Condamné à une peine de 2 ans de prison, dont 6 mois ferme, assorti d’une amende de 25 millions à payer de manière solidaire avec ses complices, à la famille de la victime, dans l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf, le maire de Mermoz Sacré Cœur n’en démord toujours pas. Tout juste après le délibéré, Barthélémy Dias a exprimé au niveau de la maison familiale toute sa désapprobation par rapport au dit verdict. Le maire socialiste a tiré à boulets rouges, comme à l’accoutumée, sur le régime actuel, décliné ses ambitions politiques, non sans annoncer, de surcroit, des révélations sur le président Macky Sall. Morceaux choisis du face-à-face avec les journalistes hier, jeudi 16 février.
«Je marque toute ma désapprobation par rapport à ce verdict»
A titre personnel, je marque toute ma désapprobation par rapport à ce verdict. C’est un verdict qui m’a surpris. Je dois dire que c’est un procès qui concerne l’intelligence des Sénégalais. Je voudrais rappeler aux uns et aux autres que nous sommes dans un combat politique. Et, dans ce combat politique, il ne faut pas que certains pensent que, parce que Barthélémy Dias n’écope pas d’une peine de prison à exécuter tout de suite, il est sorti vainqueur de ce procès.
Je précise que dans ce procès, il y a une stratégie qui consiste à me rendre inéligible. Je rappelle aussi que dans les heures à venir que, comme je l’avais dit en fin décembre, ce sera au tour de Khalifa Sall. Vous constaterez dans les heures à venir que le pouvoir politique actuel en place, cherche à liquider le maire de Dakar et tous ses proches. Il ne faut pas que les gens pensent qu’on ne peut liquider un adversaire politique que par la prison. On peut liquider un adversaire politique par l’inéligibilité.
Je rappelle aussi, qu’un potentiel candidat à la présidentielle dont le père fut président de la République, aujourd’hui, est inéligible. Aujourd’hui, c’est comme si on a envie de créer un environnement dans lequel tous les potentiels candidats ou tous ceux qui sont porteurs d’espoir auprès des populations doivent être inéligibles pour balayer la route à certains, pour pouvoir obtenir un second mandat.
«Mes conseils vont se concerter pour voir la suite à adopter»
Mes conseils juridiques vont se concerter pour voir la suite à adopter. Nous ne pouvons pas comprendre qu’en pénal, le parquet ait été incapable d’apporter une quelconque preuve de ma culpabilité. Je rappelle que j’ai été traduit devant le tribunal pour le meurtre de Ndiaga Diouf, entre autres. Je rappelle qu’il n’y pas d’arme de crime et que le parquet n’a rien trouvé. Il n’a fait que verser dans des suppositions. Il n’a fait que répéter une dictée du pouvoir politique. Cela doit cesser.
Je voudrais dire à mes partisans, à mes sympathisants, à tous ces Sénégalais qui se sont sentis concerner par ce procès que nous ne sommes pas satisfaits par ce verdict. Nous n’avons rien à dire à la magistrature. Parce que nous considérons qu’elle est un pouvoir supposé indépendant. Mais, nous avons le droit d’exiger que des preuves soient apportées, parce que seules ces preuves peuvent justifier cette condamnation. Tant que ces preuves ne seront pas apportées, nous considèrerons que le politique est en train de prendre le dessus sur le judiciaire et que ce n’est pas acceptable. Non pas pour Barthélémy Dias, mais pour la démocratie sénégalaise.
«Ce procès était la synthèse d’un vaste complot politique…»
On se pose la question de savoir sur quelles bases cette décision a été prise. Je rappelle que quand vous êtes condamné à 6 mois ferme de prison, vous êtes dans une situation où vous avez un casier judiciaire qui vous empêche d’être éligible. Aujourd’hui, Barthélémy Dias est sur une liste départementale à Dakar, je n’ai pas besoin de vous faire un dessin. Je souhaiterais dire aux tenants du pouvoir en place qu’ils ne peuvent pas arrêter la mer par leurs bras. Ils peuvent rendre Bamba Fall, Barthélémy Dias inéligibles, ils s’apprêtent à rendre Khalifa Sall inéligibles, ça ne changera pas le souhait des Dakaroises et des Dakarois de confier Dakar à des hommes de principes et de valeurs.
Je rappelle aussi que ce procès a choqué plus d’un Sénégalais, parce qu’il a été la synthèse d’un vaste complot politique qui ne dit pas son nom. Je ne peux pas me permettre de critiquer la justice, parce que j’ai une petite idée de la pression que subissent les magistrats. Récemment, vous avez tous suivi la sortie du juge Dème, qui a condamné les pratiques du pouvoir exécutif. Vous comprendrez que si nous devons nous en prendre à un pouvoir, nous n’allons pas nous en prendre au pouvoir judiciaire, mais plutôt au pouvoir exécutif. Parce que nous sommes dans un régime présidentiel. Qui parle d’un tel régime, parle d’un pouvoir qui sort de l’entendement d’une République qui se respecte. Le président de la République a des pouvoirs qui dépassent l’entendement.
Aujourd’hui, il n’y a aucun rapport, aucun service de renseignement qui donne Macky Sall vainqueur aux élections. Il sait très bien que tous les rapports qu’il a sous les yeux le conduisent au second tour à la présidentielle. Et, on n’a pas besoin de faire un dessin à un président sortant, qui part au second tour au Sénégal.
Nous ne nous battons pas pour que Barthélémy Dias soit éligible pour un poste de député. J’ai déjà dit que je ne suis jamais entré en politique pour être député, ni pour être quoi que ce soit. Je suis entré en politique pour apporter ma participation et contribuer à l’apport que ma génération doit apporter à l’émancipation de la Nation sénégalaise. Que Barthélémy soit éligible ou pas, n’est pas le problème. Le problème, c’est qu’on ne peut plus accepter que des hommes politiques, incapables de satisfaire les attentes des populations, incapables de convaincre les populations autour d’un projet de société, incapables d’être sûrs d’obtenir un second mandat, trouvent des moyens antidémocratiques, illégaux, aux antipodes d’une République qui se respecte, pour liquider des adversaires politiques. Si on accepte ce verdict, Barthélémy Dias sera liquidé à la prochaine députation. Mais, à qui le tour ?
«Dans les jours à venir, je parlerai de Macky Sall»
Si le président Macky Sall avait fait l’objet du même acharnement qu’il exerce sur nous, il n’aurait jamais été président. Dans les jours à venir, je parlerai de Macky Sall. Il est temps que les Sénégalais sachent ce qui s’est passé. Aujourd’hui, on ne peut pas accepter qu’un homme ait été aux commandes dans ce pays, directeur de campagne d’un président, Premier ministre, et que cet homme pense qu’il n’a rien à se reprocher. Il n’y a que les autres qui ont des choses à se reprocher, c’est faux.
«Notre ambition… porter à la magistrature suprême Khalifa Sall»
Mes ambitions politiques sont très simples. Ce sont des ambitions qui consistent à servir son pays et non de se servir de son pays, à être utile à son pays, et éventuellement à contribuer au rayonnement de la démocratie de son pays. Je voudrais dire aussi que, dans le cours terme, nous avons comme ambition de porter à la magistrature suprême Khalifa Sall, pas comme candidat du Parti socialiste, mais comme candidat du peuple, de l’espoir, d’un Sénégal meilleur.