«Le temps du changement est arrivé en Gambie, celui de la nouvelle Gambie. Oui, l’heure est venue!» Le président Adama Barrow donne le ton pour une nouvelle ère en Gambie, enterrant de fait, l’époque Yahya Jammeh, son prédécesseur. Devant un parterre de chefs d’Etat et de Gouvernement, de diplomates, et autres personnalités, en plus de son peuple qui lui a réservé tous les honneurs en lui «gratifiant» d’un accueil chaleureux, digne de son rang de nouveau président démocratiquement élu de Gambie, le nouvel homme fort de Banjul a donné des gages pour une Gambie meilleure avant-hier, samedi 18 février, au stade de Bakau. C’était lors d’une cérémonie solennelle marquant deux événements majeurs: la fête de l’indépendance (52ème) conjuguée à l’investiture du nouveau président gambien.
Les Gambiens ont célébré à travers une seule et même cérémonie deux événements majeurs avant-hier, samedi 18 février: les festivités marquant le 52e anniversaire de l’accession de la Gambie à la souveraineté internationale conjuguées à l’investiture du nouveau président, gambien Adama Barrow, au stade de Bakau. Accueilli à son arrivée au stade Bakau par la vice-présidente gambienne, Fatoumata Jallow Tambajang, Adama Barrow, après avoir juré, la main sur le Coran, d’assumer les charges de président de la République de Gambie, de veiller au respect de la Constitution gambienne, a décliné les contours de la «nouvelle Gambie». «Le temps du changement est arrivé en Gambie, celui de la nouvelle Gambie. Oui, l’heure est venue!», a d’emblée déclaré le nouvel homme fort de Banjul.
La cérémonie a débuté aux alentours de 15h. L’émotion était palpable dans les tribunes bondées de monde. Dans un stade bouillonnant, après quatre heures d’attente, l’arrivée d’Adama Barrow, debout sur sa voiture, le poing levé, a été triomphale, libératrice. Le rassemblement d’une nation pour Kadouna. Le nouveau président gambien a ensuite fait le tour du stade sous la clameur de la population gambienne, constituée de jeunes, de plus âgés ou encore de militaires et de membres des forces de l’ordre. La chair de poule, les larmes de joie, l’émotion était forte.
Il s’en est suivi la cérémonie de prestation de serment d’Adama Barrow, son deuxième après celui de Dakar en catimini, le 19 janvier dernier, avant le départ de Yahya Jammeh. Au total, neuf chefs d’Etat ont assisté à cette installation officielle sur le territoire gambien. On note, entre autres, les présences du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, de la présidente du Libéria Ellen Johnson Sirleaf, par ailleurs présidente de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, et celle du président Macky Sall, l’invité d’honneur de ce 52e anniversaire, du président Alassane Dramane Ouattara de Côte d’Ivoire et du président Nana Akufo-Addo du Ghana.
Un président célébré mais déjà la tête au travail
Dans son discours de clôture, devant des milliers d’enfants, Adama Barrow a listé ses priorités en mettant l’accent sur le social. «C’est la victoire de la démocratie, une victoire qui appartient à tous les Gambiens. Nous travaillerons à améliorer la nutrition, l’accès à l’eau potable, l’éducation de base sera gratuite.» Le président Barrow veut une Gambie plus juste, après les annonces, il doit désormais la créer.
Lors de la cérémonie, l’hymne gambien a résonné trois fois dans le stade en moins de trois quarts d’heure, accompagnée à chaque fois des chants du public. Les différents corps de l’Armée ont ensuite défilé dans le stade. Cette cérémonie clôt définitivement l’ère Yahya Jammeh qui préférait célébrer chaque 22 juillet sa prise du pouvoir. Cette fête populaire ouvre l’ère de la nouvelle Gambie plus libre souhaitée autant par le président Barrow que par le peuple gambien.
SENEGAL-GAMBIE : Macky Sall et Adama Barrow renouent des liens historiques
L’ère Yahya Jammeh semble définitivement terminée en Gambie. Samedi 18 février, le pays a célébré les 52 ans de son indépendance mais surtout la prise de fonction devant le peuple d’Adama Barrow, un président rassembleur fêté comme jamais au Stade de l’indépendance. Un président très proche de son homologue sénégalais Macky Sall. Et cette cérémonie a également définitivement rapproché les deux pays divisés durant l’ère Yahya Jammeh.
