Le Professeur Daouda Ndiaye, chef du service de parasitologie et mycologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), a annoncé dimanche la mise en place de nouvelles stratégies de surveillance, pour aider le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) à faire face aux nouvelles résistances antipaludiques.
‘’Nous allons aider le PNLP avec de stratégies nouvelles stratégies de surveillance à cette résistance par les deux nouvelles techniques, que sont le +deep amplicon sequencing+ du gène K13 et le +ring stage assay+ (RSA) qui viennent compléter des techniques de suivi in vivo de 28,35 et 42 jours’’, a-t-il déclaré dans un entretien avec l’APS.
Selon lui, ces deux techniques, K13 et RSA, qui n’étaient disponibles qu’en Europe et aux USA, le sont maintenant au Sénégal, grâce à une collaboration entre des institutions africaine et américaine avec l’Université Harvard et le CDC/Atlanta.
"Les chercheurs que nous sommes, continuerons à aider le PNLP pour une maîtrise du paludisme au Sénégal et en Afrique’’, a-t-il promis, soulignant la création d’un tout nouveau réseau international de surveillance de la résistance aux ACT, né de cette collaboration.
‘’Nous dirigeons ce réseau basé au Service de parasitologie et mycologie de l’UCAD et nous allons mettre en place également des comités scientifiques de surveillance dans beaucoup de pays africains’’, a dit le scientifique.
A l’en croire, cela permettra d’harmoniser les moyens de contrôle et les protocoles d’études de la surveillance de ces antipaludiques et de partager les informations à temps réel pour une anticipation, ‘’non pas sur la survenue de résistance, mais pour bloquer ou retarder l’émergence de cette résistance’’.
Le Pr Ndiaye ajoute : ‘’Nous réfléchissons également sur d’autres alternatives thérapeutiques, mais la solution reste l’élimination du paludisme’’.
Aujourd’hui, dit-il, les ACT sont les seuls médicaments permettant de lutter contre le paludisme, mais ils ont malheureusement et véritablement commencé à perdre de leur efficacité en Asie.
L’essentiel des résistances aux antipaludiques enregistrées dans le monde surviennent d’abord en Asie et terminent très souvent leur chemin en Afrique, a souligné le Professeur Daouda Ndiaye, ancien interne des hôpitaux et professeur titulaire des universités.
‘’Au Sénégal, comme dans la plupart des pays en Afrique au Sud du Sahara, la surveillance reste alors la seule alternative actuelle’’, a-t-il estimé. Il invite les populations à éviter l’automédication, qui est le moyen le plus rapide pour l’émergence réelle de cette résistance.
C’est d’ailleurs, a-t-il précisé, pour cette raison que, depuis 2010, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) exige que seuls les cas confirmés, pouvant bénéficier d’un diagnostic biologique, reçoivent les ACT, pour éviter la résistance.
Une nouvelle résistance aux traitements antipaludéens a été révélée mercredi par la revue médicale américaine ‘’New England Journal of Medicine’’, qui a jugé ‘’cette première en Afrique préoccupante pour les efforts mondiaux de contrôle du paludisme et de surveillance’’ de la résistance du parasite à l’artémisinine.