Accusé d’avoir assassiné Fatoumata Moctar Ndiaye, Samba Sow nie tout et oriente les regards vers deux femmes de l’Apr, celles-là même qui ont tenté le coup en 2015, en lui proposant 500 000 F Cfa pour introduire des gris-gris dans le véhicule de son ex-patronne.
Du fond de sa cellule, à Rebeuss, il accuse sa propre famille et des députés d’être derrière le «complot» politique dont il se dit être victime.
C’est l’heure du grand déballage. Trois mois de détention auront suffi à Samba Sow, pour qu’il fasse des révélations, sur l’assassinat de sa défunte patronne, Fatoumata Moctar Ndiaye. Du fond de sa cellule, à la Maison d’arrêt de Rebeuss, le présumé meurtrier de l’ex-vice-présidente du Conseil économique social et environnemental (Cese) balaie d’un revers de la main les accusations portées contre lui. De même que les aveux consignés dans le procès-verbal d’enquête préliminaire fait par le Commissariat de Pikine. Le pensionnaire de la chambre 14 de Rebeuss commence par démentir le procureur de la République qui, au cours de sa conférence de presse au lendemain des faits, avait estimé que «le mobile du crime est financier».
«On dit que j’ai pénétré dans la chambre de la dame (Fatoumata Moctar Ndiaye) pour voler de l’argent. On dit aussi que je visais l’argent du Gie (Groupement d’intérêt économique), mais je dis que c’est faux. L’argent du Gie a été versé aux banques bien avant l’incident et c’était un mercredi. Si je voulais de l’argent, je savais où le trouver. J’étais le bras droit de la femme et souvent, elle m’envoyait récupérer de grosses sommes d’argent, des millions, sans que j’en touche un seul centime», écrit Samba Sow dans une correspondance adressée, en exclusivité, à Walf Quotidien. Il se sert du même canal pour réfuter les allégations selon lesquelles l’argent se trouvait dans le domicile de la dame, estimant que celui-ci a déjà été versé aux banques bien avant la survenue de l’assassinat. «Je veux juste vous mettre au courant que c’est elle (Fatoumata Moctar Ndiaye) qui a financé mes fiançailles. Le jour où elle versait de l’argent à ma tante maternelle Satou Sow, c’était un vendredi, dans les environs de 13 heures. Pourquoi dites-vous que j’ai tenté de la voler et que je l’ai tuée ? La seule chose que je veux, c’est de mettre ma fiancée et sa famille à l’écart des choses», mentionne-t-il dans sa lettre.
«Les commanditaires sont deux femmes de l’Apr…»
Agé de 31 ans, célibataire sans enfant, Samba Sow a été inculpé puis placé sous mandat de dépôt le 25 novembre dernier, pour «assassinat», «tentative de vol avec effraction et usage d’arme» et «tentative d’assassinat», en rapport avec les blessures qu’il aurait occasionnées sur le fils de la victime. Au sujet des auteurs de l’assassinat de sa défunte patronne, l’inculpé met à l’index deux hauts responsables politiques de l’Apr comme étant derrière ce crime de sang. «Ce ne sont que de mauvais gens qui ont fait le coup. Je les connais bien et je vais les citer bientôt. Ce sont deux femmes responsables de l’Apr car, depuis 2015, elles avaient tenté le coup, mais par manque de possibilité, elles ont laissé tomber», menace-t-il, en faisant allusion aux auteurs et commanditaires du crime de sang. Et les propositions ne manquaient pas à l’époque, si l’on en croit toujours l’auteur de la lettre : «La première chose qu’elles m’avaient proposée, c’était de mettre des gris-gris dans sa voiture et à l’entrée de la maison. Elles m’avaient dit que si je l’acceptais, elles allaient me donner 500 000 F Cfa et une intégration dans la Fonction publique. J’avais refusé et elles m’avaient menacé de mort».
«On m’a proposé 500 000 F en 2015 pour la liquider»
A l’origine de ses déboires qui lui valent un séjour en prison, depuis novembre 2016, le présumé meurtrier de Fatoumata Moctar Ndiaye accuse, au premier chef, des membres de sa famille qui l’ont coulé. «Ma propre famille m’a sacrifié. Je suis innocent et pourtant ce ne sont que des membres de mon entourage qui m’ont sacrifié. Mais Dieu seul saura nous juger. On a même dit aux policiers que j’ai attendu jusqu’au crépuscule pour entrer dans le garage pour ensuite pénétrer dans la chambre de la dame, la voler et la tuer. Tout cela est faux. Moi Samba Sow, je sais bien ceux qui ont fait ça. Si vous demandez à ma tante Satou Sow, responsable femmes Apr de Pikine, elle connait tout. C’est elle et des députés qui m’ont sacrifié. Ils ont fait ça à cause de l’argent et du pouvoir. Même l’argent de mon mariage est avec elle. Et le marabout Ka fait aussi partie du complot orchestré contre ma personne pour m’accuser à tort».
«Ma propre famille m’a sacrifié»
Convaincu de son innocence, Samba Sow oriente les regards vers d’autres pistes. C’est en tout cas sa conviction profonde exprimée dans sa correspondance, en ces conclusions : «Dites-leur qui a tué Fatoumata Moctar Ndiaye, parce que la vérité finira par éclater. Inutile de se masquer sur mon mariage, car les Sénégalais savent en âme et conscience que vous savez la vérité. Tout ce qu’on m’accuse n’est pas fondé. Ce n’est que de la conspiration politicienne. Ils (ses accusateurs) veulent me sacrifier pour une simple futilité de ce bas monde. J’invite tous les Sénégalais à ouvrir leurs yeux et leur esprit. Ils verront la vérité, car elle n’est pas très loin. Avec un peu d’attention, ils la trouveront, s’il plait à Dieu».