal de Dakar a abrité hier, dimanche, une conférence de presse aux allures de meeting politique. À côté des militants socialistes qui lui sont proches, fortement mobilisés, il avait également dans cette salle un parterre des personnalités politiques mais aussi religieuses venues exprimer leur soutien au maire socialiste de la ville de Dakar, lors de cette dernière rencontre avant son face-à-face avec le doyen des juges d’instruction, Samba Sall. Prenant la parole devant la foule de militants et «amis» souteneurs, le maire de Dakar a réfuté toutes les déclarations du procureur de la République. Accusant ce dernier de ne pas dire la vérité à la presse lors de sa conférence de presse, Khalifa Sall a qualifié ce dossier de politique visant à l’empêcher de continuer ses tournées. Khalifa Sall s’est dit toutefois prêt à aller en prison que d’arrêter sa marche vers les législatives du 30 juillet.
En effet, selon lui, beaucoup de personnes proches du pouvoir sont venues lui confier que s’il cessait ses tournées, toute cette machine contre ses camarades et lui s’arrêterait aussi. Mais le maire de Dakar comme pour mettre ses détracteurs devant leurs responsabilités s’est même dit prêt à se décharger de tous ses postes au niveau national et international pour se mettre à la disposition de la justice plutôt que de renier son engagement d’offrir une nouvelle alternative à ce régime vis-à-vis du peuple sénégalais. Parlant des faits d’escroquerie et de détournement de deniers publics évoqués par le procureur de la République lors de sa conférence de presse, Khalifa Sall déclare : «Tout le monde sait que depuis 2009, la mairie de Dakar est la mieux gérée au Sénégal parce que depuis que je suis arrivé, je veille personnellement à ce que la transparence règne dans la boite. J’ai inscrit la gestion citoyenne de la ville dans la transparence. Depuis 2009, j’ai institué le contrôle citoyen et mis en place le conseil consultatif de la ville. Je l’ai fait par conviction parce qu’aucun texte ne m’y obligeait. Depuis 2009 également, je ne me suis impliqué dans la passation des marchés de la ville qui font l’audit de l’Armp et qui à chaque fois donne la meilleure note à la ville, ce qui renforce sa crédibilité. Je n'ai jamais fait de transaction frauduleuse ou de quelconque nature allant dans le sens contraire à la transparence». Et de poursuivre : « Pourquoi alors vouloir jeter l’opprobre sur des gens qui ne font que servir et travailler ? Nous ne l’accepterons pas», a prévenu Khalifa Sall dans un ton ferme. Avant d’ajouter dans la foulée : «Je veux de prime abord que les uns et les autres sachent que cette question, cette situation est fondamentalement, essentiellement, uniquement politique».
«LE PROCUREUR N’A PAS DIT LA VÉRITÉ À LA PRESSE»
Le maire de Dakar a également réfuté de manière formelle les déclarations du procureur de la République tenues lors de sa conférence de presse. Selon lui, contrairement à ce qu’a dit Serigne Bassirou Guèye dont «l’allégeance au pouvoir exécutif exprime le profond malaise qui gangrène notre système judiciaire», c’est le président de la République Macky Sall qui a ordonné l’ouverture d’une information judiciaire contre lui. Mieux, Khalifa Sall précise que «l’enquête n’a pas porté sur les recommandations du rapport de l’Ige» mais que ce document a été seulement utilisé comme prétexte pour mettre en place un complot dont le but avoué est de réduire au silence un potentiel adversaire à la présidentielle de 2019. «L’enquête a volontairement tronqué ou omis, pour manipuler l’opinion, l’implication du président de la République dans cette affaire. Le procureur de la République a déclaré que le dossier lui a été transmis par l’Inspection générale d’Etat (Ige). Vous savez tous que ce n’est pas exact. C’est le président de la République qui lui a transmis le dossier. D’ailleurs tous ceux qui connaissent le fonctionnement de l’Ige savent qu’elle transmet directement ses rapports au président de la République avec des recommandations qu’il peut ériger en directives. La saisine de la justice est une prérogative exclusive de monsieur le président de la République et c’est bien lui qui a transmis le rapport de l’Ige au procureur pour l’ouverture d’une information judiciaire», a martelé Khalifa Sall. Dans la foulée, le maire de Dakar a souligné que cette information judiciaire devait porter sur deux points dont : « les conditions de création et de fonctionnement de la caisse d’avance». Ensuite, «l’utilisation fait des crédits utilisés à travers ces fonds». Ce qui n’est pas le cas selon lui. Car, a-t-il déclaré, «jamais dans le déroulement de l’enquête, le procureur ne s’est intéressé aux conditions de création et de fonctionnement de la caisse. L’enquête n’a pas porté sur les recommandations de l’Ige. Mais, le rapport a été un prétexte pour mettre en place un complot dans le but avoué est de réduire au silence un potentiel adversaire à la présidentielle de 2019. Toute l’enquête a été orientée sur l’utilisation des fonds de la caisse d’avance pour faire sensation.»
