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Licences de pêche : quand le Sénégal pêche le paradoxe
Publié le samedi 25 fevrier 2017  |  Walf Fadjri L’Aurore
Sécurite
© Autre presse par DR
Sécurite en mer : Sept pêcheurs portés disparus en quinze jours




La politique de la Pêche des autorités met en exergue un véritable paradoxe. Le Sénégal, qui ouvre ses eaux territoriales aux gourmands navires étrangers, s’en va quémander des licences de pêches à une Mauritanie très jalouse de son territoire maritime. La tension qui en résulte est à son paroxysme.
Oumar GUEYE a beau pêcher en Mauritanie, il n’attrape aucune licence. Il revient toujours de Nouakchott bredouille. L’échec de sa dernière campagne chez Mouhamed Ould Abdel Aziz anéantit les derniers espoirs des pêcheurs sénégalais devenus dépendants des eaux du pays voisin. Ces derniers ont d’ailleurs tenu une conférence de presse le 29 janvier pour étaler leurs cicatrices et leurs marmites vides. Malgré leur demande, retentissant a été le refus que les autorités mauritaniennes ont opposé à la dernière requête d’Oumar GUEYE. « La nouvelle législation sera appliquée rigoureusement », a indiqué Chruga Ould Nani, ministre mauritanien de la Pêche et de l’Economie maritime, à la télévision publique, après avoir rencontré son homologue sénégalais, vendredi 10 février.
Après avoir décidé de ne renouveler aucune des 400 licences de pêches qu’ils avaient accordées au Sénégal, les Mauritaniens ont voté une loi extrêmement contraignante pour leurs voisins. En effet, selon cette nouvelle réglementation, tout ce qui est pêché dans les eaux territoriales mauritaniennes doit être débarqué en Mauritanie. En outre, toute embarcation disposant d’une licence ne doit contenir que des pécheurs de nationalité Mauritanienne. Et pour s’assurer de la bonne exécution de ces mesures, le pays de Mouhamed Ould Abdel Aziz compte sur ses garde-côtes équipés pour la circonstance et qui n’hésitent pas à faire feu. Le 27 janvier dernier, ils ont tiré sur trois pêcheurs sénégalais.
Entre le marteau des pêcheurs sénégalais et l’enclume des Mauritaniens et leurs garde-côtes, le ministre sénégalais ne s’est pas fait prier pour relayer le fiasco qui a sanctionné les négociations qu’il était parti mener en Mauritanie. «Depuis 2016, aucun accord de pêche n’a été signé entre les Etats sénégalais et mauritanien. Donc, aucun pêcheur sénégalais n’a le droit d’aller pêcher dans les eaux de notre voisin mauritanien. Depuis ce jour, aucun pêcheur n’a le droit de pêcher dans les eaux territoriales mauritaniennes», déclare-t-il, le 12 février dernier, sur les ondes de Sud Fm. Comme pour dire : «je vous avais informés ». Les pêcheurs saint-louisiens sont ainsi mis en garde. En cas de bravade, que chacun s’assume. Après les événements du 27 janvier dernier qui ont failli coûter la vie à trois Sénégalais, Oumar GUEYE , comme aucune autre autorité, n’a élevé la voix pour vigoureusement condamné ces «tirs aux pigeons». La Mauritanie n’étant certes pas la Gambie, Oumar GUEYE a fait le dos rond, négociant vainement des licences.
Pourtant, les autorités sénégalaises ne sont pas plaindre. Elles sont les principaux responsables de cette situation de marasme des pêcheurs sénégalais. Avec 530 kilomètres de côtes, ces derniers ne devaient pas avoir à se faire canarder en territoire mauritanien pour capturer du poisson. Seulement, avec des licences de pêche continuellement accordées aux étrangers, la surexploitation ayant conduit à la ratification de la ressource halieutique pousse les pêcheurs sénégalais à se hasarder dans d’autres territoires au péril de leur vie. Au mois de mai 2014, les autorités rendaient public un accord qu’elles avaient passé avec l’Union européenne qui, pour 15 millions d’euros, orientait 38 navires sur les eaux sénégalaises pour période de cinq ans. Et ce ne sont pas les seules autorisations que le Sénégal a accordées. Nombreux sont les navires russes et coréens qui, grâce à ces licences, données dans la plus grande opacité, parcourent les eaux territoriales sénégalaises ne laissant que la sardinelle aux Sénégalais.
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