Un nouveau départ de la relation bilatérale entre le Sénégal et la Gambie : tel semble le sens de la visite officielle de trois jours que le nouveau président gambien entame depuis hier, jeudi 02 mars, à Dakar. Reçu en grande pompe dans la capitale sénégalaise, Adama Barrow s’est engagé avec son homologue sénégalais Macky Sall à fortifier l’axe Dakar-Banjul, avec la signature d’un ensemble d’accords (coopération, défense..) entre les deux pays. Qui plus est, lors d’une conférence de presse conjointe tenue avec Macky Sall au Palais de la République, le nouvel homme fort de Banjul s’est dit disposé à réglementer avec son homologue le commerce de bois de la Casamance vers le Sénégal, et à s’investir de manière dynamique à la recherche de la paix dans la partie sud du Sénégal.
Le président de la République de Gambie, Adama Barrow , a tenu hier, jeudi 2 mars, son engagement vis-à-vis du peuple sénégalais et de son président qui était de consacrer sa première visite à l’étranger au Sénégal. Arrivé à Dakar, en milieu de journée, Adama Barrow, après un accueil officiel à l’aéroport par son homologue sénégalais, a tenu avec celui-ci une séance de travail au Palais. Une séance qui s’est terminée par une conférence de presse conjointe.
Lors de cette rencontre, le président Sall a notamment tenu à saluer ce geste de son homologue gambien. En effet, selon Macky Sall, «en consacrant sa première visite à l’étranger au Sénégal, le président Barrow traduit assurément le nouvel état d’esprit que nous voulons bâtir de part et d’autre entre les deux pays». Au passage, le président sénégalais a annoncé plusieurs actes que lui et son hôte entendent poser dans « le sens du raffermissement des relations fraternelles entre les deux pays, fondées sur une histoire commune, la géographie et la parenté entre nos peuples ».
Dans son mot de bienvenue, Macky Sall a notamment fait part de la signature d’un certain nombre d’accords au cours de cette visite. De même, le chef de l’État a également annoncé l’institution de «rencontres régulières de haut niveau pour assurer le suivi des dossiers, examiner les projets sur l’axe Dakar-Banjul, en vue de la résolution d’éventuelles difficultés ». Par ailleurs, le chef de l’État sénégalais a souligné que pour marquer cette «volonté partagée d’impulser un nouveau souffle à notre coopération », des instructions ont été données à «l’ensemble des ministres, d’éviter des lourdeurs protocolaires et de travailler directement ensemble sur des questions qui concernent les deux pays». Se prononçant sur les accords qui seront paraphés au cours de cette première visite de son homologue, Macky Sall a indiqué qu’ils concernent plusieurs domaines dont «le commerce, la sécurité, la justice et tous les autres secteurs, le tourisme, la pêche. Nous allons travailler d’arrache-pied».
Prenant la parole à son tour, le président Gambien a exprimé tout son souhait de jeter une nouvelle base de relation avec le Sénégal. Ainsi, il a assuré qu’il va accompagner le Sénégal dans plusieurs dossiers notamment dans la résolution du problème de trafic du bois de la Casamance et la recherche de la paix en Casamance pour ne citer que ceux-là.
TRAFIC DE BOIS DE LA CASAMANCE VERS LA GAMBIE : Le deux présidents pour la réglementation du commerce
Autre sujet évoqué lors de cette conférence de presse des deux chefs d’État, le phénomène du trafic de bois de la Casamance vers la Gambie. Interpellés sur cette question, les deux chefs d’État ont affirmé leur volonté commune de non seulement mettre fin à cette situation qui cause beaucoup de préjudices à la forêt Casamançaise mais aussi de jeter les bases d’une nouvelle coopération autour de ce bois dont le commerce, selon eux, «doit être réglementé» entre le Sénégal et la Gambie.
