Les garde-côtes mauritaniens ont décidé de ne plus faire dans la dentelle. L’équipage d’une pirogue sénégalaise en a fait les frais, puisque les pêcheurs ont été fusillés comme des lapins. Trois sont blessés par balles dont un dans le coma. Des pirogues ont été saisies et leurs capitaines arrêtés.
Guet Ndar s’est réveillé hier dans la tristesse et la colère. Trois pêcheurs de ce quartier traditionnel de Saint-Louis ont été atteints par les balles des garde-côtes de la Mauritanie. La marine mauritanienne a tiré sur leur pirogue. L’un des pêcheurs a été atteint au cou. Depuis lors, il est plongé dans le coma. Ses deux collègues ont reçu des balles aux fesses. Selon les informations recueillies auprès du reste de l’équipage de la pirogue, les pêcheurs ont essuyé des tirs au moment où ils entraient dans la zone mauritanienne. « A peine avons-nous franchi leur territoire que les garde-côtes ont ouvert le feu sur nous, comme si nous étions des bandits. Ils n’ont même pas daigné faire des tirs de sommation », raconte Ibrahima Dièye, un des rescapés.
Rebroussant chemin aussi vite que possible, l’équipage indemne a acheminé les blessés aux urgences du centre hospitalier régional de Saint-Louis. Là, ils ont reçu les soins idoines. La nouvelle ayant fait le tour du quartier, c’est dans la douleur et l’inquiétude que les familles ont rallié l’établissement sanitaire, ruminant une colère noire contre la République Islamique de la Mauritanie. Devant cette situation, les sages de Guet Ndar interpellent l’Etat du Sénégal.
« On doit trouver des solutions, car il risque d’y avoir des morts la prochaine fois », alertent-ils. D’ailleurs, ils risquent de ne pas attendre longtemps pour enregistrer cette perte, puisque l’un des pêcheurs demeure dans le coma. Ces sages demandent l’intervention de la marine pour délimiter la frontière sénégalo-mauritanienne. « Nous ne cessons d’interpeller nos autorités sur cet état de fait. Mais, rien n’a été fait », regrette un sexagénaire trouvé devant la porte des urgences de l’hôpital de Saint-Louis. Il fait remarquer que les troupeaux des Mauritaniens divaguent sur les terres sénégalaises et ceci jusqu’à Louga sans être inquiétés.
Pirogues saisies, capitaines arrêtés
Au moment où il s’offusque des actes commis par les garde-côtes mauritaniens, son téléphone sonne. Au bout du fil, un membre de sa famille qui l’informe que les pirogues de Niasse, Sidy Ndiaye, Baye Seck, Rapaye et une autre ont été saisies en Mauritanie. Pire, les capitaines de ces embarcations ont été arrêtés et se trouvent entre les mains de la marine mauritanienne. Les autres membres des équipages sont au centre Mawiya ouvert pour les réfugiés. Et l’informateur de dire que ces pêcheurs arrêtés sont en train d’être refoulés en terre sénégalaise.