Le ministre de l’Education nationale Serigne Mbaye Thiam a présidé dimanche à Matam, un comité régional de développement (Crd) spécial sur l’évaluation des programmes de construction d’infrastructures scolaires et la mise en œuvre des réformes, initiatives et innovations dans l’académie de 2012 à 2016. La rencontre a permis de faire le bilan des réalisations et des initiatives dans la région.
Le présent comité régional de développement qui se tient au moment où l’Education nationale se trouve dans le processus d’élaboration de la deuxième phase du Programme pour l’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (PAQUET) a permis aux différents acteurs de l’éducation de s’enquérir du niveau de réalisation des différents programmes de construction. Tout comme la mise en œuvre des réformes, des initiatives et des innovations qui ont été entreprises dans l’académie avec comme situation de référence, l’année 2012. En l’occurrence, l’année de la première phase du Programme pour l’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence programmée pour la période 2012 -2025, qui a pris fin en 2015. L’évaluation de cette première phase qui été validée par les différentes communautés aussi bien au niveau des académies qu’au niveau national, est survenue au moment où au plan international, l’UNESCO, procédait à l’évaluation de l’Education pour tous (EPT) en faveur de la scolarisation universelle dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
«Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE), le Ministère de l’Éducation nationale (MEN) réalise des programmes d’infrastructures scolaires pour la promotion de l’accès à une éducation de qualité dans toutes les régions du pays. Ces interventions qui s’inscrivent dans le cadre du Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Equité et de la Transparence (PAQUET) du secteur de l’Education et de la Formation, visent à corriger les disparités régionales existantes en concentrant les efforts sur des actions prioritaires», explique l’inspecteur d’académie dans son rapport introductif.
Il s’agit, déclare Seydou Sy de «résorber les abris provisoires dans les écoles primaires, les collèges et les lycées et d’assurer l’expansion de la carte scolaire en offrant des services éducatifs de proximité, répondant aux besoins des populations». En plus, les différentes orientations portent sur l’amélioration de l’environnement scolaire des écoles et des établissements scolaires ; la promotion de l’enseignement des sciences et des mathématiques ; la promotion de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans le domaine de l’Education (TICE) du renforcement de la décentralisation et la déconcentration de la gestion des programmes d’infrastructures scolaires mis en œuvre.
Liste des réalisations
L’exécution des différentes réalisations s’est effectuée à travers plusieurs projets et programmes. Notamment, le Budget Consolidé d’Investissement (BCI) qui a financé les programmes de construction scolaire mis en œuvre par les services techniques centraux du Ministère de l’Education nationale (MEN) ou par les collectivités locales, l’Initiative Fast-Track financée par le Partenariat mondial pour l’Education, le Projet d’Amélioration de la Qualité et de l’Equité dans l’Education de Base (PAQEEB) dont le volet infrastructure est financé par l’Etat du Sénégal, le Partenariat mondial pour l’Education et la Banque mondiale.
A cela, s’ajoute le Programme de construction de CEM clé en main, financé par l’USAID à travers le Matching GRS/USAID, le PAISD qui intervient dans la construction d’écoles, d’établissements moyens et secondaires et le PAEP Daara financé par le Gouvernement du Sénégal. Le tout pour un financement à hauteur de 7 milliards 954 508 393 francs Cfa.
Ces financements, accouplés aux financements provenant des mécènes ont contribué à la réalisation au niveau du préscolaire de 15 structures de la case des tout-petits (7 par le BCI, 7 par CPI et 1 par la SOMIVA).
Des salles de classes construites par les mairies de HamadyOunaré, Matam et les Emigrés de Ndouloumadji ont contribué au relèvement des structures d’accueil. Pour l’élémentaire, l’Etat et les partenaires techniques et financiers ont réalisé : la construction et l’équipement de 533 salles de classe, 35 blocs administratifs, 42 blocs d’hygiène, 15 murs de clôture et 01 point d’eau, pour un montant global de 3 milliards 107 712 323 F Cfa.
