La bataille larvée entre certaines figures phares de la coalition d’Adama Barrow est désormais un secret de polichinelle depuis ce dimanche, lorsque Mai Fatty, patron du parti GMC, estampillé conseiller spécial du nouveau leader gambien, a révélé à la presse que Yahya Jammeh est parti en exil avec un montant estimé au-delà de 11 millions de dollars US (7 milliards de F CFA). Et même si Mai Fatty réside en ce moment à Dakar avec le Président Barrow, ses sorties médiatiques sont souvent suivies d’occasions similaires à Banjul pour dire la version locale des faits.
C’est ainsi qu’avant-hier à Banjul, Halifa Sallah, leader du parti PDOIS, lui aussi membre de la coalition présidentielle et porte-parole officiel d’Adama Barrow, a raconté une toute autre version sur la question de l’argent que Jammeh aurait pu emporter avec lui, au moment de son départ en exil. Selon M. Sallah, aucune étude n’a encore étayé la thèse permettant de dire que Yahya Jammeh serait parti avec de l’argent des caisses de l’Etat, et encore moins, au point de pouvoir chiffrer les montants supposés avoir été volés. Halifa Sallah d’ajouter lors de cette conférence de presse que le véritable porte-parole du Président Adama Barrow, c’est lui (Halifa) et que les propos de Mai Fatty n’engagent que lui.
Au demeurant, la guerre en coulisses pour des postes dans le nouveau gouvernement irrite certains leaders de la coalition comme Amath Bah, le leader du parti NRP. Très hésitant à rejoindre la force principale de l’opposition, ce dernier est aujourd’hui accusé d’avoir très peu mouillé le maillot. Le patron du NRP, seul parti d’opposition à avoir un député à l’assemblée nationale gambienne, s’était terré à Bamako jusqu’à la dernière semaine de la campagne présidentielle. Son retour à Banjul à quelques jours du scrutin était déjà considéré par ses camarades de la coalition comme une démarche opportuniste. Mais dans le camp d’Amath Bah, l’on attend sa part du gâteau, car les militants du NRP disent avoir pesé de tout leur poids pour faire pencher la balance en faveur du Président Barrow. Les mêmes convictions habitent les partisans d’Omar OJ Jallow du parti PPP, ainsi que ceux des autres partis satellites de la coalition.