Le maire socialiste de Mermoz Sacré Cœur est reconnu coupable du meurtre de Ndiaga Diouf, tué le 22 décembre 2011. Le Tribunal correctionnel de Dakar a condamné Barthélémy Dias et ses complices à une peine d’emprisonnement de 2 ans dont 6 mois ferme, assortie d’une amende solidaire de 25 millions à verser à la famille de la victime. Ils sont reconnus fautifs des chefs d’inculpation de délit de coups mortels, de coups et blessures volontaires et de détention illégale d’arme sans autorisation administrative. Pour avoir déjà purgé la peine, “Dias fils“ ne retourne cependant pas en prison.
Le Tribunal correctionnel de Dakar a rendu son verdict hier, jeudi 16 février, dans l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf, survenu le 22 décembre 2011, devant la mairie de Mermoz Sacré Cœur. Le maire socialiste de ladite commune, Barthélémy Dias, et ses complices, notamment Babacar Faye, agent de sécurité à la municipalité, et Habib Dieng, agent municipal à la mairie de Grand Dakar, ont été reconnus coupables des chefs d’inculpation de délit de coups mortels, de coups et blessures volontaires et de détention illégale d’arme sans autorisation administrative. Le fils de Jean Paul Dias et ses acolytes sont condamnés en outre à payer solidairement une amende de 25 millions à la famille de la victime, à titre de dommages et intérêts. Les nervis, cités dans cette affaire, s’en sortent plutôt bien. En effet, au moment où Samba Diouf et Cheikh Diop, reconnus coupables des délits d’association de malfaiteurs ont écopé d’une peine de 2 ans avec sursis, les autres, en l’occurrence Ameth Guèye, Malick Thiombane et de Babacar Sy Doucouré, ont tous été relaxés.
Toutefois, le maire socialiste «rebelle» est libre de tout mouvement. Il ne retourne pas à Reubeus. Cela, d’autant plus qu’il a déjà purgé ladite peine, lors de sa détention provisoire. En effet, Barthélémy Dias a été élargi provisoirement de la prison de Reubeuss le 22 mai 2012, après 4 mois de détention préventive. Pour rappel, il a été interpellé et incarcéré à Rebeuss après la mort de Ndiaga Diouf, suite à une attaque de nervis contre sa mairie en 2011.
Les avocats de Barth n’excluent pas d’interjeter appel
Les avocats du maire socialiste de Mermoz Sacré Cœur, Barthélémy Dias, et ses complices, Babacar Faye et Habib Dieng, ne comptent pas croiser les bras après le verdict rendu par le Tribunal correctionnel de Dakar, dans l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf. Interpellé tout juste après la condamnation de ses clients à 2 ans de prison, dont 6 mois ferme, combinée à une amende de 25 millions à payer à la famille de la victime, Me Khouraichi Ba, un des conseils de la défense seul à être présent lors du délibéré, a fait savoir que «si la nécessité s’impose, en accord avec nos clients, nous allons très certainement interjeter appel».
La robe noire a précisé cependant que tout ce qu’il dit n’engage que lui, d’autant plus que non seulement c’est une réaction à chaud, mais aussi que ses confrères de la défense ne sont pas présents. Dans la foulée, il a indiqué que le problème de fond «est que mes clients ont été déclarés coupables». A son avis, le fait de les déclarer coupables montre que le Tribunal reconnait qu’ils ont violé la loi pénale. Ce qui, selon lui, pose problème au «plan éthique». C’est pour cela que, par rapport à cette culpabilité, «nous aviserons le moment venu quand tous les confrères seront là, pour savoir la suite à donner», promet-il. Cela, d’autant plus que, précise-t-il, «la meilleure critique, ce n’est pas d’être dans la rue, pour parler», mais «c’est de déférer le jugement de cette juridiction à une autre supérieure». Une manière, selon lui, de faire bénéficier à ses clients du principe sacro-saint qu’on appelle la présomption d’innocence. Une nécessité qui s’impose, à ses yeux, car «un problème d’interprétation peut se poser». Allusion faite à la possible privation des droits civiques de Barth.
Pour autant, le conseil de “Dias fils“ et ses complices se réjouit, tant soit peu, du verdict livré par le Tribunal correctionnel de Dakar. S’expliquant, la robe noire compare la sentence par rapport «au réquisitoire très violent qui avait été fait par le représentant du ministère public, qui demandait 10 ans d’emprisonnement et avait sollicité la délivrance d’un mandat de dépôt». Pour lui, «nous pouvons dire qu’il a gagné», parce que, dit-t-il, «la peine est distribuée de sorte qu’il n’y aura pas de séjour pénitentiaire, parce qu’il y a une sorte d’arithmétique judiciaire qui a été très bien pensée. Mes clients ont été condamnés à une peine qui a été déjà couverte par la durée de la détention provisoire».
MALGRE LA CONDAMNATION DE LEUR MAIRE : Les militants affichent le sourire
Le verdict rendu par le Tribunal correctionnel de Dakar, reconnaissant le maire socialiste de Mermoz Sacré Cœur, Barthélémy Dias et ses complices coupables des chefs d’inculpation de délit de coups mortels, de coups et blessures volontaires et de détention illégale d’arme sans autorisation administrative, dans l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf, semble satisfaire les militants et sympathisants de “Dias fils“. A la proclamation de la sentence, les proches, amis et militants, sans oublier les travailleurs de la mairie de Mermoz Sacré Cœur ont exprimé des signes de joie. En vidant les lieux de la délibération, ils se sont, en fait, félicités du fait que Barthélémy Dias et compagnie ne retournent pas en prison.
Le sentiment de satisfaction a été, aussi, constaté au niveau de la maison familiale des Dias. En effet, à peine le verdict prononcé, le maire de Mermoz Sacré Cœur, Barthélémy Dias et celui de la ville de Dakar, Khalifa Sall, se sont rendus au niveau de ladite maison. Sur place, les militants, sympathisants et autres voisins n’ont pas caché leur joie de voir leur mentor revenir à la maison. Ils étaient nombreux à prendre d’assaut le domicile familial, pour exprimer leur solidarité et leur soutien à “Dias fils“.
Même les plus jeunes n’ont pas été en reste. En file indienne, les élèves de l’école primaire Mass Massaer 2, non loin dudit domicile, se sont présentés à la devanture de la maison, avec leurs instituteurs. Sur des ardoises, il est écrit «nous sommes fiers», ou encore, «Vive la liberté» et «Vive le maire». Un geste qui a touché Barthélémy Dias qui est sorti du domicile pour exprimer toutes ses remerciements à ces jeunes apprenants.
EL HADJ IBA BARRY KAMARA, PROFESSEUR DE DROIT PENAL A L’UCAD : «Avec l’article 34 du Code pénal, rien ne s’oppose à ce que Dias soit éligible»
«Il (Barthélémy Dias-ndlr) pourrait être inéligible si, poursuivi pour délit, le juge prononce une sanction supérieure ou égale à 5 ans. Dans ce cas de figure, si le coupable avait été condamnée à 5 ans, la loi fait obligation au juge de prononcer obligatoirement une déchéance de ses droits civiques et politiques. En l’espèce, il n’a pas été condamné à ce taux-là. La peine prévue par la loi qui pourrait effectivement prévoir une déchéance, normalement, ne peut être appliquée, puisqu’étant condamné pour 2 ans seulement, dont 6 mois ferme. Donc, en réalité, il n’entre pas dans ce cas de figure. On peut dire, avec l’article 34 du Code pénal, que rien ne s’oppose à ce qu’il se présente et qu’il soit éligible».