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Abdoul Mbaye (ancien Premier ministre): ‘’Une partie de la justice est utilisée à des fins politiques’’
Publié le samedi 11 fevrier 2017  |  Enquête Plus
L`ancien
© Autre presse par DR
L`ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a lancé son parti politique




Convoqué aujourd’hui devant le juge du tribunal de Grande instance de Dakar pour répondre des accusations de faux en écriture publique, usage de faux et falsification de documents administratifs, portées par son ex-épouse, Abdoul Mbaye a une idée toute faite de la justice sénégalaise. Une partie de celle-ci, notamment le Parquet, à son avis, est utilisée à des fins politiques. Dans cet entretien, le président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), qui se positionne de plus en plus comme un sérieux opposant à Macky Sall en perspective des prochaines joutes électorales, passe au peigne fin le récent revers essuyé par la diplomatie sénégalaise, lors de l’élection du président de la commission de l’Union africaine. L’ancien chef du gouvernement revient également sur la situation nationale du pays qu’il juge très difficile.

Vous êtes accusé par votre ex-épouse de faux en écriture publique, usage de faux et falsification de documents administratifs et devez comparaître devant le juge du tribunal de Grande instance de Dakar…

Pour cette question je me suis longuement exprimé lors d’une conférence de presse spécialement dédiée à cette affaire. D’ailleurs mes propos sont encore présents sur le net.

Oui mais lors de l'audience du 3 février 2016, le tribunal hors classe de Dakar a prononcé le divorce à vos torts exclusifs. Cette affaire ne risque-t-elle pas d'écorner votre image ?

Laissons la Justice suivre son cours.

L’autre actualité judiciaire est marquée par l’audition des responsables du Ps. Il y a aussi l’ouverture du procès Barthelemy Dias.

Ce que je peux vous dire, c’est ce qui me concerne moi. Et par là, je parle par extension à ce qui peut arriver à d’autres. Les exceptions confirment les règles. Manifestement, je pense qu’une partie de la justice, notamment le Parquet - c’est mon net sentiment - est utilisé à des fins politiques. C’est triste. Parce que très sincèrement, il y a eu voie de fait, puisqu’il y a eu des constats. Qui a été à l’origine des provocations ? Je ne sais pas. Mais manifestement, on est dans l’excès. Alors, concernant le cas de Barthelemy Dias, ce qui est étonnant, c’est que l’on réchauffe ce dossier après 6 ans. Alors pourquoi l’avoir laissé en basse température ? Pourquoi le faire revivre tout d’un coup ? Parce qu’il s’allie à Khalifa Sall et cela devient net. Dans un sens comme dans l’autre, on est dans de la manipulation, à mon avis.

Quelle lecture faites de l’échec d’Abdoulaye Bathily et, de manière générale, de la diplomatie sénégalaise à l’élection de la présidence de la commission de l’Union africaine ?

Je crois que vous faites bien de faire le distinguo entre défaite de Bathily et celle de la diplomatie sénégalaise. Je crois que c’est le Sénégal qui a perdu. Ce n’est pas Abdoulaye Bathily. Evidemment, il faut regretter que le Sénégal n’ait pas pu faire passer son candidat. Mais moi, j’aurais surtout regretté que le Sénégal n’ait pas pu évaluer ses chances de faire passer son candidat. Car en diplomatie, il faut éviter de tels échecs. Il vaut mieux un retrait honorable qu’un maintien coûte que coûte, avec comme résultat une défaite. J’espère simplement que cela ne traduit pas un isolement diplomatique du Sénégal. Il y avait en compétition un ressortissant tchadien et un Sénégalais, entre autres.

Le Tchad a gagné. Il faut être fair-play et considéré qu’on a été cette fois moins bon. Il ne faut pas désespérer, par contre, de voir le Sénégal, demain, remporter d’autres joutes de cette nature. Mais le fair-play est important en diplomatie. Parce que je regrette de constater certaines réactions, notamment celles du ministre des Affaires étrangères. Il faut éviter en diplomatie l’aigreur et l’opprobre jeté sur des amis, des frères, comme on a l’habitude de les appeler, mais qui une fois, n’ont pas souhaité aller dans notre sens. Le candidat du Tchad est passé, il faut le féliciter.