KHALIFA SALL PRÊT À RÉPONDRE AU DOYEN DES JUGES, LA TÊTE HAUTE.
Lors de ce face-à-face avec la presse, le maire de Dakar a également indiqué avoir été informé par un de ses avocats, samedi dernier, de sa convocation à comparaitre avec ses collaborateurs devant le doyen des juges d’instruction, Samba Sall, ce lundi 06 mars 2017 à 15 heures. Selon lui, cette convocation intervient au lendemain de l’annonce par le procureur de la République de son intention de saisir le juge d’instruction « après une enquête préliminaire conduite uniquement à charge sans respecter une seule fois la présomption d’innocence qui constitue un droit inaliénable dans toute procédure pénale». Cependant, donnant rendez-vous à tous ses militants au tribunal, Khalifa Sall a assuré qu’il se présentera devant le bureau du doyen des juges la tête haute, cela même s’il aurait pu remettre en question cette enquête qui «depuis le début, a été menée au mépris des principes d’une bonne administration de la justice et des règles élémentaires qui gouvernent la procédure».
Khalifa Sall a également fait état, entre autres manquements, des violations des droits de la défense avec le refus des enquêteurs de la Dic de le laisser se faire assister par ses avocats, contre l’article 5 de la directive de l’Uemoa qui donne droit à toute personne de se faire assister par ses avocats.Ou encore, la violation du secret de l’enquête par le procureur de la République uniquement pour faire sensation. Voire les procès-verbaux d’auditions qui ont été immédiatement communiqués à certains organes de presse qui se sont fait l’écho des convictions des enquêteurs. « Et, nous avons tous assistés à ce lynchage médiatique par trois organes principalement ». Et, en dernier lieu, il a relevé les déclarations du procureur de la République qui n’a pas dit l’entièreté des déclarations des cinq membres de son administration. «Au lieu de dire la vérité à la presse, le procureur a tronqué les réponses de mon directeur administratif et financier devant les enquêteurs de l’Ige et de la Dic, toujours avec le même objectif de faire sensation et d’essayer à justifier à priori, auprès de l’opinion, les desseins politiques qu’il est en train de servir. Ce que les gens doivent savoir, c’est que j’ai été présent dans la salle au moment de la confrontation et ce qu’a dit le procureur n’est qu’une citation. Il n’a pas dit, il n’a pas lu, il n’a pas porté à la connaissance de l’opinion l’entièreté des déclarations des cinq (05) membres de notre administration».
