La rencontre présidée hier, jeudi 23 février, par le ministre de l’intérieur Abdoulaye Daouda Diallo sur la caution à verser lors des prochaines législatives a été une occasion pour les représentants des partis politiques de l’opposition et leurs camarades de la mouvance présidentielle d’étaler leurs divergences sur le montant de cette caution. Devant le ministre de l’Intérieur, les représentant de l’opposition, demandant une baisse de la somme des 20 millions, ont proposé divers montants allant de zéro ou 1 à 5 millions. Alors que leurs camarades du pouvoir plaidaient pour le maintien de cette somme fixée à 20 millions pour les dernières législatives de 2012.
Parmi les partisans de la baisse du montant de la caution, on peut notamment citer entre autres, Demba Diop de And defar Sénégal. Sa proposition a été la plus surprenante. En effet, au moment où certains de ses camarades de l’opposition confrontaient leur argumentation à celle de leurs collègues de la mouvance présidentielle, Demba Diop, estimant que la démocratie a un coût que l’État devrait prendre en charge, a proposé tout simplement la surpression de la caution et la gratuité à tous ceux qui souhaitaient prendre part aux prochaines législatives. Et au pire des cas, qu’il soit fixé deux montants : un pour les coalitions désireuses de prendre part à ces élections et un autre pour les indépendants afin d’éviter que l’argent ne soit un facteur de blocage. Prenant la parole à son tour, Pape Moctar Diallo du mouvement des «indignés» a souligné que «l’argent ne doit pas être un facteur bloquant pour les citoyens qui souhaiteraient aller à l’Assemblée nationale pour y défendre les intérêts des Sénégalais».
Pour autant, il a proposé que ce montant de la caution soit fixé à 1 million. S’inscrivant dans ce même registre, Mamadou Lamine Souané de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) a demandé la fixation de ce montant de la caution sur la base du Pib et sur la base de l’émotion des uns et des autres. À ce titre, il a proposé 1 million pour les indépendants sous condition de la présentation d’un certain nombre de signatures et une baisse des 20 millions pour les partis politiques.
«La caution ne devait pas être un facteur de disqualification des acteurs», a souligné pour sa part Amath Camara du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) qui a proposé un montant raisonnable de 5 à 7 millions. «Nous souhaiterions que les forces qui veulent participer à la démocratie le fassent dans d’excellentes conditions ». « Notre point de vue dans cette affaire est de trouver un plancher de trois millions et un plafond à cinq millions», ajoutera par ailleurs Assane Bâ du Parti démocratique sénégalais (Pds). Prenant la parole à son tour, Abdou Karim Fall de «Paré suxaly Sénégal» n’a pas manqué de lancer des piques à ses camarades qui demandent le maintien des 20 millions. En effet, selon lui, ce sont les représentants des partis qui passent leur temps à faire du « Yobalema» qui cherchent à compromettre la chance de ceux qui veulent participer à ces élections en demandant que la caution soit fixée à 20 millions. Confortant cette thèse, Etienne Faye du Parti Cdr, déclarera : «Tous ceux qui ont demandé le maintien des 20 millions sont, soit des représentants de partis dont les leaders ont géré des deniers publics, soit de partis membres de la mouvance présidentielle».
Mais du côté des représentants des partis membres de la mouvance présidentielle mais aussi de certains partis de l’opposition comme la Convergence démocratique Bokk Gis Gis, on balaie en brèche cette demande des partisans de la baisse du montant de la caution. Estimant que la caution n’a jamais été un facteur bloquant pour les acteurs désirant participer à une élection, ils ont souligné que le maintien des 20 millions permettra aux acteurs politiques de participer à la prise en charge de la vie politique. «Le coût de la démocratie ne doit pas être supporté uniquement par l’État», a rétorqué ainsi Pape ModySow du Parti de l’espoir membre de la coalition Benno BokkYaakaar qui a proposé le maintien des 20 millions de francs. De son coté, Abdoulaye Seck de la Convergence démocratique Bokk Gis Gis, a indiqué que le maintien de la caution de 2012 permettra aux partis politiques de contribuer à la prise en charge des dépenses liées à l’organisation de ces élections donc de la vie de la nation.
Prenant la parole à son tour, Marcel Ndiaye de l’Alliance des forces de progrès (Afp) a souligné que le montant des 20 millions arrêtés, lors des législatives de 2012, n’a pas empêché une floraison de listes. Dans la foulée, il a demandé à ses camarades d’inscrire leur réflexion dans la continuité des 20 millions. « La caution n’est pas une charge pour les partis dès l’instant que ceux qui auront un élu seront remboursés », a soutenu pour sa part KhalyNiang. Confortant cette position, le ministre Benoît Sambou, chargé des élections à l’Alliance pour la République (Apr), a invité ses camarades à faire des propositions responsables. «La caution est forcément censitaire. Faisons les propositions responsables qui tiennent la route. Les élections, c’est un coût et non un moyen de permettre à des gens de bénéficier gratuitement des moyens de l’État pour exister. Chacun doit avoir une ambition d’aller aux élections donc d’avoir au moins un élu et ne pas y aller simplement parce qu’on a envie d’exister». Pour conclure, il a ainsi indiqué que la mouvance présidentielle propose que la caution ne dépasse pas les 20 millions arrêtés lors des dernières élections législatives.