Selon vous, comment se fait-il que des pays de la CEDEAO, qui avaient pourtant pris la résolution de soutenir et d’endosser la candidature du Sénégal, n’aient pas voté pour le Pr Abdoulaye Bathily ?

Ecoutez, en diplomatie, il y a des engagements qui sont pris. Mais les engagements évoluent et les positions ne sont jamais figées. Tant que les Etats eux-mêmes qui ont eu à faire évoluer leurs positions ne se sont pas exprimés sur les motivations du changement de leurs positions, c’est difficile de faire des suppositions. Mais, en tout cas, ce qu’il faut retenir, c’est que le candidat du Tchad était meilleur que le nôtre, au regard des voix telles qu’elles se sont réparties entre les différents prétendants.

Est-ce à dire que le Sénégal a fait une erreur de casting ?

Non ! Quand vous dites erreur de casting, vous considérez que le Sénégal aurait peut-être dû présenter quelqu’un d’autre qu’Abdoulaye Bathily. Quelqu’un de plus beau, puisqu’on parle de casting. (Rires). Non ! Encore une fois, je pense que la vraie question, c’était le Sénégal contre le Tchad. Le candidat du Sénégal contre celui du Tchad dans un contexte particulier qui fait intervenir des éléments de géopolitique et d’habileté diplomatique. Probablement, nous avons quelque part manqué d’habileté. Mais encore une fois, nous n’aurions peut-être pas dû, je parle en tant que Sénégalais, nous obstiner à y aller, après avoir pu évaluer les chances de notre candidat.

Parlons de la vie de votre parti. Où en êtes-vous dans l’implantation de ses bases ?

Le parti grandit vite. Bien plus vite qu’on ne le pensait. Cela me vaut quelques fatigues et nous sommes surpris par le nombre d’adhésions que nous enregistrons tous les jours, depuis le lancement du parti en mai dernier. C’est l’occasion de souligner que notre parti n’a pas encore un an. C’est au vu de l’importance de ces adhésions, dans tous les coins du territoire sénégalais, que nous avons retenu d’organiser des tournées pour aller à la rencontre de nos militants. Nous sommes en train de parcourir le Sénégal pour échanger avec eux, mieux les organiser. Nous sommes très heureux de constater, qu’après nos visites locales, les adhésions sont encore plus nombreuses, qu’il y a un effet cumulatif qui nous séduit et qui nous encourage à poursuivre dans cette voie. Bientôt nous allons de nouveau nous déplacer.

Vous avez été en contact avec le Sénégal des profondeurs dans le cadre de ces visites. Quel est le constat fait sur le terrain ?

D’abord, un grand plaisir à rencontrer des personnes simples par l’éducation, bien entendu, par tradition, mais également parce que leur environnement le leur impose. Vous ne pouvez pas être compliqué, quand vous avez tous les jours un problème d’eau à aller chercher, quand vous avez un problème d’électricité, quand la lumière ne vient pas vous aider le soir à faire votre cuisine etc. Au-delà de la qualité de ces rencontres et de ces échanges avec le pays profond, parce que c’est bien comme ça qu’il faut le qualifier, il y a les constats douloureux que nous faisons. Des constats de manque de tout, de soins, de routes, accessibilité difficile, manque d’eau, d’électricité. On est même allé dans un village dont on a appris qu’il est, pendant trois mois des saisons des pluies, isolé du Sénégal. C’est quelque chose de terrible à faire comme constat. Cela me donne une idée. Il faudra demain que le programme de l’ACT insiste sur des projets d’action civique permettant à nos jeunes d’aller constater comment vivent les pauvres Sénégalais dans les campagnes reculées.

A vous entendre, c’est comme si le PUDC n’existait pas, alors que les autorités sont en train de chanter les succès de ce programme qui, de leur point de vue, est en train de révolutionner le monde rural.

Ecoutez, c’est un programme qui vient s’ajouter à d’autres. Vous vous souvenez qu’à l’époque du Président Abdou Diouf, on parlait beaucoup de moulins et de forages. Ce qu’il faut regretter simplement, c’est qu’on n’en fasse pas assez. En tout cas moi, ce que j’ai pu constater par exemple, puisque vous parlez de ce genre de projet, il y a également l’ASER pour l’électrification rurale. Quand vous arrivez dans plusieurs villages successifs où vous voyez qu’il y a eu des investissements importants, des pilonnes dressées, des groupes électrogènes installés et que rien ne marche, parce qu’il n’y a pas d’électricité, vous pensez gaspillage plutôt que solution apportée.

