L’affaire relative au meurtre de Ndiaga Diouf survenu lors de l’attaque de la mairie de Mermoz Sacré cœur, le 22 décembre 2011, a été vidée hier, mercredi 25 janvier. À la barre du tribunal correctionnel, Abdoulaye Diène et ses amis Samba Diouf alias «Ndiol», Cheikh Diop, Seydina Omar Mangan, Checkiou Siby, poursuivis pour «association de malfaiteurs et participation à un rassemblement non autorisé et Barthélémy Dias et ses co-prévenus poursuivis également pour les faits de «détention illégale d’arme, coup et blessure volontaire et coup mortel » ont nié tous les charges.
C’est dans la salle 4 du Palais de justice de Dakar que s’est tenue hier, mercredi 25 janvier, l’audience du tribunal correctionnel consacrée à l’affaire du meurtre Ndiaga Diouf. Plusieurs personnalités politiques ont assisté à cette audience qui a démarré à 10 heures du matin pour finir tard dans la nuit. Il s’agit, entre autres, de Oumar Sarr, coordonnateur du Pds, Khalifa Sall, le député Thierno Boucom, Cheikh Gueye, maire de Dieuppeul-Derkle.
Premiers à prendre la parole devant la barre de ce tribunal, Abdoulaye Diène et ses amis Samba Diouf alias «Ndiol», Cheikh Diop, Seydina Omar Mangan, Checkiou Siby, poursuivis pour «association de malfaiteurs et participation à un rassemblement non autorisé», tout en confirmant leur appartenance au Parti démocratique sénégalais (Pds), ainsi que leur présence à la mairie de Mermoz au moment de l’incident, ont cependant tous nié les faits pour lesquels ils sont appelés à comparaître. Devant le juge Ndary Diop, Samba Diouf «Ndiol» soulignant être membre de la sécurité du Pds, a indiqué leur présence à la mairie de Mermoz Sacré cœur ce jour du 22 décembre 2011, s’inscrivait dans le cadre d’une mission de «sensibilisation» du maire socialiste suites à ses menaces contre le régime Pds notamment la tenue de son meeting.
«Ce jour-là, nous avons quitté le siège du Pds vers les coups de 11 heures à bord de cinq véhicules. Dans chaque véhicule, il y avait environs 8 personnes. Je voulais me rendre chez moi d’abord à Niary Tally mais, arrivé sur l’avenue Bourguiba, à hauteur de la mairie de Mermoz, on a eu un accrochage avec les partisans de Barthélémy Dias. Le défunt commissaire de police de Dieuppeul est arrivé pour nous demander de quitter les lieux. L’idée de cette mission de sensibilisation provient de Cheikh Mbackiou Siby. Il m’a exposé cette idée et je lui ai donné mon accord. Mais, en cours de route, Abdoulaye Diene nous a appelés pour nous dire de rebrousser chemin. Mais comme on se trouvait déjà sur l’avenue Bourguiba, tout près de la mairie, nous avons décidé de notre propre chef de continuer notre route dans la mesure où nous étions en mission de sensibilisation», déclare Samba Diouf «Ndiol». Prenant la parole à son tour, Cheikh Mbackiou Siby affirmant avoir recruté 25 jeunes qu’il a payés en raison de 10000f chacun pour aider les forces de l’ordre publiques dans la sécurisation des meetings du Pds, a indiqué que c’est lui qui était à la tête du commando qui a investi la mairie.
«Je n’ai informé aucun responsable du Pds sur cette mission mis à part de Ndiol. Je pensais que cela pouvait calmer la tension qu’on avait constatée suite aux menaces faites par Barthélémy Dias dans la presse pour la bonne tenue du meeting du Pds. C’est donc dans le but de calmer la tension qu’on était parti à la rencontre de Barthélémy dans sa mairie pour lui mettre en garde par rapport à la nécessité de cultiver la paix. J’ai recruté environ 25 jeunes qui sont payés en raison de 10000f chacun pour aider les forces de sécurité de l’État lors de ce meeting du Pds».
Confortant cette déclaration de Mbackiou relative au recrutement de gros bras chargés d’aider les forces publiques dans la sécurisation des rassemblements politiques du Pds, Seydina Omar Mangan déclare.«Je suis recruté par Siby mais j’ignorais notre destination. On nous a demandé d’embarquer dans les véhicules et c’est seulement sur les lieux que je me suis rendu compte qu’on était devant la mairie». Dernier à prendre la parole lors de cette audience, le Brigadier-chef de Police, Abdoulaye Diene. Se présentant comme agent de sécurité détaché à la garde rapprochée de l’ancien président de la République comme agent de liaison de la sécurité étatique et privé du Pds lors des rassemblements politiques du président Wade, a indiqué que c’est lui qui a mis à la disposition de Ndiol les clés des 5 véhicules qui ont servi à transporter les jeunes à la mairie de Mermoz. Toutefois, il a précisé qu’il n’était pas au courant de cette mission. Mais qu’il a été informé au téléphone par Ndiol, quand ils étaient tout près de la mairie. «Quand Ndiol m’a informé de cette mission, je les ai intimé l’ordre de rebrousser chemin mais ils ne l’ont pas fait».
