Victorieux de l’Egypte (2-1) en finale, le Cameroun a remporté à la surprise générale, dimanche à Libreville, au Gabon, la 31ème édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, renouant ainsi avec un sacre qui le fuyait depuis quinze ans.
Au coup d’envoi de la compétition, même le plus irréductible de leurs supporters n’osait parier un franc CFA sur les «Lions indomptables». Donné moribonds au vu des perturbations ayant marqué leur approche de la compétition avec la défection de huit joueurs, le forfait d’Henri Bedimo (Marseille, France) et la mise à l’écart d’Aurélien Chedjou (sans club) en plus des habituels «bannis», Stéphane Mbia (Chine) et Carlos Idriss Kameni (Malaga, Espagne), ils ont déjoué les pronostics alarmistes en accédant en quarts de finale, remportant, dans la foulée, leur premier match (face à la Guinée Bissau 2-1) en phase finale de CAN depuis… 2010. Presque une éternité.
Comme pour brouiller davantage les pistes, le sélectionneur Hugo Broos y est allé de ses choix déroutants, mettant notamment sur le banc ses joueurs clé les plus expérimentés, Nicholas Nkoulou (Lyon, France), Clinton Njie (Marseille, France) et Vincent Aboubakar (Besiktas, Turquie).
De l’effectif camerounais qu’on croyait le plus faible de ces dernières années avec sa cohorte d’inconnus, le technicien belge a su en tirer le maximum avec une défense hermétique constituée de l’excellent jeune gardien de but de l’équipe réserve de Séville (Espagne), Fabrice Ondoa (21 ans) dans la cage, d’une charnière centrale new look Adolphe Teikeu (Sochaux, France) - Michael Ngadeu (Salavia Prague, République Tchèque), - ce dernier, auteur de deux réalisations décisives, est le meilleur… buteur de l’équipe) - et des latéraux Collins Faï (Standard de Liège, Belgique) et Ambroise Oyongo (Impact Montréal, Canada).
Au milieu de terrain, Sébastien Siani (KV Oostende, Belgique), Arnaud Djoum (Heart of Midlothian, Ecosse) et Georges Mandjeck (Metz, France) se sont singularisés par leur activité débordante, alors que le capitaine Benjamin Moukandjo (Lorient, France) distille les bons ballons aux virevoltants attaquants que sont Karl Toko Ekambi (Angers, France) et Christian Bassogog (Aalborg, Danemark). Ce dernier, révélation du tournoi, a été désigné meilleur joueur de la CAN 2017.
Volontaire, dotée d’un mental d’acier et un brin chanceuse, cette nouvelle génération est capable de défendre quand il le faut, comme face au Sénégal (0-0, 5-4 tab), mais aussi de faire le jeu, comme face au Ghana (2-0) en demi-finale et en seconde période contre l’Egypte (2-1) en finale. Dépourvue de stars, elle mise sur le collectif.
Et lorsqu’elle peine à trouver des solutions, les cadres confinés sur le banc apportent la lumière. Comme lorsque Nicholas Nkoulou et Vincent Aboubakar, entrés en cours de jeu, ont débloqué la finale avec des réalisations décisives.
Pourtant, Hugo Broos, qui a fait de la flexibilité tactique l’une des approches de son coaching, avait prévenu, à la veille des demi-finales. «Quand j’ai publié ma liste des 23, j’ai demandé à la presse de respecter mes choix, de ne pas les commenter, mais de juger les résultats à la fin de la compétition. Je leur ai demandé de me faire confiance. Pas plus», avait-il soutenu en conférence de presse.
Les faits lui ont donné raison : Le Cameroun est de retour au sommet du football africain, quinze ans après son dernier couronnement. En battant l’Egypte, il prend sa revanche sur un adversaire qui lui a ravi le sacre lors des finales de 1986 et de 2008. Il remporte ainsi son cinquième trophée continental, après ceux de 1984, 1988, 2000 et 2002.