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Samir Ami sur la pensée marxiste du capitalisme: "Comprendre le capitalisme contemporain implique un sursaut du ‘‘Capital‘‘ marxiste"
Publié le mardi 7 fevrier 2017  |  Sud Quotidien




L’économiste de politique du développement, le professeur Samir Amin, estime que le sous-développement n’est que la conséquence de l’ajustement des pays de la Périphérie aux besoins d’accumulation de ceux du Centre. Ce précepte est le fruit d’une théorie économique néoclassique. Il animait une conférence publique sur le 150e anniversaire de la publication du «Capital» de Karl Marx, samedi dernier, à Dakar, dans le cadre des activités mensuelles de l’Arcade.

Samir Amin, éminent penseur critique et un convaincu de l’idéologie du capitalisme marxiste s’est donné le privilège de revisiter l’œuvre de Karl Marx. Dans l’analyse de la pensée marxiste, ce brillant professeur économiste égyptien dira: «lire l’œuvre de Karl Marx, le «Capital» est essentiel et nécessaire pour comprendre ce qu’il y a de fondamental et d’essentiel dans le capitalisme, mais insuffisant pour dépasser les lectures ou les tentatives de compréhension des réalistes empiristes de la réalité capitaliste. Ce qui implique un sursaut de la lecture du ‘’Capital’’ pour lire et comprendre le capitalisme contemporain», indique l’agrégé en Sciences économiques vivant au Sénégal. C’était samedi dernier, à Dakar, à l’occasion de la célébration du 150e anniversaire de la publication du ‘’Capital’’ de Karl Marx, vers le milieu de l’année 1867, l’un des tournants de l’histoire de l’Humanité. Une conférence publique qui rentre dans le cadre des débats économiques mensuels dénommés «Samedi de l’économie», organisés par l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (Arcade), en partenariat avec la Fondation Rosa Luxembourg.

«LE CAPITALISME CONTEMPORAIN EST D’ABORD ET AVANT TOUT UN CAPITALISME D’OLIGOPOLES»

Pour ce professeur d’économie politique du développement, l’un des éminents penseurs qui ont annoncé la fin du capitalisme depuis plus de 60 ans a été toujours aux avant-postes pour déconstruire les théories néoclassiques sur le développement. Lesquelles théories utilisent abondamment les mathématiques, rendant ainsi souvent difficile la compréhension et, surtout, l’évaluation de la portée économique. Déployé à l’échelle mondiale comme le seul et l’unique système capitaliste, Samir Amin réprouve et affirme que ce qu’on appelle «sous-développement» n’est que la conséquence de l’ajustement des pays de la Périphérie aux besoins d’accumulation de ceux du Centre. Cette théorie économique néoclassique mondiale l’amena à la déconstruction et au discrédit de cette idéologie du développement.

Selon le professeur, «le capitalisme contemporain est d’abord et avant tout un capitalisme d’oligopoles au sens plein du terme. En clair, ce qu’il n’était qu’en partie jusqu’ici. J’entends, par là, que les oligopoles commandent seuls la reproduction du système productif dans son ensemble. Ils sont ‘’financiarisés‘’ dans le sens qu’eux seuls ont accès au marché des capitaux. Cette financiarisation donne au marché monétaire et financier - leur marché, celui sur lequel ils se concurrencent entre eux - le statut de marché dominant, qui façonne et commande à son tour les marchés du travail et d’échange de produits», a-t-il dit.

VIOLENCE DE LA CONCURRENCE ENTRE PUISSANCES IMPERIALISTES OU «GUERRE DE TRENTE ANS»

Ainsi pour Samir Amin, «cette financiarisation mondialisée s’exprime par une transformation de la classe bourgeoise dirigeante, devenue ploutocratie rentière. Les oligarques ne sont pas russes seulement, comme on le dit trop souvent, mais bien davantage étatsuniens, européens et japonais. Le déclin de la démocratie est le produit inévitable de cette concentration du pouvoir au bénéfice exclusif des oligopoles», développe-t-il. Et de relever que «les monopoles qui émergent, en réponse à la première crise du taux de profit, se sont constitués sur des bases qui ont renforcé la violence de la concurrence entre les puissances impérialistes majeures de l’époque, et conduit au grand conflit armé amorcé en 1914 et poursuivi à travers la paix de Versailles puis la seconde guerre jusqu’en 1945. Ce que Arrighi, Frank, Wallerstein et moi même avons qualifié, dès les années 1970 de «guerre de trente ans», terme repris depuis par d’autres», a-t-il rappelé entre autres, questions abordés.
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