La vraie problématique est la suivante : est-ce que les choix qui sont faits sont les bons ? Cette inefficacité est le résultat de mauvais choix n’impliquant pas suffisamment les populations elles-mêmes, des choix qui sont orientés par d’autres préoccupations ? Manifestement, quand vous voyez cet éclairage ASER qui ne fonctionne pas avec des groupes électrogènes, vous dites que c’est le marché qui était le plus important que l’efficacité. Parce qu’un groupe électrogène, le maintenir simplement demande beaucoup de choses, déplacer les pièces et acheter le gasoil. Le PUDC est une autre tentative qui n’a pas encore résolu les problèmes.

Les élections législatives sont dans moins de six mois. Comment préparez-vous ces joutes ?

Je vais être prudent parce qu’il ne faut pas qu’on m’accuse de faire campagne avant l’ouverture de celle-ci. Mais ce que je puis vous dire par contre, c’est qu’au niveau de notre parti, s’il fallait classer les élections par ordre d’importance, ce sont bien les Législatives que nous aurions placé en tête. Parce que nous considérons justement, dans le cadre du programme de notre parti, que le renforcement de la démocratie sénégalaise, c’est ce dont nous avons le plus besoin. Cela passe par une Assemblée nationale de qualité redevenue une Chambre des citoyens.

Parce que ce à quoi on assiste et que vous constatez tous, c’est une Assemblée nationale repaire d’hommes et de femmes choisis par les états-majors des partis politiques avec le souci de transformer cette institution en chambre d’enregistrement des décisions prises par l’Exécutif. Or nous avons besoin d’une Assemblée nationale jouant totalement son rôle de contrôle de l’Exécutif. Malheureusement, ils ne font qu’applaudir. Pour les bons projets et les bonnes décisions prises par le gouvernement, il n’y a rien à objecter. Mais nous avons également besoin de députés capables de rejeter, de sanctionner, de contrôler etc. De cela, notre démocratie a grand besoin.

Quelle est votre posture sur le passage du nombre de députés de 150 à 165 pour la prochaine législature ?

Il n’y a pas que cela d’ailleurs. Avant cela, il y avait le nombre de postes créés au niveau du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT). (Rires). Je me souviens, à l’époque où je croyais encore aux ruptures, de la magnifique décision qui a été prise de supprimer le Sénat qu’on avait jugé inutile face aux vraies préoccupations des Sénégalais, notamment à la faveur des gros problèmes d’inondation que nous avions vécus. Malheureusement, les politiciens se sont rendu compte qu’ils n’avaient plus assez de postes à rémunérer et ils en ont recréé avec le HCCT.

Notre parti avait pris une position sur cette question. C’est vrai qu’il est bon d’avoir une instance se préoccupant des questions des collectivités et du développement territorial. Mais la position de notre parti a été, que l’on ne recrute, pour constituer ce Haut conseil, que des élus déjà rémunérés et qu’on leur verse de petites indemnités de session. Ils ont choisi les grosses dépenses, parce qu’il fallait créer des postes. Là également, 150 députés pour le Sénégal, nous estimons que c’était suffisant. Par contre, il fallait faire une place à la diaspora, c’est une bonne idée. Malheureusement dans cette logique de recherche de poste, on en a créé 15, alors que normalement, dans le respect de l’équilibre démographique, des inscrits dans le fichier électoral, on n’aurait jamais dû dépasser 7 ou au maximum 8 députés de la diaspora. Mais leur présence est une bonne chose.

Sous quelle forme comptez-vous prendre part aux Législatives ?

Nous considérons d’abord que les négociations entre structures ne peuvent être que très difficiles pour plusieurs raisons, parmi lesquelles les partis, les formations acceptant de conduire une politique autrement sans qu’ils soient entachés par leur passé, ne sont pas très nombreux. C’est la première chose. La seconde est que nous avons peu de temps et les négociations risquent d’être très difficiles. Mais nous savons également que les ententes seront nécessaires et nous allons les rechercher mais, sans exclure les alliances au niveau des structures, privilégier les ententes au niveau départemental. C’est la décision prise par le Bureau politique.

Vous allez participer sous votre propre bannière et négocier avec d’autres formations politiques ?