Standing ovation. Macky Sall ne s’attendait sans doute pas à un tel accueil. Le président a tenté depuis 2012, sans succès, d’apaiser les tensions avec Yahya Jammeh. Venu 3 fois à Banjul, ce 4e voyage a donc été le bon, celui qui retisse les liens historiques entre les deux pays. Deux pays mais une seule famille, a rappelé Macky Sall, unique invité à prononcer un discours.
« Nous sommes inséparables car nous partageons les mêmes valeurs, le même mode de vie, a déclaré Macky Sall. Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes une famille et ce que nous voulons c’est la paix et l’harmonie. »
Adama Barrow, accueilli à Dakar, appuyé par les forces sénégalaises de la Cedeao pour reprendre le pouvoir, sait ce qu’il doit à Macky Sall. Son but désormais : que toutes les facettes de cette relation séculaire soient relancées.
«Ma gratitude pour mon invité le président Macky Sall de la République du Sénégal, a dit Adama Barrow. Nous sommes le même peuple, nous voulons que les relations entre nos deux pays deviennent un modèle en Afrique.» Premier objectif affiché par les présidents Sall et Barrow : relancer au plus vite le projet de pont entre les deux Etats, un projet qui nom très simple, le pont Sénégambia.
CEREMONIE D’INVESTITURE D’ADAMA BARROW A BANJUL : Le début d’une nouvelle ère
Avant-hier, samedi 18 février, 52e anniversaire de l’indépendance, était un jour d’Histoire pour la Gambie. Une cérémonie officielle et populaire, en présence de chefs d’Etat, a été organisée au stade de Bakau, marquant également la prise de fonction du président Adama Barrow. Mais les festivités ont pris du retard, informent nos confrères de RFI. N’empêche, le peuple qui a effectué le déplacement en masse, dans un stade archi comble, était déterminé à honorer son nouveau président, Adama Barrow.
Tous les acteurs de cette fête de l’indépendance, notamment l’armée, ont répété pendant trois jours pour que la réussite soit totale. Le président Barrow voulant une cérémonie officielle, mais dans le même temps populaire dans un stade plein et sécurisé par la Cédéao. Car, Yahya Jammeh avait délaissé cette date historique et préférait célébrer chaque 22 juillet sa prise du pouvoir.
Le chef de l’Etat sénégalais, l’invité d’honneur de cette «Independence day» a aussi été ovationné par tout le stade qui s’est levé, applaudissant pour saluer son rôle remarquable pour le retour à l’ordre constitutionnel dans ce pays frère, suite au refus de l’ancien président Yahya Jammeh de reconnaitre sa défaite à l’issue de la présidentielle du 1er décembre 2016; une élection consacrant la victoire du candidat de l’opposition, Adama Barrow.
Bref, le président sénégalais était le «guest star», l’invité d’honneur et la «véritable star» des festivités commémorant l’accession de la Gambie à la souveraineté internationale. Le président Macky Sall, presque roi chez le voisin, n’oubliera pas de sitôt son quatrième voyage à Banjul en tant que chef d’Etat. Non seulement il a été accueilli par une foule monstrueuse à son arrivée à l’aéroport international de Banjul vendredi, mais aussi et surtout le lendemain, son arrivée au stade de Bakau n’est passée inaperçue, avec des cris de joie qui ont accueilli son cortège, tous s’étant levés pour le saluer.
Le «special guest» comme l’appellent les Gambiens a surpris son monde en prononçant son discours en anglais au grand bonheur de ses hôtes
“INDEPENDENCE DAY” : Retour sur les festivités marquant l’an 1 de la ’’New Gambia’’
La Gambie a célébré samedi le 52e anniversaire de son accession à la souveraineté internationale avec une ferveur rare, un enthousiasme de tous les instants dans une communion jusque-là peu commune de mémoire de Gambiens, a constaté l’un des envoyés spéciaux de l’APS.