Se prononçant le premier sur le sujet, le président Barrow a assuré qu’«avec le président Sall, nous avons eu des échanges sur la question du bois de la Casamance. J’ai rencontré aussi des professionnels du bois de la Gambie, je leur ai dit que nos relations avec le Sénégal doivent se faire sur la base de règles claires. La Gambie ne doit pas pratiquer une activité commerciale qui nuit aux intérêts du peuple sénégalais. Nous n’accepterons plus ce trafic illicite du bois de la Casamance vers la Gambie. Avec le gouvernement du président Sall, nous allons travailler ensemble pour mettre fin à cette pratique et jeter les bases d’une nouvelle collaboration qui arrangerait nos deux pays». Poursuivant son propos, le chef de l’État gambien qui était accompagné d’une forte délégation ajoutera : «Le commerce du bois doit être discuté entre les deux pays. C’est le Sénégal qui dispose du bois. S’il ouvre ses portes, on pourra faire le commerce. Nous sommes prêts à discuter avec le Sénégal sur le commerce légal du bois. Il ne doit pas y avoir de fraude entre les deux pays, tout doit se passer normalement».
Prenant la parole à son tour, le président Sall s’est également inscrit dans cette dynamique de la réglementation du commerce du bois de la Casamance pour, dit-il, «éviter la destruction de la forêt casamançaise». «Nous avons convenu de mettre un terme au trafic. Nous y mettrons un terme. Que ce soit le trafic de bois, de drogue et toutes sortes de trafic qui alimentent l’insécurité dans cette région. Si nous pouvons organiser la concertation entre les deux États, entre les acteurs de deux pays, nous pourrons assainir le secteur du bois et permettre une activité licite qui pourrait se développer sous le contrôle des gouvernements, des services de l’environnement des pays».
RECHERCHE DE LA PAIX EN CASAMANCE : Macky Sall salue les efforts du Mfdc
Lors de cette rencontre entre les deux chefs d’État et la presse nationale et internationale au Palais de la République, le président de la République, Macky Sall, est également revenu sur le climat calme qui règne actuellement en Casamance. Répondant à une question relative aux dispositions que lui et son hôte du jour comptaient prendre pour la paix en Casamance, le président Sall a notamment salué les efforts des éléments du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) qui, si on en croit le chef de l’Etat sénégalais, sont à l’origine de ce calme. En effet, selon Macky Sall qui a précisé d’emblée que le «Sénégal veut la paix», «depuis que je suis là, il n’y a pas eu de problème en Casamance, plus de coup de feu et nous discutons. C’est lent mais ce sont des problèmes complexes». Poursuivant son propos, le chef de l’Etat sénégalais a par ailleurs affirmé avoir sollicité son homologue gambien qui a accepté «de nous apporter son soutien dans la recherche de la paix en Casamance».
ECHOS…
BARROW DIT NIET AU F CFA
Ceux qui s’attendaient à voir la Gambie abandonner sa monnaie pour venir agrandir le rang des pays de l’Union économique et monétaire des États d’Afrique de l’ouest (Uemoa), avec l’arrivée du président Barrow au pouvoir, peuvent déchanter. Interpellé hier, lors de sa conférence de presse conjointe avec le chef de l’État sénégalais Macky Sall, le successeur du président Jammeh a indiqué de manière formelle que le changement de la devise gambienne n’est pas dans ses plans. «La Gambie, c’est une nouvelle démocratie qui commence. Maintenant, le changement de la monnaie n’est pas dans nos plans. Le dallasi est notre monnaie depuis l’indépendance, nous n’envisageons pas de l’abandonner pour une autre monnaie», a déclaré le nouvel homme fort de la Gambie en langue wolof.
BARROW : «PAS DE NOUVELLES DE JAMMEH»
Interpellé par ailleurs sur les nouvelles de son prédécesseur à la tête de l’État Gambien, Adama Barrow a indiqué que depuis son départ de la Gambie, il est sans nouvelles du président Yahya Jammeh qui séjourne actuellement en Guinée équatoriale. «Je n’ai absolument pas de nouvelles de l’ancien président».