Voilà ! Sous notre propre bannière agrémentée de... Mais on ne renoncera pas à notre bannière. On n’exclura pas d’y adjoindre quelques autres. Mais nous privilégierons les ententes au niveau départemental.

Peut-on s’attendre à une coalition entre votre parti, Pastef d’Ousmane Sonko et Taxaw temm d’Ibrahima Fall. Votre coalition ‘‘Samm li nu bokk’’ se démarque-t-elle de l’opposition classique qu’incarnent le Pds et ses alliés du FPDR?

Vous avez cité sans aucun doute des partis qui nous ressemblent. Je le pense. C’est un avis personnel. Mais nous ne sommes pas en coalition avec eux. Ils ont constitué leur groupe et nous, nous n’en faisons pas partie. Mais, c’est vrai que sur le plan de la démarche, sur la mise en avant de la défense de l’intérêt général, sur la mise en avant du nécessaire patriotisme qui doit guider notre action politique, nous sommes totalement en phase. Evidemment, il y a des choses qui se négocient, des échanges qui ne peuvent pas être portés sur la place publique.

Donc vous n’adhérez pas à l’appel de Me Wade qui a exprimé le désir d’une opposition forte pour aller aux Législatives.

Il a lancé un appel à l’opposition. Je suis certain qu’une partie de celle-ci se retrouvera dans une coalition. Mais je crois qu’il est utopique de croire que toute l’opposition sera en coalition. Personnellement, j’ai vécu l’expérience au sein du Front de défense/Manko Wattu Senegal qui n’est pas une coalition électorale. Ce ne sont pas des choses simples à mettre en œuvre. Alors, une coalition avec 70 partis, pour moi, cela relève de l’utopie. J’aime bien être efficace et dans notre parti, nous avons ce gros souci.

Est-ce que ça ne fait pas désordre de voir Abdoul Mbaye, Ousmane Sonko, le Pds dans une même plate-forme pour porter le même combat ?

J’ai eu à répondre à une question qui ressemblait à la vôtre, lors de mon dernier voyage à Paris. C’est un militant qui me le reprochait d’ailleurs. Vous, vous posez la question ; lui, le compagnon me reprochait notre attitude. Je lui ai répondu ceci : mais si demain le Sénégal était agressé par une puissance étrangère et si le Président Macky Sall qui est notre adversaire politique numéro 1 me demandait d’être général sur un front pour défendre le Sénégal ou être soldat dans l’armée sénégalaise. Mais, je m’engage pour défendre mon pays. Là, il s’agit de défendre notre démocratie. Je n’ai pas de choix à faire entre celui-là. Je ne peux être qu’à ses côtés. Je m’engage parce qu’il est important de défendre notre démocratie, les intérêts nationaux, notamment, les richesses naturelles de notre pays.

Le président de la République a récemment effectué une visite en France durant laquelle, des contrats ont été signés, notamment celui concernant le TER avec Alstom. Quelle appréciation faites-vous de ce projet ?

J’ai été franchement désolé de voir notre président de la République être utilisé comme mannequin sur une photo où il y avait derrière lui autant d’employés d’Alstom. Je crois qu’il faut éviter, lorsqu’on signe ce genre de contrat, parce que ça peut arriver, d’avoir des attitudes qui peuvent être assimilées à une promotion marketing d’une entreprise, en plus étrangère. J’avoue que j’en ai un peu souffert, mais ça, c’est l’aspect théâtre. Pour le reste, très sincèrement, le TER est une bonne chose et encore, il ne sera pas très rapide, vu le nombre de gares sur la distance. Mais, ce qui est certain, c’est que c’est une catastrophe économique. C’est ce que je retiens de par son coup.

On sent bien qu’il s’agit d’un projet de prestige et le Sénégal a besoin d’autres choses. Effectivement, puisqu’il s’agit de train, ce dont je souffre le plus, c’est de constater, lorsque vous vous rendez à Saint-Louis ou ailleurs sur les routes qui longent les anciennes villes de chemin de fer, ces investissements qui ont cessé d’être utilisés et qui pourtant, étaient tellement utiles à notre économie, servaient à décharger les routes qui souffrent tant du nombre de véhicules transportés… Des sommes pareilles, je les aurais plutôt consacrées à la réhabilitation de notre chemin de fer qui est une faillite. Dans les pays du monde qui peuvent se prétendre émergents, je crois que c’est le cas au Sénégal, on ne constate pas des reculs aussi importants, c’est-à-dire un chemin de fer qui fonctionnait et qui aujourd’hui, marche moins bien qu’il y a cinquante ou soixante ans, il y a problème.