Le visiteur en était à se demander si les jeunes Gambiens nés avant 1994, date de l’accession au pouvoir de l’ancien président Yaya Jammeh, avaient une fois goûté à un tel sentiment de légèreté, au regard dont ils ont fait montre pour cet évènement que beaucoup considèrent comme le point de départ d’une nouvelle ère pour leur pays. Le pays avait déjà fini sa toilette à 24 heures de la cérémonie. Les couleurs nationales et les grandes affiches étaient partout visibles de tous les coins de rue.
De Sinthiou Aladji à Banjul en passant par Sere Kunda Laty Kunda, West Field, Bambo, Mounjie, le décor était pratiquement le même: des avenues soigneusement nettoyées, des poteaux de lampe drapés des couleurs nationales, des tableaux d’affichage neufs tout au long des routes. Dans la soirée de vendredi, vers les coups de 23 heures, le stade de Bakau, lieu de la cérémonie à l’ouest de la capitale, était pris d’assaut par des garçons et des filles, habillés aux couleurs de leur pays ou portant des tee-shirts à l’effigie d’Adama Barrow.
’’A CINQ HEURES DU MATIN, LE STADE ETAIT DEJA PLEIN’’
Drapelets à la main, ils avaient fini de prendre leurs quartiers au stade de Bakaw, communément appelé ’’Independance Stadium’’, pour y passer la nuit et s’assurer des places sur les gradins le lendemain pour ces festivités devant coïncider avec l’investiture du nouveau président. “A cinq heures du matin, le stade était déjà plein. Depuis, j’essaie d’accéder dans le périmètre du stade, mais je n’y arrive pas”, confiait un journaliste étranger qui s’était résolu à rester dans son véhicule après plusieurs tentatives pour accéder à la pelouse du stade de Bakau.
Même les forces de l’ordre semblaient dépassées, malgré un nombre important d’éléments de la CEDEAO et des forces armées gambiennes. Des portes étaient défoncées, des murs escaladés, tous les moyens étaient bons pour accéder dans l’enceinte du stade de Bakau. Les secouristes gambiens et la Croix-Rouge peinaient à évacuer des filles et garçons qui tombaient après les nombreuses et répétées bousculades aux différentes portes d’entrée. Les ministres gambiens, les diplomates et délégations officielles également avaient du mal à se frayer un chemin pour le stade qui avait à ce stade enregistré plus que ce qu’il pouvait contenir.
Prévue pour 9 heures, la cérémonie officielle n’a finalement pu démarrer que vers les coups de 14 heures. A l’entrée des présidents Macky Sall puis Adama Barrow, le public, comme mu par des ressorts invisibles, sautillaient sur les gradins, esquissant des pas de danse ou redoublant de cris nourris pour accueillir le nouveau président et son invité d’honneur. Les autorités judiciaires avaient pourtant tout fait pour respecter le chronogramme arrêté et coller à la dimension solennelle d’une cérémonie d’investiture et d’une prestation de serment. Les brouhahas qui venaient des travées du stade et des environs redoublaient de plus belle, le public ne se faisant pas prier pour crier sa joie après chaque mot prononcé par leur président. La musique des forces armées qui a accompagné les défilés militaire et civil, l’exécution répétée de l’hymne national et surtout les 21 coups de canon tirés pour respecter la tradition militaire dans ces circonstances, avaient encore rendu plus festif le déroulé de l’évènement.
L’APPEL AU TRAVAIL DU PRESIDENT BARROW
Une atmosphère peu commune qui n’a pourtant pas empêché le président Adama Barrow d’appeler ses compatriotes “au travail pour relever les défis communs liés au développement économique et social, à la paix, à la stabilité et à l’unité pour réussir cette mission de bâtir une nouvelle Gambie”. “Je ne me rappelle pas d’une telle ambiance. C’est extraordinaire. Fêter l’indépendance de notre pays sans contrainte, ce n’est pas croyable. Oui, la Gambie est indépendante”, s’écrie Ibrahima Sanneh, chauffeur de taxi de son état. Trouvé dans un garage aux environs du très animé marché de Sere Kunda, il s’est dit impressionné par l’’engouement que suscite cette célébration.