A cela, s’ajoutent, la construction et l’équipement de 31 écoles élémentaires comprenant chacune trois salles de classe, un bloc administratif, un bloc d’hygiène, un point d’eau et un mur de clôture pour un montant de 1 milliard 277 795 285 F Cfa ainsi que la réhabilitation et l’extension de trois écoles élémentaires pour un montant de 95 millions121 426 FCFA. L’enseignement moyen a pu bénéficier de la construction de 25 salles de classe financée par l’Etat pour un montant de 134millions 940 224 F Cfa. Ainsi que 14 CEM clé en main, comprenant chacun un bloc administratif, des salles pédagogiques, parmi lesquels 08 CEM sont achevés et 4 sont en cours d’approbation du marché. Ces infrastructures sont financées par l’Etat et les PTF pour un montant estimé à 1milliard 328 127 647 F Cfa. En plus de la construction d’un (01) bloc technologique (BST) construit dans la commune de Matam pour un montant de 168 819 741 F CFA avec un équipement estimé à 175 000 000 FCFA, l’enseignement moyen a aussi bénéficié d’un financement du PAISD pour un montant de 32 millions 501 826 F Cfa qui a contribué à l’extension-réhabilitation d’un CEM. Sur ce registre, 08 lycées et 8 salles de classe sont financés par le PAISD et 1 lycée par le BCI pour un montant global de 1milliard 753 708 800 francs. L’Inspecteur d’académie a aussi souligné le Projet d’appui à la modernisation des daara (PAMOD) qui intervient dans 10 daara et dont l’implantation officielle des chantiers est effective. Pour les daara PAQEEB la demande d’appel d’offres a été lancée pour la construction de hangars au profit de 14 daara.
«En plus des financements déjà acquis, la région de Matam devra bénéficier des réalisations du projet de Partenariat Public-Privé (PPP) pour le remplacement des abris provisoires, qui a déjà fait l’objet de manifestation d’intérêt à la suite de laquelle des offres spontanées ont été reçues et examinées par la commission technique», a déclaré l’inspecteur d’académie. Selon lui, 108 établissements scolaires (écoles élémentaires, collèges d’enseignement moyen et lycée d’enseignement général) abritant 195 salles de classe construites avec des matériaux de fortune et ne disposant pas d’ouvrages annexes, devraient être mis à niveau pour un coût global de 2 002 416 188 FCFA.
Une avancée au niveau des résultats !
Il apparaît qu’une part prépondérante des investissements a contribué à améliorer la qualité des conditions de travail des apprenants plus qu’à la construction de nouvelles créations. En effet, les extensions, les réhabilitations, la réalisation du Paquet minimal de services, la résorption des abris provisoires ont nécessité des dépenses importantes pour améliorer l’environnement scolaire. Par exemple, les abris provisoires sont passés entre 2012/2013 et 2015/2016, de 11,53% à 6,28% dans l’élémentaire ; pour le moyen et secondaire de 5,09% à 6,34%. Pour l’élémentaire, le seuil de maîtrise en lecture au CI a augmenté de plus de 21 points et de plus de 10 point en mathématiques. Entre 2012/2013 et 2015/2016, seuls les taux de promotion et d’abandon à l’élémentaire ont connu une évolution positive respectivement de plus 5 points et de près de 8 points.
Pour la même période, les évolutions des taux de redoublement à l’élémentaire et des taux de l’efficacité interne au moyen (promotion, redoublement, abandon) sont négatifs ; il en est de même pour les taux de redoublement au niveau du moyen qui s’est aggravé passant de 20,10% en 2013 à 26,70% en 2016.
