Aboubacry Moussa Lam, professeur titulaire d’égyptologie au département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a préconisé mardi l’exploitation des travaux de l’historien Cheikh Anta Diop (1923-1986) pour former les jeunes Africains.
"Cheikh Anta a mené le combat pour la réhabilitation des Africains. Il est parti, mais les acquis sont là, parce que sans lui les Africains n’auraient pu peut-être jamais savoir que leur histoire était importante pour l’humanité", a-t-il dit, dans un entretien avec l’APS. Le Pr Lam soutient qu’il reste maintenant à "exploiter les travaux" de Cheikh Anta Diop, dont l’anniversaire du décès est célébré ce mardi 7 février.
Il a rappelé que sa pensée est enseignée depuis qu’il a commencé à donner des cours à l’Université de Dakar qui porte aujourd’hui son nom et dont le département d’histoire compte cinq égyptologues, selon lui.
"C’est la pensée de Cheikh Anta qui est enseignée en matière d’histoire. Même au niveau de l’histoire contemporaine et moderne et en histoire médiévale, les gens s’inspirent de la pensée de Cheikh Anta. Maintenant, il reste à vulgariser et à exploiter ses idées", a préconisé l’égyptologue.
"Il faut que l’Africain s’enracine dans ses valeurs pour qu’il puisse résister aux multiples aliénations culturelle, économique et autres. Il faut donc qu’on exploite la pensée de Cheikh Anta pour former l’homme africain", a exhorté le Pr Lam, citant les propos de son maître à penser.
Il a rappelé la décision prise en 2016 par le gouvernement sénégalais d’intégrer l’enseignement de la pensée de Cheikh Anta Diop dans tout le système scolaire, du préscolaire jusqu’à l’université.
Pr Aboubacry Moussa Lam estime que "l’exemple de Cheikh Anta sera proposé aux jeunes sénégalais en matière de probité, de combat et de lutte", espérant que dans les années à venir sa pensée "sera mieux exploitée comme elle ne l’a été jusqu’ici".
"Pour comprendre l’histoire actuelle du Sénégal, il faut aller dans cette direction-là. D’ailleurs, c’est ce qui sera fait dans le volume 3 de l’Histoire générale du Sénégal où il sera question d’explorer les héritages les plus lointains de la nation sénégalaise", a-t-il dit, précisant qu’il est l’un des directeurs de ce projet.
Pr Lam a cité l’héritage nilotique auquel Cheikh Anta Diop a consacré une grande partie de ses travaux.
Cheikh Anta Diop, décédé le 7 février 1986 à l’âge de 62 ans, a travaillé sur l’historicité des sociétés africaines, l’antériorité de l’Afrique, l’africanité de l’Egypte et d’autres sujets de recherche.
Surnommé "Le Pharaon du Savoir" en raison de son immense savoir à la fois d’historien, d’anthropologue et de physicien, il est considéré à ce titre comme le restaurateur d’une conscience historique africaine.
Le Pr Lam a rappelé que Cheikh Anta Diop l’a inspiré dans l’orientation de ses recherches en maîtrise. Et il est aujourd’hui considéré comme l’un de ses plus fervents disciples avec la publication de plusieurs ouvrages, parmi lesquels "Le Chemin du Nil", "La vallée du Nil berceau de l’unité culturelle de l’Afrique Noire", etc.