Il était initialement prévu une conférence de presse du jeune opposant (37 ans) gambien dans le salon d’honneur de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Elle s’est finalement tenue à l’entrée de cette infrastructure aéroportuaire, faute d’autorisation. Arrivé sur les lieux à 15 heures révolues, à bord d’un taxi, Cheikh Sidya Bayo était accompagné de sa garde rapprochée et de ses proches. Devant le parterre de journalistes, il a parlé de l’actualité de son pays et des relations sénégambiennes, avant de prendre congé du pays de la Teranga.
‘’Mon retour n’est pas conditionné’’
‘’J’ai mûrement réfléchi sur mon retour en Gambie. Il n’est pas conditionné. J’y vais en tant que fils du pays pour aider cet air démocratique qui y souffle et aider aussi la coalition qui a porté le Président Barrow au pouvoir. Je n’ai aucune ambition d’être dans le gouvernement. Aujourd’hui, je ne m’oppose plus à un régime politique en Gambie, mais j’y vais pour aider. Comme dirait Abdoulaye Wade, du temps de Senghor : ‘’je vais peut-être apporter une opposition de contribution’’. Elle sera quand même différente de celle que vous avez connue au Sénégal’’.
’’Unir les Gambiens’’
‘’La première chose est d’abord d’unir les Gambiens. On a besoin d’être uni autour d’un homme (Barrow). Il a réussi quelque chose d’immense, en unifiant par exemple les sept plus grands partis du pays. Il va falloir aussi tout de suite mettre en place une Commission de réconciliation pour se pardonner. Si on n’arrive pas à le faire, nous allons vers une crise non postélectorale, mais socio-ethnique. Et je ne veux pas que cela arrive en Gambie. Il y a une génération que Jammeh a laissée derrière lui : la jeunesse. Dans tout pays, elle demeure le socle de la nation. C’est pour cela que j’ai demandé le pardon et ça a surpris beaucoup de gens. Mais si on ne se pardonne pas, on ne réussira pas cette tâche immense qui nous attend.’’
‘’Créer une armée sénégambienne pour régler la crise casamançaise’’
‘’Je l’ai toujours dit, après je sais que je vais me faire des ennemis. Mais si on veut régler le conflit de la Casamance, et même voir plus loin, il faut qu’on crée une armée sénégambienne. Je ne sais pas quelles seraient les prémices de cette armée, mais je l’ai dit. Regardez aujourd’hui ce qui se passe : il y a 15 pays de la Cedeao et la Gambie est enclavée dans le Sénégal. Les forces du GIGN sénégalais sont là (en Gambie), sous ordre de la Cedeao. Il y a aussi des éléments de la BIP et des troupes sénégalaises présents aujourd’hui en Gambie. Je ne sais pas si on peut parler ‘’d’Opération Fodé Kaba 3’’, pour ceux qui connaissent l’histoire de la Sénégambie. Mais il va falloir aujourd’hui faire preuve d’audace. Je demande aux Présidents Sall et Barrow de penser à créer une armée sénégambienne. Nous en avons besoin pour plusieurs choses, pour calmer surtout les ardeurs du MFDC. Aujourd’hui, ce mouvement rebelle est moins fort. Et avec l’arrivée d’Adama Barrow au pouvoir face au départ de Yaya Jammeh, c’est aussi une aile du MFDC qui est affaiblie, celle de Salif Sadio notamment’’.