Invités à leur tour à la barre de cette audience, Barthélémy Dias et ses co-prévenus ont eux aussi réfuté les faits de «détention illégale d’arme, coup et blessure volontaire et coup mortel et complicité de ces faits pour lesquels ils comparaissaient ». Interpellés tour à tour par le président du tribunal, le procureur de la République et les avocats aussi bien ceux de la défense que la partie civile sur ces événements du 22 décembre, Babacar Faye, Habib Dieng respectivement camarade de Parti et garde du corps de Dias fils, ont indiqué qu’ils n’avaient vu personne tomber sur les lieux. Mieux, ils estiment qu’il y’avait pas d’autres tireurs du côté de la mairie, mis à part Barthélémy Dias qui n’avait pas usé d’autre arme que celle réquisitionnée et mise sous scellée dont une seule est réelle et les deux autres factrices.
Prenant la parole, Barthélémy Dias a indiqué que la seule arme réelle qu’il détenait par devers lui et qu’il a remis aux enquêteurs avec ses deux chargeurs et des munitions, est un torus de 9 millimètres. Poursuivant ses propos suite aux questions de la cour, il a informé avoir mis à la disposition du juge d’instruction quelques mois après une autre arme à balle à plomb qui ne peut tuer personne. Interpellé par le président du tribunal sur les raisons qui l’ont amené à ne pas livrer cette troisième arme en même temps que les autres à la police, il s’est défendu en indiquant qu’il a pris cette décision parce qu’il ne faisait pas confiance aux autorités de l’époque qui l’avaient déjà condamné en commençant par l’ancien président de la République, son ancien ministre de l’intérieur et celui de la Justice.
Invités à la barre, les témoins Mamadou Moustapha Camara et Seynou Dieng respectivement ancien commandant, adjoint du commissaire de Dieuppeul et brigadier-chef de police à la retraite qui avaient accompagné le feu commissaire sur les lieux au moment de ces incidents, ont tous confirmé la présence des individus à bord de véhicules 4x4 aux abords de la mairie. Par ailleurs, soulignant tous qu’ils ont vu Dias fils tirer en direction de ces individus, ils précisent tout de même qu’ils n’avaient vu personne tomber sur le théâtre ni blessé encore moins de mort.
Il faut préciser dans cette affaire, l’arme incriminée par les experts balistiques est une arme à calibre 38.
PROCÈS DU MEURTRE NDIAGA DIOUF : Passe d’armes entre le procureur et Barthélémy Dias
L’incident est survenu au moment de l’audition de Barthélémy Dias par le procureur. Agacé par la démarche du maître des poursuites qui lui demandait de s’en tenir à répondre à sa question, en lui coupant la parole à chaque fois qu’il tente d’argumenter sa réponse, le maire de Mermoz-Sacré cœur a fini par sortir de sa réserve pour s’offusquer vivement de la façon dont le procureur lui adressait ses questions. Invité par le maître des poursuites à répondre par oui ou non à la question de savoir s’il était informé bien avant son arrivée à la mairie de la présence d’individus. Barthélémy Dias rétorque «vous ne pouvez pas me demander de répondre par oui ou non à vos questions. Je vous rappelle que je suis le principal agressé, mais aussi la personne visée dans cette affaire Donc, vous devez me laisser répondre paisiblement à vos questions». Le procureur coupe : «J’ai le droit le plus absolu de vous demander de répondre par oui ou non». Et Me El Diouf de dire : «Posez vos questions et arrêtez de chercher à massacrer mon client. Vous êtes une simple partie ordinaire de ce procès On peut vous récuser si on veut». «Il ne vous appartient pas de diriger la police de l’audience », rétorque pour sa part le procureur qui interpelle directement le président du tribunal sur l’attitude Dias fils.
Prenant la parole à son tour, Me Aïssata Tall Sall appelant au calme, a dénoncé l’attitude du parquet qui selon elle ne devait pas se comporter de la sorte avec leur client. Abondant dans le même sens, Me Demba Siré Bathily invite le président du tribunal à demander au procureur «d’arrêter de crier sur les gens».
«Je vous dis que les réactions spontanées, aucun juge ne peut les régler. Quand je parle d’avocat, l’avocat parle. Quand je parle, les autres parlent. Je ne crois pas aux incidents. Rien ne peut m’empêcher de continuer ce procès», martèle le président du tribunal correctionnel tout en invitant Barthélémy Dias à se limiter seulement à répondre aux questions si ce dernier ne lui laisse pas continuer, car, dit-il, «c’est lui qui pose des questions» «Avec tout le respect que je dois a la cour, je suis un prévenu agressé et accusé et non un écolier. Je ne peux répondre par oui ou non aux questions du procureur», riposte Barthélémy Dias. «Le procureur n’est pas le chef du tribunal. C’est vous le patron de cette cour. Le procureur a peur de laisser notre client développer parce qu’il a peur de ses réponses. Il a un mauvais dossier et il a peur d’être débouté», renchérit Me El Diouf.