Le président de la République a invité hier, lors de la Grande rentrée citoyenne, les jeunes du Sénégal à la socialisation. Invité à parler de son parcours aux jeunes, le Président Macky Sall leur a demandé de ne jamais douter et de s’inspirer des anciens, afin de construire leur propre avenir.
Avec la volonté et la persévérance, les jeunes peuvent faire reculer les frontières de l’impossible. C’est le message que le Chef de l’Etat leur a adressé hier, lors de la Grande rentrée citoyenne. Invité par les initiateurs à parler de son parcours aux jeunes, afin de les inciter à cultiver l’excellence, le Président Sall s’est montré docte, souvent pédagogue, pour délivrer son message. De prime abord, il a indiqué qu’il est difficile de comparer les époques. ‘’Le monde a changé. Alors, je voudrais vous dire simplement : soyez les contemporains de votre temps et construisez votre destin, en vous inspirant de vos anciens, du legs de vos parents. Mais, en tant que jeunes d’aujourd’hui, vivez votre époque’’, a-t-il dit.
Avec la génération actuelle et celle qui l’a précédée, être jeune, selon le chef de l’Etat, ‘’c’était la socialisation’’ par la famille d’abord, les parents, le quartier, et l’école où on se faisait des copains. ‘’La famille doit être toujours présente, un peu le quartier et les parents. A Dakar, malheureusement, nous vivons aujourd’hui comme en Europe, où même les voisins ne se connaissent pas. Ils ne se disent même pas bonjour. Ça, ce ne sont pas des qualités sénégalaises. Ce n’est pas une manière de vivre. Nous devons vivre nos valeurs, cultiver ces liens entre voisins, entre membres d’un même quartier, d’une même ville’’, a-t-il conseillé.
‘’Vos ambitions sont plus virtuelles’’
Le Président Sall de dire que les jeunes d’aujourd’hui sont ‘’des enfants d’un autre monde’’. ‘’Nous savions à peu près de quoi l’avenir serait fait dans notre génération. La vôtre est moins certaine, parce qu’elle a un accès, quasi illimité, à l’information, avec beaucoup de nouveaux métiers dans un monde globalisé. En réalité, vos ambitions sont plus virtuelles’’, a-t-il déclaré aux nombreux jeunes présents. Être jeune de nos jours, pour le chef de l’Etat, c’est ‘’affirmer résolument’’ qu’un autre monde est toujours possible. Qu’il est possible de ‘’plier le destin, à l’ordre de sa trêve’’, grâce à la volonté, à l’effort, à l’audace, et à la confiance en soi. Mais également, au courage de prendre des risques et à la capacité de chacun de posséder et d’exploiter, au maximum, ses potentialités.
D’ailleurs, sur la même lancée, l’initiatrice de la journée, Amy Sarr Fall, par ailleurs directrice de publication d’Intelligences Magazine, a invité les jeunes à faire un pacte avec eux-mêmes. ‘’Notre société, telle qu’elle est conçue aujourd’hui, n’a pas les moyens de bloquer vos rêves. Vous êtes les artisans de vos rêves avant d’être des chorégraphes de votre vie’’, a-t-elle affirmé.
‘’Je n’ai jamais douté de moi’’
‘’Je n’ai jamais douté de moi. Mon exemple n’est pas unique. Bien des jeunes de ma génération, issus de familles modestes, ont bravé les pressions de la vie pour se hisser, par l’effort et l’abnégation, aux plus hautes altitudes de la performance et de l’excellence’’, a confié le président de la République. Avant d’indiquer que ce n’est pas la peine de faire une course effrénée vers l’argent, l’avoir. ‘’La vie est une bataille constante pour bâtir un foyer solide où nous pouvons être libres et joyeux. Restez surtout à l’écoute de vos parents et développez à leur endroit le sens du respect. C’est ça les valeurs de l’Afrique. Croyez-en vous ; comptez sur votre propre force’’, a-t-il recommandé.
Ensuite, il a raconté comment il en est arrivé à intégrer Pétrosen, en 1991, après bien des déboires. ‘’J’ai grandi à Fatick, à Foudjiougne, au gré des affectations de mon père, au service de l’agriculture. Il était un agent de la catégorie la plus basse de la fonction publique’’. Après un Bac C (ndlr : série S1 aujourd’hui) au lycée Gaston Berger, devenu Valdiodio Ndiaye, il a été admis à l’Institut des Sciences et de la Terre, de la Faculté de Sciences de l’Université de Dakar. Malgré l’obtention d’un diplôme d’ingénieur géologue, à la fin de sa formation, ‘’j’ai aussi chômé’’, a-t-il révélé. D’autant que son projet d’aller en Italie faire son doctorat, dans le cadre de la coopération sénégalo-italienne, avec le projet appelé Comodity Aid, a capoté.
Il en a donné les raisons : ‘’Comme j’ai été, durant ma jeunesse, quelqu’un de dynamique, bouillant, qui faisait la grève, j’avais été sanctionné pour ne pas bénéficier de cette bourse. Je ne suis pas parti au dernier moment, parce que, j’ai manqué du respect à une autorité’’. ‘’Finalement, je ne suis pas parti. Je n’avais plus de bourse. Je n’avais ni soutien, ni possibilité de partir. Mais, dans la vie, il faut toujours garder espoir’’. Ainsi, ayant fait une connaissance fortuite, il décrocha un stage aux mines de Lam-Lam avec un salaire de 60.000 F CFA. Ensuite, après un retour à la Fac où il obtint un DEA en Hydrogéologie, le directeur de Pétrosen l’a recruté comme stagiaire. ‘’C’est comme ça que j’ai intégré la société en 1991 avec un premier salaire de 300.000 F CFA. L’aventure a commencé avec Petrosen où j’ai fait 10 ans’’.
Ainsi, aux yeux de Macky Sall, il appartient aux jeunes, et à eux seuls, de choisir leur projet de vie et de le construire. Evoquant le sage indien Mohandas Karamchand Gandhi, dans son allocution, le Président Sall a rappelé que le sentiment le plus néfaste, c’est l’envie. ‘’Ne soyez jamais envieux. Ne soyez pas jaloux pour ce qu’ont les autres. Le plus beau cadeau, c’est le pardon. Le sentiment le plus fort, c’est la paix intérieure. La plus grande protection, c’est l’optimisme. La plus grande satisfaction, c’est bien sûr la réalisation de vos rêves. Avec ces quelques notions, je crois que vous pourrez bâtir un ensemble de valeurs qui vous permettront de réaliser vos projets et de pouvoir être des fiertés du Sénégal de demain’’, leur a-t-il donné comme viatique.
En effet, l’idée des initiateurs de la journée, c’est de susciter chez les jeunes un nouveau rapport avec le réel, par la transmission du vécu de quelques ‘’valeureux aînés’’.