Mais, il y a un projet dans ce sens de réhabilitation, peut-être que ça prend beaucoup plus de temps que prévu.

On ne parle pas de projet, mais de priorité. Qu’est-ce qui est prioritaire pour l’économie sénégalaise ? Et qu’est-ce qui pourra être fait demain, lorsque l’endettement aura atteint un niveau tel qu’il ne sera plus possible pour même les générations futures, de mener à bien les projets nécessaires et vraiment prioritaires ?

Cette visite d’Etat du Président en France a été marquée par l’entrée de Total dans le pétrole et le gaz sénégalais. Il paraît que des contrats ont été signés dans ce cadre ; qu’est-ce que vous en pensez ?

J’aurais bien aimé en penser un peu plus que ce que j’en pense aujourd’hui. Parce que j’ai cherché partout des communiqués précis qui auraient pu me permettre de me faire une idée tout aussi précise de la nature de cet accord. Mais je n’ai pas trouvé cela. C’est dommage, parce que quand Cosmos signe au moins, il y a des communiqués, quand BP signe, il y a des communiqués. Mais là, à moins que ça m’ait échappé, je n’ai pas vu de communiqué sur la nature de cet accord. Par contre, il y a quelque chose qui a attiré mon attention. Lorsqu’on s’en est pris à cette association Franck Timis-Aliou Sall et qu’on a défendu au niveau de notre parti le principe de la remise en cause de ces acquis, à savoir l’attribution des permis à la société de Franck Timis. Il y a eu deux responsables du PIT, les alliés du Président Macky Sall, qui sont intervenus pour dire qu’on ne touche pas au statu quo (même si ça ne sert pas les intérêts du Sénégal), parce que ce que veulent ceux qui cherchent sa remise en cause, c’est donner le pétrole du Sénégal à Total. Où sont-ils aujourd’hui ? Il y a non seulement le statu quo, mais Total est arrivé et on ne les entend pas. C’est triste.

Où en êtes-vous dans ce combat, parce qu’à en un moment donné, on vous a vu multiplier les sorties par rapport à ce point de la gestion des ressources minérales du Sénégal. On constate que vous vous êtes un peu effacé sur cette question.

On ne baisse pas la garde. On a livré à l’opinion nationale et internationale ce que nous savions de ce dossier et ce qui devait être su. Maintenant, c’est un dossier qui est entre les mains de nos avocats au niveau de Manko Wattu Sénégal. Mais, il faut également savoir que les politiques sont, peut-être, des avant-gardes. Mais il appartient aussi au peuple de réagir lorsqu’ils constatent certaines anomalies dans la manière où les affaires de leurs cités sont gérées. Surtout, lorsque la représentation nationale ne s’en mêle même pas.

Ce que nous disions tout à l’heure : une Assemblée nationale qui ne nous sert pas à grand-chose. Il faudra donc que demain, le peuple du Sénégal sanctionne ceux qui ont mal géré notre pétrole. A cet égard, la première date pour cette sanction, ce sont les prochaines élections législatives du 30 juillet. Dans cette affaire, il y a des questions qui relèvent du pénal et des actions en justice ont été engagées par les avocats de ‘’Manko Wattu Sénégal’’. Ce sont maintenant eux qui prennent le relais.

Avez-vous été saisi d’une plainte de Frank Timis ?

On avait entendu des déclarations tonitruantes, et de Frank Timis et de son avocat. On s’en réjouissait, parce qu’on attendait ça, pour pouvoir disposer d’une tribune qui aurait permis de livrer beaucoup de détails. Mais malheureusement, nous constatons qu’elle n’arrive toujours pas, cette plainte. Et nous continuons d’espérer…

Donc, ils n’ont pas porté plainte ?

Je ne sais pas s’ils ont porté plainte ou pas. En tout cas, nous n’avons pas été convoqués sur cette affaire.

Actuellement, il y a un renchérissement du coût de la vie avec l’augmentation du prix des denrées. Comment appréciez-vous la réponse que l’Etat est en train d’apporter à cette question ?