Toutefois, entre 2014/2015 et 2015/2016, les évolutions des taux de promotion (+3,49 points) et d’abandon (+ de 5,48 points) à l’élémentaire, ainsi de celle du taux de redoublement au moyen (+ de 0,48) sont positives. L’embellie réside au niveau des résultats des examens entre 2014/2015 et 2015/2016 où le CFEE est passé de 20,55% à 51,52% ; soit près de 30 points de gains. La même avancée est notée au niveau du BFEM qui passe de 57,26% à 77,56% ; soit plus de 20 points et le Baccalauréat 39,24 % contre 48,02% ; soit près de 9 points.
La lancinante question du personnel
Tout ce tableau s’assombrit dès que l’on ajoute l’inventaire des besoins en enseignants. Si l’on sait que pour l’année 2016, la région a enregistré le départ de 187 enseignants. Malgré la discrimination positive faite au bénéfice de la région autour de l’allocation du personnel, l’académie éprouve toujours des difficultés. Le déficit structurel des personnels constitue un facteur bloquant de la scolarisation, pour cette année, il est de 253 à l’Elémentaire (171 en français et 82 en arabe), 66 pour les collèges et 36 pour les lycées surtout en Espagnol (09), en mathématiques (10) en EPS et en arabe. Au niveau du moyen – secondaire avec l’absence d’inspecteur d’enseignement du moyen et du secondaire, les proviseurs et principaux jouent le rôle d’encadreurs et parfois de professeurs dans des disciplines comme l’Espagnol et la Philosophie.
«La mobilité des enseignants qui se fait chaque année n’est pas sans conséquences sur le système éducatif car les élèves sont confrontés à de réels problèmes d’enseignement apprentissage. Dans l’allocation des ressources, on a constaté que les zones dites périphériques étaient souvent des zones de départ. La question de fond, est de savoir quelle politique devons-nous mener pour motiver davantage les enseignants pour les inciter à rester», affirme IbouNdiatt, directeur des ressources humaines. Parmi les propositions, il demandera aux maires de «trouver une parcelle pour ces enseignants qui doivent au moins rester à leur poste durant cinq ans». «Cette solution peut porter des fruits, si l’on sait que, dans un passé tout récent, des parents d’élèves ont contribué à la formation d’enseignants en mobilisant d’importantes ressources financières», note-t-il. De l’avis du Ministre Serigne MbayeThiam, «le problème de la mobilité des enseignants dans certaines régions comme Matam, Sédhiou et Kédougou figure sur la liste des urgences, auquel, il faudrait apporter des solutions». «Dans les régions que nous avons visitées, ce problème a été partout souligné. Selon l’appréciation fournie par les autorités et les acteurs de l’éducation, les régions périphériques sont des greniers de formation et de capacitation des nouveaux enseignants qui sont affectés par la suite. Dans le but d’apporter des solutions définitives, une concertation doit être organisée sur la question», explique-t-il.
Le Ministre satisfait des réalisations de l’Etat
Satisfait par les différents résultats obtenus autour des réalisations, le Ministre de l’éducation expliquera que la rencontre du jour se contenait dans «un exercice de transparence et de reddition des comptes». «Nous avons tenu ce comité régional de développement, pour tirer le bilan des investissements dans la région en présence des populations et de tous les acteurs de l’éducation. C’est un exercice de transparence en ce sens que des documents ont été remis aux acteurs dans lesquels figurent département par département, commune par commune, les investissements qui ont été réalisés. Les différentes réalisations exécutées de 2012 à 2016, traduisent à tous les niveaux, les engagements pris par le chef de l’Etat, lors du Conseil des ministres délocalisé où dans le secteur de l’éducation tout ce qui a été indiqué, a été fait par le gouvernement pour la région de Matam», affirme-t-il.
Pour les perspectives de 2017-2022, le Ministre de l’Education annoncera le financement d’un montant total de 1 milliard 864 millions de francs prévu pour la région de Matam dans le préscolaire, l’élémentaire et le moyen-secondaire pour la réalisation d’infrastructures qui sera accompagnée de réformes et initiatives.