1 an de sursis. C’est la peine que le Tribunal correctionnel de Dakar a infligée hier à Serigne Aramine Mbacké, condamné également à payer la somme de 80 millions de F CFA à la commerçante Oumy Thiam. Le Parquet avait requis une peine de 5 ans ferme ainsi que le mandat de dépôt contre le prévenu poursuivi pour association de malfaiteurs, escroquerie et faux et usage de faux en écritures privées de commerce. Mais les juges ont prononcé le sursis après une requalification des faits en abus de confiance.
La commerçante qui réclamait initialement la somme de 1 milliard de francs CFA au titre de dommages et intérêts devra encore patienter pour espérer empocher les 80 millions car, Me Abdou Dialy Kane a décidé de faire appel de la décision. Il s’y ajoute qu’Aramine Mbacké avait initié une procédure civile contre elle. L’homme d’affaires réclame une dette de plus de 100 millions à Oumy Thiam mais le juge civil avait ordonné le sursis à statuer en attendant que la procédure pénale soit vidée. Cette dernière a été déclenchée suite à une plainte que la dame avait déposée devant le juge du deuxième cabinet d’instruction.
Dans sa plainte, Oumy Thiam soutient que M. Mbacké l’avait approchée au tout début pour une importation de sucre qui devrait lui faire gagner 600 millions de francs CFA par bateau. C’est dans ces circonstances qu’elle a versé au prévenu la somme globale de 546 millions de F CFA en trois tranches. Une première de 250 millions de francs CFA destiné au contrat revolving de 4 bateaux de sucre. Le second versement estimé par la plaignante à 178,5 millions en espèces a servi au paiement de lettres de crédit. La troisième tranche a été décaissée en deux virements de 113 000 dollars chacun (soit 56,5 millions F CFA par virement). A la barre, la commerçante avait réitéré ses accusations soutenues par son avocat Me Baboucar Cissé. Ce dernier avait laissé entendre que Serigne Aramine Mbacké a ruiné sa cliente et que toutes les six lettres de crédit qu’il a remises sont fausses.
Mais Serigne Aramine Mbacké avait clamé son innocence en accusant les fournisseurs de la dame de n’avoir pas respecté les exigences des lettres de crédit. Pour Me Kane, la partie civile a voulu profiter du carnet d’adresses de son client pour relancer ses affaires qui ne marchaient plus. C’est dans ces circonstances qu’Aramine Mbacké avait mis en rapport Oumy Thiam avec des sociétés américaines chargées de trouver des lettres de crédit. D’après toujours l’avocat de la défense, les fournisseurs de la dame n’ont pas respecté les exigences des lettres de crédit car ils exigeaient le paiement avant de livrer la marchandise. Or, non seulement les lettres de crédit ne sont pas gratuites mais elles servent de simples garanties bancaires. Compte tenu de tous ces arguments, Me Kane avait plaidé la relaxe pure et simple car il estimait que la partie civile s’était lancée dans une opération en ayant conscience des risques.