Je pense que c’est une question sur laquelle il ne faut jamais baisser la garde, pour une raison simple. C’est parce que nos marchés sont imparfaits. Il y a trop d’oligopoles, pas suffisamment de régulation. Parfois même de monopole, c’est le cas du sucre. Les procédures qui avaient été mises en place en 2012 doivent être maintenues sous forme de contrôle constant et de remise en ordre à chaque fois que cela est nécessaire.

Malheureusement, je pense que c’est par défaut de surveillance qu’on en est arrivé là. Il y a des hausses qui peuvent être justifiées par des cours mondiaux. Et je me souviens d’une époque où on a empêché l’augmentation du prix de la farine. Parce qu’on avait constaté, statistiques à l’appui, que les meuniers avaient profité d’une période de cours favorables. Et nous avions également par étude du marché mondial retenu que la période de hausse était conjoncturelle et que les choses allaient redevenir normal. On était revenu à un prix homologué de la farine. Je crois que l’importance, c’est de rester vigilant sur ces questions. On ne peut pas vivre sans inflation, il faut le reconnaître. Mais il faut accorder une importance cruciale à ces questions de denrées qui ont des conséquences importantes. Le vrai problème, c’est que je pense qu’il y a eu un relâchement coupable.

Tout le débat autour du fichier. Les derniers soubresauts, avec la polémique autour de l’installation de la commission de suivi du processus électoral. Cela ne va-t-il pas donner lieu plus tard à des contestations, puisqu’il n’y a pas encore de consensus autour de la question ?

Je ne comprends pas certaines attitudes et évidemment, cela crée de la méfiance, du ressentiment, de la tension inutile. Mais voilà que depuis 1992, à chaque fois qu’on touche au processus électoral, à la loi électorale, on se soucie de le faire dans le cadre d’un consensus dont le Sénégal a toujours profité. Et tout d’un coup, on se met dans des logiques de passage en force. Evidemment, c’est suspect. C’est d’autant plus suspect qu’on perçoit de façon nette une volonté de réduire le nombre d’inscrits susceptibles de ne pas voter APR. Nous avons des preuves que, au moins dans un cas - c’est au ministère de l’Elevage - un bureau a été mis en place qui n’acceptait d’autres personnes que celles amenées par des cars pour se faire inscrire. Nous recevons régulièrement de nos compagnons à l’étranger des remarques ; heureusement que ce n’est pas partout.

Vous savez, les consulats sont devenus des postes très politiques. Il y a manifestement des consuls qui s’arrangent pour favoriser l’inscription des militants APR. Tout cela crée un niveau de suspicion inutile. Evidemment, on est obligé de constater les faits et de réagir. Tout à l’heure, vous parliez de campagne, dans le cadre des Législatives. Nous ne sommes pas en campagne, mais en période de sensibilisation. Vous vous souvenez, il y avait eu beaucoup de frais, de publicité, de marketing engagé pour faire voter OUI, lors du dernier référendum. J’estime qu’il revenait encore à l’Etat de dépenser presque autant pour amener les citoyens à s’inscrire et de ne pas être spectateurs de la vie politique dans leur pays. Vous voyez bien que ce n’est pas le cas. On essaie de limiter au maximum les inscriptions, le réveil citoyen. Parce que je crois qu’on a peur du vote.

Pour un pays qui aspire à l’émergence, est-ce normal qu’il n’y ait qu’une seule machine de radiothérapie ?

C’est tout simplement inadmissible. D’autant plus qu’on prête au ministre de la Santé des propos selon lesquels la panne était prévisible. C’est triste. Et au-delà de cette panne, ce que nous déplorons nous, c’est l’inégalité devant la santé. C’est cela le vrai problème du Sénégal. Je faisais tout à l’heure allusion à mes déplacements à l’intérieur du pays. Quand vous visitez les centres de santé dans les coins les plus reculés du Sénégal, c’est une catastrophe. Quand on vous dit : hier, une personne a accouché, il a fallu utiliser la torche de mon portable pour voir ce que je faisais, c’est d’une tristesse effroyable. A côté de cela, des milliards sont dépensés pour prendre en charge certains malades nantis, en tous cas qui le méritent, selon l’Etat, pour qu’ils aillent se faire soigner à l’étranger. Que l’on s’efforce à offrir aux Sénégalais, qu’ils soient riches ou pauvres, un minimum de soins de qualité sur place, sans qu’ils aient à se déplacer au Maroc, en Tunisie et autres.
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