KHALIFA SALL FOND EN LARMES EN PLEINE CONFERENCE DE PRESSE
C'est un fait inédit qui s'est déroulé à la mairie de Dakar lors de la conférence de presse de Khalfia Sall. Parlant des accusations portées sur sa personne, le maire de Dakar, en expliquant comment il fait pour gagner sa vie honnêtement, a fondu en larmes. Khalifa Sall, pris par l'émotion a expliqué que sa famille a été choquée par les accusations portées sur sa personne. Il a expliqué que ses amis ont été surpris car il se saigne pour s'en sortir sans avoir recours aux moyens de la mairie. Khalifa Sall a expliqué qu'il est maire depuis 2009 mais ne vit des moyens de la mairie et qu'il travaille parallèlement à son poste de maire. Il a déclaré qu'il travaille avec des institutions internationales qui lui font confiance alors il n'a pas besoin de l'argent de la mairie. Il a fondu en larmes causant l'hystérie collective dans la salle de la mairie de Dakar.
AFFAIRE DE LA CAISSE D’AVANCE DE LA MAIRIE DE DAKAR KHALIFA SALL DEMANDE A MACKY SALL DE DÉCLASSIFIER LE RAPPORT DE L’IGE
Lors de face-à-face avec la presse aux allures de meeting politique, le maire de Dakar a défié ouvertement ses accusateurs, avec à leur tête le président de la République, Macky Sall, que personne ne peut mettre en cause sa gestion à la ville de Dakar. Rejetant en bloc toutes les informations et fuites des procès-verbaux d’auditions diffusés par certains organes de presse et les incriminations du procureur de la République, le maire socialiste de Dakar a invité officiellement le président de la République à déclassifier le rapport de l’Inspection générale d’État concernant la ville de Dakar afin que tous les Sénégalais puissent apprécier par eux-mêmes. Selon lui, «l’Ige n’a jamais parlé dans son rapport de détournement ou d’escroquerie».
KHALIFA SALL CONVOQUE SES ACCUSATEURS DEVANT LA CREI
Autre démenti apporté lors de ce face-à-face avec la presse, c’est l’utilisation de la somme des 30 millions qu’il aurait, selon le procureur, versée au Gie Tabar. Apportant sa réponse à cette question, Khalifa Sall déclarera : «Personne ne peut faire du gré à gré avec 30 millions. Cette caisse a été créée pour raisons politiques, c’est pourquoi d’ailleurs elle a existé pendant 30 ans sans que personne n’en parle. Aujourd’hui, on veut faire de cette question un cheval de bataille pour se battre politiquement contre un homme. Et comme dit l’autre, ce n’est pas 30 millions qu’on me donnait et que je mettais dans ma poche. Je suis tellement imbu de la chose publique, en devenant maire, que j’ai fait ma déclaration de patrimoine. En 2014, j’ai renouvelé ma déclaration de patrimoine et de manière exhaustive. Je n’ai pas résigné, je n’ai pas refusé de donner tous les documents que l’Ofnac me demandait. Cet argent de la caisse d’avance n’a pas servi à un enrichissement quelconque et je défie tous ceux-qui m’accusent. Qu’on, aille à la Crei et à l’Ofnac et on verra bien qui peut justifier ses biens».
MAMADOU DIOP DECROIX SUR L’AFFAIRE DE LA CAISSE D’AVANCE : «Si Macky Sall obtient ce qu'il veut, Khalifa Sall ira en prison»
Venu prendre part à la conférence de presse du maire de Dakar sur l'affaire de la caisse d'avance, Mamadou Diop Decroix semble être certain, lui, que ce dernier est à deux pas de la prison de Rebeuss. Pour le leader politique Sénégalais, « si Macky Sall obtient ce qu'il veut, Khalifa Sall ira en prison ». Toutefois, a-t-il dit, « là n'est pas le plus important. Il s'agira de continuer à s'opposer. Quitte à l'obliger à construire de nouvelles geôles pour emprisonner tous les leaders de l'opposition ». Et Mamadou Diop Decroix de proposer à la suite de Me Amadou Sall, une mouvance unitaire de toute la gauche lors des prochaines législatives afin de s'octroyer la majorité à l'Assemblée nationale.